Ruée vers l’or près de Québec

Une ruée vers l’or éclate dans la région de Québec

Les premiers signes d’une ruée vers l’or se manifestent dans une petite paroisse paisible qui pourrait bien devenir un nouveau Klondike. À la suite de travaux qui se poursuivent fébrilement depuis un an, on a découvert de ce précieux métal à Saint-Fabien-de-Panet, dans le comté de Montmagny, près de Québec. Et, depuis, l’on se bat pour prendre possession des rares terrains encore disponibles près de la mine où chacun espère trouver la fortune.

La société Eastern Metals ne ménage rien pour trouver le filon magique. Les recherches qu’elle a entreprises lui coûtent, à ce jour, la jolie somme de $400,000. Elles ont permis d’extraire du sol de l’or, du nickel, du cuivre et d’autres métaux, mais les analyses faites au laboratoire ne justifient pas encore de crier au miracle.

Il est sûr, cependant, que des travaux d’exploitation seront mis en marche si les résultats des recherches se précisent dans le sens que l’on espère.

Un rêve incroyable

Pour le moment, la population vit un rêve auquel elle n’aurait jamais cru. Les pionniers de la région n’avaient aucune connaissance de la minéralogie, mais ils répétèrent souvent que des mines existaient dans ces parages. Personne, bien sûr, n’’ajoutait foi à leurs prétentions. Ce n’est qu’en 1951 que quelques prospecteurs, après de prometteurs travaux de creusage, ont réussi à intéresser des compagnies minières au projet de recherches sérieuses.

En 1952, la paroisse de Saint-Fabien s’est transformée en un vaste chantier où mugissaient de puissantes machines et des appareils compliqués. On n’avait jamais vu ça dans le patelin. Des hommes ont escaladé des rochers, sont descendus au-fond des dépressions du sol pour mesurer, ont cassé des cailloux, brisé la quartz en éclats. Quelques-uns ont même rempli d’échantillons plusieurs des petits sacs qu’ils avaient emportés, en ayant l’air d’avoir trouvé le remède à tous les maux.

Tombés du ciel

La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre. Par la suite, de nombreux prospecteurs sont arrivés dans la région, comme tombés du ciel, pour se mettre à la recherche du précieux métal.

Partout, dans le comté de Montmagny, on parlait, les yeux brillants comme un diamant, de l’ouverture d’une mine à Saint-Fabien-de-Panet. Les terres, les moindres parcelles de sol du village, et jusqu’à Saint-Magloire, ont soudain acquis une valeur insoupçonnée. Tout le monde se précipitait dans ce nouveau paradis terrestre, dans l’espoir d’y avoir sa part de manne.

La société Eastern Metals a aussitôt mis en train des travaux d’envergure. Une nouvelle route s’est ouverte, comme par enchantement, dans le quatrième rang de Saint-Fabien, et l’on songe déjà à la recouvrir de bitume. Déchaînés par le « veau d’or », les hommes ont abattu des pans de forêt pour atteindre la source des richesses.

Il y a maintenant, au centre de la forêt, un immense bâtiment qui sert d’entrepôt et de bureaux.

On entend à tout instant du jour et de la nuit le bruit inquiétant d’un compresseur. On aperçoit des constructions de tous genres, qui poussent comme des champignons, et des échafaudages qui montent en flèche. Puis, le regard découvre un grand carré de béton; sous lequel les travaux de creusage s’effectuent: c’est le puits de la mine, la bouche qui vomit le trésor de la terre. Ce puits comprend trois compartiments: deux sont munis d’un ascenseur et le troisième tient lieu de voie d’évacuation.

Deux équipes de travailleurs exécutent le creusage, douze heures par jour. À l’heure actuelle, ils sont à une centaine de pieds sous la surface de la terre. Ce n’est là que le dixième de l’objectif, car il leur faudra descendre jusqu’à une profondeur de 1,000 pieds. La terre est généreuse, mais elle cache ses trésors au plus profond de ses entrailles.

On imagine que cette chasse à l’or procure à Saint-Fabien et aux paroisses du haut du comté de Montmagny une prospérité que l’on se plaît à qualifier de providentielle. La société Eastern Metals projette pour bientôt l‘aménagement de bâtisses modernes, où les employés trouveront logement nourriture et vêtement.

Tout cela coûte les yeux de la tête. Dans la salle d’échantillons, des cylindres de pierre polie reposent sur des tables. On les a arrachés au sol au moyen de la foreuse à diamant. Chaque pied de cylindre, estime-t-on, coûte as moins $5, et l’on en compte déjà près de 50.000 pieds! continuera à en recueillir jusqu’au jour où l’on sera fixé sur la richesse du sous-sol.

C’est alors seulement que l’en saura si cette course au trésor n’aura été qu’une autre chimère.

(Cette nouvelle date du 25 janvier 1953, article publié dans le journal hebdomadaire Le Petit Journal).

« Suicide. On ne voit rien du tombeau, des horreurs de la mort, mais on a le désir infini de se mêler à la tristesse attirante des choses. » (Jules Renard, écrivain français né en 1864 et décédé en 1910). Le suicide est la pire solution de vos problèmes. Photo : Megan Jorgensen.
Espoir sans espoir. Photo : Megan Jorgensen.

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