
Historique de la municipalité de Blanc-Sablon
Située sur la Basse-Côte-Nord, cette municipalité, qui occupe l’extrémité est de la région nord-côtière, voit son territoire enclos en partie dans le canton de Brest et en partie dans celui d’Archipel-de-Blanc-Sablon. Distante d’environ 50 kilomètres de Vieux-Fort et accessible seulement par avion ou par bateau, elle est bornée à l’ouest par le canton de Phélypeaux et à l’est par Terre-Neuve, on considère cet endroit comme la véritable plaque tournante reliant le Québec, le Labrador et Terre-Neuve.
Ce territoire de près de 880 kilomètres carrés comprend notamment les îles du Bassin, aux Perroquets, au Bois et Greenly, à l’entrée du détroit de Belle Isle.
Si Blanc-Sablon voit le jour à titre de municipalité au début de 1990, dans le cadre de l’application de la loi de 1988 sur la réorganisation municipale du territoire de la municipalité de Côte-Nord-du-Golfe-Saint-Laurent, entité à laquelle elle avait été rattachée en 1963, les lieux sont connus depuis fort longtemps. En effet, des fouilles archéologiques prouvent la présence des Européens et cet endroit dès les XVIe et XVIIe siècles, les Basques et les Portugais notamment venant y pratique la pêche à ce moment.
D’ailleurs, Jacques Cartier dans sa Relation de 1534 mentionne Blanc-Sablon et, à l’occasion de ce voyage, plante une croix près de la localité de Lourdes-de-Blanc-Sablon. En 1579, le capitaine basque Martin de Hoyatsabal signale la forme Beaulsablon : « Item de lieu fort (Forteau, à l’est de Blanc-Sablon) jusqu’à Beaulsablon y a 3 lieues ».
En 1704, Augustin Le Gardeur de Courtemanche fera ériger en cet endroit, à Brador plus précisément, le fort Pontchartrain. Ainsi, jadis, Blanc-Sablon et sa périphérie connurent des activités tant militaires que maritimes. Lors de son voyage sur la Côte-Nord en 1858, l’abbé J.-B.-A. Ferland a laissé une description des lieux et avancé une explication quant à l’origine de la dénomination. Il y voit une forme archaïque évoquant les sables blancs d’une rivière, peut-être ceux de la rivière Brador qui coule sur le territoire car « sablon » diminutif de « sable », s’utilise habituellement lorsqu’on est en présence de sable fin. Toutefois l’hypothèse de Ferland est contestée, car la plupart des villages environnants sont situés à l’embouchure de rivières et le sable d’érosion et d’alluvionnement y présente le même aspect.
La nature sablonneuse du terrain pourrait toutefois constituer aussi un élément important. Il demeure en outre possible que des pêcheurs bretons ou malouins aient adopté l’appellation Baie (de) Sablon qui avait cours à une époque ancienne en Bretagne, s’inspirant peut-être de la topographie environnante comme ils l’avaient fait chez eux. Or, il existe précisément à Saint-Malo une anse des Blancs-Sablons, située au sud-ouest, près de Saint-Servan.
Au XIXe siècle, on relève la forme plurielle Blancs-Sablons de façon assez constante pour identifier ces lieux qui ont formé la limite orientale du Bas-Canada. De nos jours, divers lieux de France sont identifiés Sablon ou Les Sablons en Indre, en Maine-et-Loire, en Gironde, en Isère, en Allier et dans les Hauts-de-Seine.
Au Québec, le mot Sablon entre également dans l’identification d’un archipel, d’une chute, d’une baie, d’un lac, d’un pont et d,une rivière notamment. Sur le plan religieux, une mission est implantée à cet endroit en 1858 sous la dénomination de Longue-Pointe-de-Blanc-Sablon et prendra celle de Lourdes-de-Blanc-SAblon ou Notre-Dame-de-Lourdes à la fin du XIXe siècle, probablement inspirée de celle du bureau de poste ouvert en 1884.
Constituée par suite de la fusion des villages de Lourdes-de-Blanc-Sablon, de Blanc-Sablon et de Brador, la municipalité actuelle compte une population majoritairement de langue anglaise. Les Blanc-Sablonnais tirent leur subsistance traditionnellement des fruits de la mer et forment l’une des communautés les plus importantes de la Basse-Côte-Nord avec plus de 1 300 membres.
Note : L’érosion est l’usure des formes du relief. Ses causes ou agents sont multiples : l’eau, la glace, le gel, le vent, l’air, le sable, les minéraux contenus dans l’eau, des végétaux, l’action de la tectonique, des animaux ou des hommes. L’érosion terrestre s’exerce à l’échelle du temps géologique, donc sur de très longues périodes du temps. Au fil des temps, l’érosion creuse des gorges et des vallées, aplanit des montagnes, détruit des falaises et des routes, fait apparaître des îles et des plages. Ses effets peuvent être spectaculaires ou peuvent être à peine perceptibles.
Hameau de Brador
Connu au XVIIIe siècle sous les noms de Fort-Pontchartrain et de Baie-Phélipeaux, le hameau de Brador, blotti sur la rive orientale de la baie du même nom, est compris dans la municipalité de Blanc-SAblon, sur la Basses-Côte-Nord. Il est situé à 7 km au nord du village de Lourdes-de-Blanc-Sablon et à 8 km à l’ouest du tracé Québec-Terre-Neuve. Le nom Brador est la forme tronquée de Labrador ; il y a eu amputation de la syllabe « la » de ce toponyme parce qu’elle a été prise pour un article. Cette forme graphique séparée de son premier élément est apparue très tôt dans les documents. Samuel de Champlain, par exemple, écrit tantôt « la Brador », tantôt « Labrador ». François Martel de Brouague, commandant pour le roi de cette région de 1714 à 1760 signe ses mémoires à cet endroit dont plusieurs se terminent ainsi : « À la Baie de Phélipeaux, côte de Brador ».
Canton de Brouague
Le nom de ce canton reprend celui de François Martel de Brouague, né à Québec en 1692 et décédé probablement en 1761, commandant de la baie Phélypeaux (Brador) de 1718 à 1760, successeur de son beau-père Augustin Le Gardeur de Courtemanche. Son commandement, comme celui de Courtemanche, s’étendant à toute la côte du La du Labrador, même si la concession était à la baie Phélypeaux. Au début, Martel gérait la concession de Brador pour sa mère et ses sœurs, qui avaient hérité de Courtemanche, comme lui d’ailleurs. Comme représentant de l’autorité royale, il devait en outre rendre justice et défendre le poste contre les incursions des Esquimaux. Cette appellation de Brouague est d’autant plus pertinente que le canton ne se trouve qu’à une soixantaine de kilomètres de la baie de Brador. Il est inhabité, de relief plutôt bas, et caractérisé par la présence de plusieurs îles et îlots distribués sur son front. Le toponyme Brouague se trouve sur la carte régionale de La Côte-Nord du golfe Saint-Laurent (1913). Variante : Brouague. Proclamé en 1907.

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