Voyage vers le Saguenay depuis Montréal
Ce trajet fournit les spectacles les plus agréables et les plus variés au touriste avide d’imprévu.
En partant de Montréal, c’est sur la rive gauche la grande métropole canadienne s’étageant sur le versant sud-est de son île, avec le Mont-Royal comme fond de scène.
Sur la rive droite, l’île Ste-Hélène, avec son parc Jean-Drapeau, et Longueuil, reliés à Montréal par le magnifique pont Jacques-Cartier, sous lequel passent les navires. C’est ensuite la campagne laurentienne, succession de villages, tous marqués par un clocher, reliés par des routes bordées de belles fermes. On aperçoit tout à coup Sorel à l’entrée du lac St-Pierre. C’est le site de l’ancien Fort Richelieu, érigé par les Français, à l’embouchure de la rivière du même nom, pour défendre leur colonie contre les Iroquois dont le Richelieu était la principale voie stratégique. À la sortie du lac St-Pierre, c’est la ville industrielle de Trois-Rivières, à l’embouchure du St-Maurice. C’est la deuxième ville fondée par les Français au Canada. Le pont Laviolette enjambe les rives du Saint-Laurent reliant la région de la Mauricie à celle du Centre-du-Québec.
Plus loin, comme on approche de Québec, les rives se resserrent, s’élèvent en falaises abruptes. Une dentelle d’acier s’étend là-bas d’une rive à l’autre à 150 pieds au-dessus de l’eau. C’est le pont de Québec. Au delà, sur la rive, Lévis sur sa falaise multicolore et sur la gauche accrochée au Cap Diamant, Québec, avec sa vieille citadelle, ses vieux remparts, son moderne Château Frontenac, sa curieuse physionomie d’ancienne ville française.
En quittant Québec, on voit le fleuve s’élargir dès que l’on dépasse la pointe du Cap Diamant. À l’aval, l’île d’Orléans barre l’horizon. Mais quand on a dépassé cette île, le spectacle s’est transformé. Le fleuve prend les proportions d’un bras de mer ; il a déjà cinq milles de largeur, il en aura plus de quinze à l’embouchure du Saguenay. Du côté nord, l’eau du fleuve baigne le pied des Laurentides, rochers sévères, caps altiers, au sommet desquels apparaît de temps en temps, un clocher de village ou une longue rangée de maisons espacées, bordant une route qui court entre de belles fermes. Du côté sud, une vaste plaine cultivée, semée de villages, et s’élevant en pente douce, jusqu’au pied des monts Notre-Dame.
Mais voici que le navire, qui s’est approché de la rivière du Loup, oriente sa proue vers le nord. Devant lui, une énorme tranchée s’ouvre dans la masse des Laurentides, il s’en approche, l’onde verte du St-Laurent devient brune tout à-coup, on entre dans les eaux du Saguenay. Puis, laissant à droite l’historique Tadoussac, premier en date des marchés aux fourrures de l’Amérique du Nord, et traversant un goulet, on voit s’ouvrir la sévère perspective du Saguenay. Et le bateau file sur l’eau sombre, entre deux falaises de granit, jusqu’au quai terminus de Bagotville au fond de la Baie des Ha ! Ha ! Ainsi nommée, disent quelques-uns, à cause de l’exclamation poussée par les matelots de Champlain quand ils la virent.
L’automobiliste qui voyage sur la rive sud du St-Laurent à l’aval de Québec, peut facilement atteindre le Saguenay en s’embarquant à bord d’un des traversiers que font des voyages réguliers à travers le fleuve.
Si vous choisissez de venir par la rive nord, vous traverse d’abord le quartier historique de Charlesbourg. Viennent ensuite Notre-Dame des Laurentides, le lac St-Charles, le lac Clément, Stoneham. Vous entrez en forêt et en montagne et finalement vous arrivez à Hébertville où vous atteignez la route qui contourne le lac St-Jean.
Si vous préférez prendre la route Québec-St-Siméon-Chicoutimi, vous longerez tout d’abord le St-Laurent, traversant des campagnes où fourmillent les souvenirs historiques ; des champs où les colons venus de France ont fait les premiers défrichements, et où les soldats de Montcalm et de Wolfe s’affrontèrent en 1759. La côte de Beaupré, si coquette avec ses vieilles maisons françaises, déroulera ses beautés à vos yeux. À St-Joachim vous laisserez la grève pour gagner la plaine qui couronne les montagnes riveraines du grand fleuve ; vous vous rapprocherez de celui-ci à Baie St-Paul pour le côtoyer de là jusqu’à St-Fidèle.
De St-Siméon, où l’on rejoint encore le St-Laurent, la route s’engage au cœurs des montagnes et remonte la rivière Noire, jusqu’aux sources du Petit Saguenay. On contourne alors le lac Déchène, on commence à descendre la vallée de cette rivière et voilà, le bassin du Saguenay est atteint. L’auto file tantôt au fond d’une vallée profondément encaissée, tantôt sur un plateau, ici parmi des fermes en pleine exploitation ou dans une rue de village, là au milieu des défrichements nouveaux des colons, ailleurs en pleine forêt.
Tout à-coup, quelque temps après avoir dépassé St-Félix d’Otis, du haut d’une côte vous apercevez à travers les arbres, une vaste plaine liquide encaissée de rochers. C’est la baie des Ha ! Ha ! Après une assez longue descente vous vous trouverez sur la grève, que la route suit maintenant sur une distance de quatre milles. Devant vous, au fond de la baie, se trouve l’agglomération urbaine formée par Grande-Baie, Port Alfred et Bagotville. Dès que vous les avez dépassées vous remontez sur le plateau où une route asphaltée vous conduit tout droit à Chicoutimi.
Notons que c’est également l’hydravion qui est pratique pour venir dans la région. Le Saguenay, le lac St-Jean, plusieurs rivières, comme Péribonca, Ashuapmouchouan, Mistassini, un grand nombre de lacs assez grands pour permettre d’amerrir et de décoller en toute sûreté, forment autant d’aéroports naturels dispersés dans toute la région, et fournissent un accès facile à des endroits qu’on ne pourra atteindre qu’après un long parcours en canot. Il existe un service d’avions entre la région du lac St-Jean et le district minier de Chibougamau. Quand le temps le permet, en hiver comme en été, plusieurs départs s’effectuent par jour de St-Félicien où stationnent les avions.
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