Destination touristique : Village cri Oujé-Bougoumou
Situé sur la rive nord du lac Opémisca, à 30 kilomètres au nord de Chapais et à 55 kilomètres à l’ouest de Chibougamau, dans la région administrative du Nord-du-Québec, Oujé-Bougoumou est le dernier-né des villages amérindiens du Québec.
Le nom de ce village, comme son histoire, sont intimement liés à Chibougamau. Les Cris qui composent sa population ont longtemps été rattachés à la bande de Mistassini, malgré le fait que quelques familles avaient déjà leur territoire de chasse à proximité du lac Chibougamau et dans sa région environnante, dont le lac Opémisca, depuis une époque ancienne. En témoigne la présence, entre 1815 et 1822, d’un poste de traite de la Compagnie de la Baie d’Hudson (Rush Lake Post), au lac Chevrillon actuel, sur le cours de la rivière Chibougamau.
L’arrivée de prospecteurs au début du XXe siècle et l’établissement d’un poste de la Compagnie du lac Chibougamau, attirent des familles cries, de Mistassini surtout, en nombre suffisant pour qu’en 1924 on commence à parler de la bande de Chibougamau. En 1929,la compagnie établit son poste à la péninsule Gouin, entraînant avec elle les familles cries.
La fermeture du poste, en 1942, et le regroupement des activités commerciales de la compagnie à Mistassini, obligent temporairement les Cris de Chibougamau à se déplacer vers ce poste. Mais la prospection minière contrebalance cet exode et bon nombre de familles reviennent à Chibougamau. On les retrouve alors surtout au lac aux Dérés, voisin immédiat du lac Chibougamau, à la baie Cedar et à l’île Hamel. En 1952, la bande entière se retrouve à la pointe Marécageuse, puis, en 1962, à la baie Cachée où ses membres tentent de se faire reconnaître comme réserve. Le ministère des Affaires indiennes les incite plutôt, encore une fois, à se regrouper à Mistissini.
En 1974, les dernières familles quittent le lac aux Dorés et les maisons sont démolies, mais peu se rendent à Mistassini. Elles s’intègrent plutôt aux communautés blanches de Chibougamau et de Chapais, ou s’installent à demeure sur leur territoire de chasse tout en poursuivant leurs démarches visant la création d’une réserve et la reconnaissance officielle de leur bande.
Oujé-Bougoumau devait concrétiser l’aboutissement de ces démarches. Oujé-Bougoumou et Chibougamau sont deux toponymes ayant la même origine. La mention la plus ancienne relevée est sans doute celle de James Clouston, qui identifie la Capacomou River sur une carte de 1816. En 1831, l’arpenteur Joseph Bouchette utilise Utsissagomo et Vomiting Lake pour désigner l’étendue d’eau. Curieusement, « il vomit » se traduit par « pakomo » en langue crieé La variante anglaise de Bouchette se rapproche donc de celle, en cri, de Clouston à laquelle est ajoutée la syllabe initiale « ka », celui qui.
De nombreuses interprétations ont par ailleurs été avancées pour expliquer le toponyme Chibougamau : lac traversé de bord en bord par une rivière ; lieu de rendez-vous, c’est-à-dire, lieu où se rencontrent les tribus ; lac passe à travers, c’est-à-dire, coupe la rivière ; l’eau s’arrête ou grande étendue d’eau bloquée. Ce dernier sens serait, d’une part, lié au fait que la décharge du lac étant si étroite, l’eau semble bloquée avant son évacuation.
Une interprétation récente veut, d’autre part, qu’au temps des grandes chasses de caribous, les Cris élevaient de longues clôtures à certains endroits du lac pour y repousser les cervidés et les abattre ; ils fermaient ainsi le lac..