
Réserve amérindienne de La Romaine
(Unamen Shipu)
La réserve amérindienne de La Romaine, située près de l’embouchure de la rivière Romaine ou Olomane, dans la région administrative de la Côte-Nord, a trois noms différents. En effet, les francophones le nomment La Romaine, un curé oblat l’a baptisé Gethsémani et les Innus l’appellent Unamen Shipu. Cependant, même l’appellation française La Romaine dérive du vocable innu olomane ou oromane, signifiant ocre rouge, ce qui fait allusion à la couleur rougeâtre des eaux de ruissellement du printemps.
La Romaine compte une population d’environ mille résidents.
L’histoire moderne de la communauté débute à l’aube du XVIIIe siècle, notamment en 1710, au moment que les Français ouvrent un poste de pêche et de traite à l’embouchure de la rivière. Ce poste devient alors un lieu de rencontre pour les Européens plus sédentaires de la Côte et les Innus nomades. Après la Conquête des marchands britanniques s’y établissent. Ainsi, en 1780, le comptoir est occupé par la Labrador Company, puis par la Compagnie de la Baie d’Hudson, à partir de 1822.
Au XIXe siècle, de plus en plus de Canadiens français s’installent à La Romaine lors de la fermeture de plusieurs petits comptoirs. Au long des années le nom de la communauté change : Fort Romaine, Olomanshibu, Olomenachibou, Ulimine, Ouromane, Olomanoshibou, Olomano, Romaine, La Romaine, Grande-Romaine, Gethsémani-d’Olumen, Gethsémani, Uanaman Hipiht, Ulamen Shipit, Ulaman Shipu.
Le 31 mai 1956, la réserve innue y est constituée officiellement. À partir des années 1950 et jusqu’à sa mort en 1992, le Père Alexis Joveneau, oblat belge, vécut à La Romaine où il se fit le promoteur des traditions innues et contribua au développement de l’infrastructure communautaire et à la construction des maisons.
Plusieurs résidents de la Romaine travaillent dans l’industrie de la pêche au homard et dans les camps privés de pêche sportive. Les Innus de la Basse-Côte-Nord ont pourtant maintenu leurs habitudes nomades. À la fin de l’été, ils quittent la côte et remontent la rivière en leurs canots d’écorce pour y chasser et pêcher pendant l’hiver. En mai, ils redescendent la rivière vers la côte, où ils chassent les oiseaux de mer, cueillent leurs œufs et pêchent. Ils sont des derniers groupes d’autochtones nomades en Amérique du Nord et ils sont connus pour leurs canots d’écorce et leurs déplacements en raquettes.
Des attraits de la communauté, on peut citer l’église catholique romaine Marie Reine-des-Indiens qui abrite un autel inusité fait en peau de caribou, belle intégration de la culture catholique et de la culture innue.
En été, on peut y observer des baleines, faire des excursions en bateau ou en kayak de mer, ainsi que du camping sauvage. La pêche au saumon y est magnifique. Les amateurs de VTT peuvent profiter d’un réseau de routes. En hiver, on peut faire du ski de fond, de la pêche de glace, de la motoneige…
On peut visiter les îles avoisinantes pour y observer les oiseaux et cueillir des petits fruits ou baies.
Située à l’est de la communauté, l’île à la Brume abrite un refuge d’oiseaux migrateurs, dont l’eider à duvet, le goéland argenté, le goéland à bec cerclé et le goéland à manteau noir nichent ici. Notons en passant qu’à l’est de La Romaine, la physionomie du paysage change et les tourbières laissent la place au sol rocheux qui nous annonce la toundra.
La Romaine est située à environ 400 kilomètres à l’Est de Sept-Îles, en Basse-Côte-Nord.
Historique de la réserve indienne La Romaine
À 400 km à l’est de Sept-Îles, en basse-Côte-Nord, se trouve la réserve indienne de La Romaine qui a légalement vu le jour en 1956. Son histoire est cependant beaucoup plus ancienne, car de temps immémoriaux les Ulaman-shipiulnt (Romaine est une adaptation française du nom Ulaman) ou « peuple de la rivière de l’ocre rouge » s’y retrouvaient durant l’été après avoir abandonné temporairement leurs quartiers d’hiver de l’arrière-pays.
La création, par les Français, d’un poste de pêche et de traite à l’embouchure de la rivière Olomane vers 1710 devait cependant établir le cadre des relations avec les Blancs et asseoir les bases de la sédentarisation plus poussée que connaîtront les Montagnais au XXe siècle. Ce comptoir sera occupé par la Labrador Company en 1780, puis par la Compagnie de la Baie d’Hudson, à partir de 1822 ; il fut abandonné en 1925. On retrouve depuis cette époque le nom présenté sous de multiples formes : Fort Romaine, Olomanshibu, Olomenachibou, Ulimine, Ouromane, Olomanoshibon, Olomano, Romaine, La Romaine, Grande-Romaine, Gethésmani-d-Olumen, Gethsémani, Uanaman Hipiht, Ulamen Shipit, Ulaman Shipu.
Ces variantes s’appliquent tantôt à l’ancien poste, tantôt au village ou à la réserve, tantôt à la rivière qui coule dans son voisinage. Le village blanc voisin porte quant à lui le nom de La Romaine exclusivement. Gethsémani ne s’applique qu’au bureau de poste qui dessert les lieux depuis 1886. Malgré cette multitude de formes, le toponyme n’en provient pas moins, mis à part Gethsémani, d’une même source (Unaman Shipu) dont la signification fait presque l’unanimité des auteurs. Tous s’entendent en effet pour lui donner le sens de « rivière du vermillon, de l’ocre rouge », des dépôts de cette matière se retrouvant sur les bords de la rivière.

Village de La Romaine, vu des hauteurs boisées situées en arrière. Auteur de la photographie : Pierre-Olivier Combelles
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