Les attraits régionaux de la rivière Moisie
Libre et sauvage, la rivière Moisie partage ses secrets avec les plus intrépides amants de la nature. Séduit par ses invitations, on se laisse entrâiner loin des routes et des sentiers battus, avide de conquérir, à la dure s’il le faut, les merveilles qu’elle cache au commun des mortels.
Le parcours de l’eau
Jaillissant des lacs à la tête du bassin, le cours supérieur de la Moisie s’élance à la rencontre de la rivière aux Pékans dont les eaux plongent d’une hauteur de plus de 140 mètres. Vivifiée, la Moisie se taille un passage dans le granite millénaire du Bouclier canadien, qu’elle éclabousse de bouillons blancs, frôle des falaises de plus de 500 mètres de hauteur, s’étrangle dans le canyons qui en rapproche les parois colossales à moins de 10 mètres l’une de l’autre. Emporté par sa propre gougue, le flot roule avec un débit moyen de plus de 400 mètres cube par seconde, de vallées en contreforts farouches, dévale une centaine de rapides d’une seule envolée comme s’il n’allait jamais s’arrêter. Cette rivière sauvage sinue dans le bassin supérieur de la Moisie.
Y a-t-il un moyen de voir cela de près? Oui, disent les braves qui ont fait le chemin avec elle sur un radau ou dans un kayak. Oui, pensent ceux qui ont choisi le confort relatif d’un avion ou d’un hélcoptère pour la contempler.
La faune et la flore
La renommée de la Moisie n’est plus à faire, elle a atteint un rayonnement international. L’envergure et la limpidité des eaux, le niveau de préservation de la flore et de la faune, en particulier la taille et la combativité des saumons, sont autant d’éléments qui la mettent en évidence.
Dans l’ensemble, le couvert végétal du bassin de la Moisie ressemble à celui de la réserve écologique de la Matamec, une rivière dont l’embouchure voisine avec celle de la Moisie dans la municipalité éponyme. Le paysage forestier domine sans équivoque à l’intérieur des terres; les tourbières et les affleurements rocheux infiltrent la plaine côtière et le plateau laurentien. Les sols minéraux sont recouverts de divers groupements dont les sapinières, pures ou en association avec l’épinette noire, les pessières noires à sapin, les tremblaies et, dans les lieux exposés aux vents, les forêts rabougries d’épinette noire ou de sapin. La flore régionale comprend environ 325 espèces végétales vasculaires et plus d’une centaine d’espèces de mousses et de lichens. On estime qu’au moins 25 espèces s,y développent à la limite septentrionale de leur répartition.
Une faune typique du milieu boréal prospère dans le bassin; la loutre, le renard, le rat musque, l’ours noir, l’orignal et le castor représentent les espèces les plus répandues. La rivière abrite une douzaine d’espèces de poissons typiques des bassins hydrographiques de la Côte-Nord : le saumon, l’omble de fontaine, l’omble chevalier, le touladi (la truite grise se nomme aussi touladi), le meunier noir, le meunier rouge, le gaspereau, la lamproie marine, la lotte, le grand brochet, l’épinoche à trois épines et l’anguille d’Amérique.
(Source : Rivières du Québec, Découverte d’une richesse patrimoniale et naturelle. Par Annie Mercier et Jean-François Hamel. Les éditions de l’Homme, une division du groupe Sogides).
La descente de la Moisie
Appréciée à l’échelle de l’Amérique pour son caractère rude et sauvage, la Moisie est surnommée la Nahanni de l’est par les amateurs. Ses flots puissants, ses canyons et ses falaises en font un lieu d’affrontement et de sensations fortes. Les longues excursions en canot-camping ou en kayak sont privilégiées, faute d’accès commodes qui permettraient de les fréquenter; toutefois divers parcours sportifs de courte durée sont offerts par des entreprises spécialisées.
Ceux qui descendent la rivière Moisie de haut en bas jugent l’expédition ardue, surtout pendant les crues printanières qui gonflent ses rapides. On a classé ces rapides de niveau I à IV avec prédominance des classes II et III. Le nombre et la difficulté des portages, concentrés surtout dans la partie supérieure, varient en fonction du débit. Certains abordent la Moisie par les rivières aux Pékans ou Nipissis; cetx qui choisissent la descente complète commencent le voyage dans la chaîne de lacs au nord-est de Labrador City. On compte au moins une vingtaine de jours pour atteindre le site et effectuer cette descente de quelque 400 kilomètres. L’expédition, normalement réservée aux adeptes expérimentés, comprend des passages plats et calmes émaillés de multiples difficultés : rapides, contre-courants, tourbillons et virages serrés.
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