Trois voies royales. Les formations en sciences et en technologies débouchent droit sur l’emploi
Voici comment :
Industrie aérospatiale : Le ciel en tête
Il n’est pas naturel pour l’homme de voler. Mais la passion de l’aéronautique ne disparaîtra pas de sitôt.
En fait, Montréal est classé parmi les 50 technopoles d’excellence dans le monde. Le domaine de prédilection de notre métropole : l’industrie aérospatiale. Elle tient en effet une grand place au Canada. Quatrième du genre dans le concert mondial, elle regroupe plus de 250 entreprises qui génèrent environ 40 000 emplois directs au pays. Plus de la moitié de ces entreprises sont regroupées autour de Montréal.
Le Québec est un des rares endroits au monde où l’on peut concevoir, fabriquer et entretenir tous les composants d’un aéronef. Située près de l’aéroport international de Saint-Hubert, l’École nationale d’aéronautique (ÉNA) regroupe plus de 1400 étudiants dans les trois branches de l’aérotechnique : la construction, l’entretien et l’avionique.
Chaque année, quelque 300 diplômés sortent fin prêts pour le monde du travail; un sur quatre préfère tout le même poursuivre des études d’ingénieur, le plus souvent à l’École de technologie supérieure (ETS). L’embauche n’a jamais été aussi forte dans le secteur. On a même dû signer des ententes avec certaines entreprises pour qu’elles laissent les étudiants finir leurs études avant de les prendre à temps plein dans les hangars.
L’offre d’emploi dans le domaine est deux fois plus élevée que le nombre d’inscrits dans les écoles. Mais en dépit de cela, malgré les avions et les hélicoptères sur lesquels les étudiants peuvent travailler dans les hangars, malgré les outils très avancés de dessin industriel avec lesquels ils s’exercent, malgré les campagnes de promotion, l’ÉNA ne parvient pas à remplir ses classes à pleine capacité : elle pourrait accepter 200 jeunes de plus.
La dénatalité et la baisse de la diplomation au secondaire dans le domaine de mathématiques et de la physique font sentir leurs effets, ainsi que le retour des filles vers les métiers plus traditionnels. Les inscriptions féminines ont chuté, malgré les efforts de l’école pour intéresser les futures cégépiennes à ces carrières.
L’ÉNA doit aussi composer avec la concurrence de nouveaux domaines. Autant l’industrie aérospatiale a fait rêver la génération Apollo, autant Internet et l’univers multimédia attirent aujourd’hui une grande partie des jeunes. Voler dans le cyberespace serait-il plus naturel à l’homme?
Génie : au cœur du changement
Depuis les grands chantiers jusqu’aux percées dans des domaines de pointe, les ingénieurs sont sur tous les fronts. Un métier où l’humain passe avant la matière.
« Mon diplôme d’ingénieur, c’est mon passeport pour le monde. » À 25 ans, un jeune ingénieur travaille comme tel pour le Canadien National, une profession qu’il a choisie, car « le métier permet de résoudre des problèmes concrets et fait appel à notre sens critique, dit-il. Plusieurs jeunes diplômés n’ont pas dû chercher leur premier emploi : le CN avaient signé leur contrats avant même qu’ils quittent l’université avec leur diplôme en génie électrique.
On va vers une pénurie d’ingénieurs. D’après l’Ordre des ingénieurs du Québec, le taux de chômage, autour de 3% à 4% pour cette profession, équivaut à une situation de plein emploi. Cyclique par nature, certains secteurs du génie souffrent quand l’économie va moins bien. Mais une fois la reprise engagée, les ingénieurs sont en demande partout, et particulièrement dans les domaines de haute technologie. Dans cette période de grands changements structurels, ils sont sur tous les fronts.
Mais qu’est-ce qu’un ingénieur?
C’est d’abord un créateur. Son premier rôle n’est pas de construire ou de superviser (même s’il peut le faire), mais de concevoir. Un pont, un logiciel, une chaîne de montage, des appareils médicaux, qu’importe. L’ingénieur est au service de la société, pas de la matière. Contrairement à l’image qu’on a d’eux les ingénieurs n’exercent pas une fonction « froide », centrée uniquement sur les travaux. Leur première mission, c’est d’aider la société à mieux vivre.
Cours en communications ou en sociologie, l’évolution de la formation des ingénieurs indique à quel point l’aspect humain se retrouve au centre de ce qu’on apprend durant quatre ans l’université, même si les mathématiques, les sciences de la nature et la technique occupent toujours près de 80% du temps d’étude. Mais pour que les jeunes fassent le lien entre les sciences fondamentales qu’ils apprennent au cours des premières années et le métier lui-même, les universités insistent de plus en plus sur les stages. De quoi jeter un pont entre les années d’études et la carrière.
Santé : Urgence dans la relève
Le personnel médical va partir massivement à la retraite. Qui va le remplacer?
Environ 60% du personnel médical, en dehors des médecins, a plus de 40 ans. Dès 2009, 6 000 professionnels prennent chaque année leur retraite, contre 2000 au début du siècle. O a besoin de jeunes pour les remplacer. Ajoutez à ces départs massifs le vieillissement de la population, et vous l’aurez compris : le secteur de la santé a un besoin urgent de main-d’œuvre, et il y aura du travail dans tous les domaines. On embauche des milliers de personnes par an, dont la moitié en personnel infirmier.
Des infirmiers et des infirmières dont le métier va profondément changer en quelques années. Pour fonctionner mieux avec moins du monde, et parce que les technologies évoluent grandement, l’organisation du travail dans le réseau de la santé va se transformer. Tous les métiers de la santé vont monter une marche. Les infirmières, par exemple, vont appuyer de plus en plus la pratique médicale et remplir des fonctions qu’elles ne peuvent accomplir aujourd’hui. Elles vont aussi devoir apprendre à travailler davantage sur des interventions de court séjour – les patients passent de moins en moins de temps à l’hôpital. Le grand défi sera de trouver des gens polyvalents : capables de donner des soins, mais aussi de se débrouiller avec la technologie, et à l’aise dans la relation d’aide.
Les mêmes défis attendent les étudiants en médecine, qui pourront aller dans n’importe quelle spécialité tant les besoins du réseau sont grands. Cela est particulièrement évident dans les métiers de la réadaptation. Audiologie, ergothérapie, physiothérapie, orthophonie, qu’elles soient médicales ou paramédicales, les formations en santé débouchent sur de l’emploi.
Dans tous les domaines, les praticiens devront apprendre à travailler avec des équipes techniques hautement spécialisées, car la technologie est présente autant à l’étape du diagnostic qu’à celle du traitement. En salle d’opération, par exemple, l’évolution est telle que le chirurgien deviendra à terme un expert en robotique : il posera moins de gestes mais conseillera davantage des experts habitués à manipuler des outils médicaux de grande précision.
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