
Commission de toponymie du Québec et ses fonctions
Au Québec, c’est la Commission de Toponymie qui a compétence pour déterminer ou changer le nom de tout lieu sur un territoire municipal, avec l’assentiment de l’organisme de l’Administration ayant une compétence concurrente sur les noms de lieux.
La Commission a également le pouvoir de conseiller directement le gouvernement et les autres organismes de l’Administration sur toute question relative à la toponymie.
C’est la Charte de la langue française qui lui octroie ces pouvoirs. La Commission de toponymie agit sous la responsabilité du ministre chargé de l’application de la Charte de la langue française.
En vertu de son mandat, la Commission de toponymie doit assurer le maintien et l’enrichissement de l’un des éléments de l’héritage culturel québécois: sa nomenclature géographique.
L’article 124 de la Charte confère également à la Commission de toponymie le pouvoir de proposer au gouvernement les critères de choix et les règles d’écriture pour tous les noms géographiques, d’attribuer en dernier ressort des noms aux lieux qui n’en ont pas encore, et d’approuver tout changement de nom.
C’et au XIXe siècle que le gouvernement de la Province de Québec commence à analyser des questions relatives aux noms géographiques et au choix des nouveaux noms de lieux. Parallèlement, le gouvernement entreprend la première politique de révision et de contrôle des appellations géographiques.
En 1899, le Québec désigne son premier représentant à la Commission de géographie du Canada, nouvel organisme ayant les mêmes objectifs dans l’ensemble du Canada. Treize années plus tard, la Commission géographique de la Province de Québec est instituée
Plusieurs modifications suivirent avant qu’en août 1977 la nouvelle Commission de toponymie ne soit créée.
Cette commission a réalisé un grand nombre de projets majeurs, tel que l’édition du Répertoire toponymique du Québec (1979), qui contient environ 60 000 noms de lieux; l’organisation du Premier Congrès international sur la toponymie française en Amérique du Nord; la célébration de la Cinquième Conférence des Nations Unies sur la normalisation des noms géographiques, qui eut lieu à Montréal ; et la tenue du XVIe Congrès international des sciences onomastiques, à Québec.
En 1987, la Commission de toponymie édite un nouveau Répertoire toponymique du Québec contenant plus de 100 000 noms de lieux.
Notons qu’en plus d’identifier les lieux, les noms géographiques jouent un rôle essentiel dans la conservation du patrimoine culturel ; la plupart du temps, leur création constitue un phénomène essentiellement sociologique. L’études des toponymes renseigne dons de façon éloquente sur les rapports entre la personne humaine et la terre. À l’instar de la nomenclature de tous les États du monde, la couverture toponymique du Québec se présente comme une image du milieu humain, avec les vestiges du passé qui y sont attachés.
Grosso modo, la nomenclature du territoire québécois puise à trois couches toponymiques principales qui sont l’autochtone, la française et l’anglaise. Les noms de lieux des populations autochtones font partie intégrante de l’héritage culturel québécois et y tiennent une place importante. En effet, dans la nomenclature officielle du territoire du Québec, environ 10 % sont des dénominations autochtones, des noms abénaquis, algonquins, attimeks, cris, hurons, inuits, malécites, micmacs, mohawks, montagnais et naskapis tiennent une bonne place dans le tissu toponymique de la province.
Toponymie. De la Nouvelle-France au Canada : évolution onomastique
En 1535, le mot huron – iroquois “kanata”, voulant dire “village” ou “établissement”, fut employé par les autochtones pour montrer à Jacques Cartier la direction de Stadacona, où se dresse maintenant la ville de Québec. Par la suite, Jacques Cartier utilise le mot Canada pour désigner l’ensemble du territoire possédé par Donnacona, qui était alors le chef de Stadacona.
Depuis, le Canada ne cesse de s’agrandir jusqu’à englober l’ensemble de la Nouvelle-France et s’étendre jusqu’à l’océan Pacifique.
Mais auparavant, vers 1664, Pierre Boucher, personnage célèbre de l’époque des pionniers de la Nouvelle-France, fait publier un volume de ses mémoires qu’il intitule Histoire véritable et naturelle des mœurs et productions du pays de la Nouvelle-France, vulgairement dite le Canada. À cette époque, les colons s’appellent déjà les Canadiens, même si le nom officiel de la colonie continue d’être Nouvelle-France. C’est d’ailleurs ce dernier nom qui désigne le pays sur les cartes et dans les récits officiels.
Au cours du XVIIIe siècle, le nom Canada est de plus en plus populaire dans le langage courant, alors que le terme de Nouvelle-France se voit réduit à un usage officiel et administratif.
Le nom Québec ne désigne alors que la ville de Québec et ses alentours. C’est après la Conquête anglaise que le terme de Québec devient une désignation plus ou moins officielle de l’ensemble du territoire, notamment après l’Acte de Québec approuvé par la Couronne britannique en 1774. Cet acte accorde un certain nombre de droits à la population francophone du pays.
À la même époque, de nombreux anglophones viennent s’installer dans cette région. Le terme Canadien identifie alors la population qui parle français, tandis que les habitants anglophones sont appelés simplement les Britanniques.
C’est en 1867, avec l’avènement de la Confédération canadienne, que le terme Canadien français est introduit, les Britanniques devenant des Canadiens anglais.
Le terme Canadiens français sera en usage jusqu’en 1960, quand la Révolution tranquille crée une nouvelle désignation: les Québécois. Cette fois, la nouvelle identité, adoptée largement vers 1968, est censée désigner l’ensemble des habitants de cette province.
Rue Sainte-Catherine. Photo © Grandquebec.com.
Voir aussi :
Quel était le nom de la rivière Gatineau avant et en quel année le nom a été changé