La mort de Louis Cyr
Louis Cyr est mort : Le célèbre athlète canadien succombe à l’âge de 49 ans
(Extrait du texte publié à l’occasion de la mort de Louis Cyr, survenue le dimanche 10 novembre 1912)
L’ancien champion des hommes forts qui était très mal depuis quelque temps, a succombé au mal qui le minait depuis des années, la maladie de Bright. Il a expiré à midi et quart. Sa fin a été calme. Dans ses derniers moments de lucidité, il a exprimé le regret de s’en aller.
« Que c’est donc malheureux de se séparer », a-t-il dit à la campagne de sa vie.
Toute la famille de Louis Cyr, sa fille unique, Mme Aumont; son gendre, le Dr. Z. M. Aumont; ses petits-enfants, ses frères : Pierre, Léon, Napoléon et Johnny; ses sœurs : Mme Émilien Perron, de cette ville, et Mme Moïse Hébert, de Sainte-Hélène de Bagot, étaient à son chevet lorsque la fin est arrivée.
Les dernières heures de l’ancien champion ont été marquées par un événement dramatique : La belle-mère de Louis Cyr, Mme Évangéliste Comtois, de Saint-Jean-de-Matha, qui était accourue auprès de son gendre mourant il y a une semaine, a été foudroyée samedi avant-midi par une syncope. La douleur de voir sa fille dans la peine, et son gendre à l’agonie, a été trop forte pour elle, et elle est tombée morte dans la chambre voisine de celle de M. Cyr. Mme Comtois était âgée de 72 ans. Ses restes mortels ont été expédiés à Saint-Jean-de-Matha. Son mari qui vit encore est âgé de 73 ans.
Mme Cyr a été si péniblement affectée par ce décès et par l’émotion que lui causait la fin imminente de son mari qu’elle a dû prendre le lit et qu’elle n’a pas eu connaissance du départ du cadavre de sa mère.
Notes biographiques
Cyr venait d’une famille de cultivateurs, son père étant fermier à Saint-Cyprien, de Napierville, où Louis vit le jour le 10 octobre 1863. Dès son enfance, le jeune Louis montra qu’il était doué d’une force phénoménale, et il exécuta au cours de ses années d’enfance des exploits qui sont restés légendaires dans Saint-Cyprien.
Alors qu’il n’avait que 15 ans, sa famille émigra aux États-Unis. Là, Louis travailla ans une manufacture de coton. Un dimanche, alors qu’il n’avait que 16 ans, poussée par des camarades, il leva et chargea sur son épaule une pierre de 517 livres. À 17 ans, il pesait 230 livres et était de beaucoup l’homme le plus fort de Lowell.
Après trois ans passés sur la terre américaine, Cyr entra ensuite dans la police de Saint-Jean-de-Matha.
Lorsqu’il en sortit, il se joignit encore avec Gus Lambert qui arrangea son match avec Michaud. Cyr se montra tellement supérieur à son adversaire que Michaud abandonna la partie.
Cyr a levé jusqu’à 4,400 livres sur son dos, et il a retenu avec ses bras les plus forts chevaux qu’on lui a amenés et qu’on faisait tirer en sens contraire. Il était un Samson dans toute la force du mot.
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Cyr voyagea alors avec plusieurs cirques, dont le cirque des frères Ringling et le sien propre. En 1890, Richard K. Fox, de la Peace Gazette, ayant entendu parler de lui, le fit venir à New York, et Cyr exécuta devant lui des tours qui le convainquirent qu’il était l’homme le plus fort du monde.
L’année suivante, il se rendit en Angleterre et exécuta à Londres une série de records qui proclamèrent la supériorité de Cyr sur tous les hommes forts de l’époque. Aucun de ceux qui se trouvèrent alors à Londres ne voulut entreprendre a lutte contre Cyr.
De retour à Montréal, il battit Cyclops, le Suédois August W. Johnson, Sebastian Miller, Otto Renaldo et autres dans des matchs demeurés fameux. Le célèbre Samdow refusa toujours de le rencontrer.
Alors qu’il avait commencé à perdre de sa force, il se mesura à Décarie et fit partie nulle.
(Texte publié le 11 novembre 1912).

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