Naufrage de la goélette Saint-Laurent

Naufrage de la goélette Le Saint-Laurent : L’île d’Orléans en deuil

Au mois de septembre 1839, la goélette Saint-Laurent, numéro 28, quitte les environs de Québec et direction du golfe avec, à son bord, des pilotes qui se rendent au-devant des navires arrivant d’Europe. Six apprentis et deux hommes d’équipage accompagnent les treize pilotes. La navigation en direction de l’embouchure du Saint-Laurent n’offre pour ces hommes aucun risque particulier. Pourtant soudain, les 26 et 27 septembre, l’ouragan s’empare de la goélette, la renverse, noyant, croit-on, tous ses passagers.

Deux mois plus tard, la Gazette de Québec et l’Aurore des Canadas s’adressent au public au nom des familles des victimes. Sans nouvelle du vaisseau, on ose maintenant conclure à leur disparition définitive. On donne de la Saint-Laurent, une description permettant de l’identifier si on la découvre échouée sur une berge : « La goélette portait sur la misaine et les côtes #28, et sur l’arrière La Saint-Laurent, la grande voile ayant été trouée par le feu, il s’y trouve au bas une pièce d’environ 8 pouces carrés. »

La seule charité sollicitée par les familles éprouvées est des plus humbles : qu’on fasse donner une sépulture ecclésiastique aux dépouilles et qu’on dresse ensuite un procès-verbal signé par le missionnaire catholique. « Tous frais et dépens justes et raisonnables seront remboursés avec gratitude le plus promptement possible. »

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Pour faciliter l’identification des hommes, on décrit leur vêtement. La plupart « portaient des pantalons et des gilets de drap bleu, ou de patent-cloth; quelques-uns avaient des pantalons d’étoffe grise. » Puis, pour chacun d’eux, suit une description plus détaillée, semblable à celle donnée par François Dupuy, « âgé de 45 ans, taille moyenne, teint brun, marqué de la petite vérole. Très probablement, médaille au col et chapelet dans les poches, montre sans boîtier. »

Tous les pilotes portent sur eux, généralement autour du cou, une médaille ainsi qu’un chapelet ou un reliquaire. Laurent Paquet, « teint blanc, cheveux rouges » avait sur lui une montre, « chaîne de cheveux, garde d’argent, médaille, reliquaire au col, croix empreinte sur le bras. » De Saint-Jean, île d’Orléans, les disparus mariés sont : Joseph Jehan, 53 ans ; François Curodeau, 52 ans ; Gabriel Pépin, 46 ans ; Joseph Royer, 45 ans ; Pierre Pépin, 38 ans, « montre avec ruban noir, cravate de laine rouge, chemise et corps de flanelle » ; Louis Servans, 46 ans ; François Royer, 37 ans ; Laurent Paquet, 27 ans.

De Saint-Jean, les célibataires appelés « garçons » sont : François Pouliot, 29 ans, et Joseph Gobeille, 27 ans. Aussi de Saint-Michel de Bellechasse, deux hommes mariés : Joseph Gagné, 36 ans et Hubert Chamberland, 26 ans.

Les hommes d’équipage de la Saint-Laurent sont : Pierre Royer, 29 ans. Jean-Baptiste Turcotte, 22 ans ; Pierre Dupuis, 23 ans. Jean-Baptiste Jehan, 21 ans. Georges Paquet, 20 ans, « avec l’empreinte de son nom sur le bras ». Ambroise Paquet, âgé de 22 an. Thomas Jean, âgé de 20 ans qu’un « nommé Chassé de l’Isle Verte, âgé d’environ 22 ans. »

(Source : Nos racines, l’histoire vivante des Québécois, #61. Les Éditions T.L.M. 1979).

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Une goélette des pilotes du Saint-Laurent. Photo des années 1900. Image libre des droits.
Une goélette des pilotes du Saint-Laurent. Photo des années 1900. Image libre des droits.

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