Manawan

Communauté atikamekw de Manawan

Située en Haute-Matawinie, à quelque 72 kilomètres au nord-ouest de Saint-Michel-des-Saints, la communauté atikamekw de Manawan tire son nom de la rivière Manouane (en atikamek Manawan sipi) dont les sources se trouvent à proximité. Sa localisation sur la rive du lac Métabeskéga explique sans doute l’appellation d’origine Metapeckeka, qu’on retrouve dans des documents datant du milieu du XIXe siècle.

La réserve couvre une superficie de 7,7. Jusqu’en 1991, la communauté portait le nom de Manouane, mais l’orthographe en atikamekw standardisée est Manawan.

Metapeckeka est un mot de langue atikamekw qui signifie « savane qui sort d’une baie » et pourrait s’expliquer par le fait que le lac était souvent parsemé d’îles flottantes formées de matériaux végétaux que les vents détachaient des rives. Manawan, pour sa part, dans la même langue signifie « lieu où l’on ramasse des œufs ». Il semble que déjà en 1850, Manouane (Manawan) était le lieu de rassemblement de familles venues de Weymontachie. De là, les groupes se séparaient à nouveau pour rejoindre chacun son territoire de chasse hivernal.

L’arrivée de compagnies forestières, vers 1870, amène la sédentarisation de quelques familles sur le site. La Compagnie de la Baie d’Hudson s’y installe en 1871 et une réserve indienne est officiellement créée le 29 août 1906. Une exploitation forestière sans cesse croissante et la construction de grands barrages provoqueront, dans les années 1950, une sédentarisation encore plus grande. Le village prend alors de plus en plus d’importance et revêt l’allure qu’il conserve aujourd’hui. Relié depuis 1973 à Saint-Michel-des-Saints par la route, Manawan se retrouve ainis désenclavé mais par le fait soumis de façon plus sensible aux influences méridionales.

Notons également que quelques autres toponymes québécois, de langue montagnaise ou crie ceux-là, remontent à la même origine. Un affluent de la Péribonka et le lac qui en constitue la source portent en effet le nom de Manouane. La rivière Kanaaupscow, affluent de la Grande-Rivière qui se jette dans la baie James, a aussi déjà porté le nom de Maniwan et, phénomène intéressant, deux des nappes d’eau qui l’alimentent s’appellent Lac Wawa et Lac des œufs. Le lac Ossokomanuan, en territoire terre-neuvien, identifie Assikomanuan sur une carte de 1873 décrivant les explorations du père Babel y est aussi accompagné de la mention « lac aux nids de Betci » (pour Becs-Scie) ; dans ce cas, on est donc passé de l’œuf au nid. Enfin, l’île Manowin, de l’archipel des Sept-Îles, tirerait son origine du même phénomène.

Rivière et lac Manouane

Comportant de nombreuses îles et presqu’îles, le lac Manouane s’étend sur 461 km2 de superficie, à environ 250 km au nord de Chicoutimi. Son pourtour de plus de 420 km est ponctué de plusieurs baies amples et profondes : baie des Mauves, du Portage, Bellevue, Nouvelle, Surprenante, du Mica. Cette dernière doit son nom à la présence de ce minerai découvert dans ces parages.

Le lac Manouane est alimenté par plusieurs cours d’eau, par la rivière des Montagnes Blanches notamment. Le lac se décharge ensiote dans la rivière Manouane, l’un des principaux affluents de la rivière Péribonka, en traversant plusieurs lacs : Opitoune, Opitounis, Otapoco, de Raccourci. La surface de ce plan d’eau est augmentée de 25% à la suite de rehaussement du niveau des eaux causé par la construction de barrages à sa tête et à sa décharge en 1940-1941. L’un de ces ouvrages, tout en bois, est le plus long du genre au Québec avec plus de 500 mètres. Cet aménagement avait pour but de créer un réservoir pour les centrales hydroélectriques situées en aval, sur la rivière Péribonka. La désignation du lac a ét officiellement adoptée en 1945 mais on retrouve ce nom sur une carte de 1705 sous la forme Manouan. Plusieurs graphies ont eu cours pour ce toponyme : Manouan, Manowan, Manuan. L’appellation est d’origine montagnaise, Manauan Shakaikan signifiant « lac où on ramasse les œufs ». Ce serait un dérivé de « manneu, il s’enlève à la main, de uau, œuf, et de shkaikan, lac ». Il s’agirait d’une coutume des Montagnais d’aller lever les œufs des oiseaux dans les îles et sur les rivages de ce lac.

Rivière Ruban

Affluent de la rivière Manouane dans laquelle elle se déverse à 2 km en amont de sa confluence avec le Saint-Maurice, la rivière Ruban a une longueur d’environ 60 km. Elle se caractérise par un cours particulièrement tortueux et par la présence de nombreux rapides. Tirant sa source du lac du même nom ayant une superficie de près de 4 km2, dans le canton de Suzor, elle coule en direction sud sur 8 km puis, se faufile vers l’est sur 20 km en formant au passage les lacs Letondal et Capimit. Elle remonte ensuite vers le nord-est sur 20 km avant de redescendre jusqu’à son embouchure, 12 km au sud-est.

Le toponyme, d’origine métaphorique, a été attribué à cette rivière étroite parce qu’elle se déroule en ruban. Chez les Attikameks, on la désignait Deliban Sipi, ce qui veut dire « rivière ruban ». Dans son témoignage à la Chambre d’assemblée du Bas-Canada, en 1823, l’explorateur François Verreault mentionne « la Rivière Caribash (du Ruban) en Haute-Mauricie. » Les éditions de 1914 et de 1925 du « Dictionnaire des rivières et lacs de la province de Québec » citent la forme actuelle de la rivière Ruban, alors qu’en 1916, la « Nomenclature des noms géographiques de la province de Québec » précise que « Le Bureau géographique d’Ottawa n’admet jusqu’ici que la forme anglaise, Ribbon river ».

Voir aussi :

Paysage dans les environs de Manawan. Source de l'image : Site Web de la communauté - manawan.com.
Paysage dans les environs de Manawan. Source de l’image : Site Web de la communauté – manawan.com.

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