Histoire de la motoneige
Plus une invention est simple, plus elle tarde à venir
Curieusement, les choses simples conduisent souvent à de grandes révolutions. La motoneige ouvre donc, égard, un exemple presque parfait.
Depuis des millénaires, l’homme a cherché à maîtriser les neiges du globe. Elles ont toujours été pour lui une source d’isolement, d’embêtements et de difficultés de toutes sortes.
Les pays nordiques ont été, à l’image des photos qui nous sont, parvenues de la Lune et Mars, des planètes froides et solitaires. Le Canada présente à lui seul 3,851,809 de milles carrés de neige. Ce sont «les quelques arpents de neige» dont parlait Voltaire au Roi de France. Sur la plus grande partie du territoire canadien, l’hiver y est long et rigoureux. Les archipels arctiques reçoivent dix pouces de neige et les froids y sont extrêmes. Par contre, dans la vallée du St. Laurent, les hivers sont plus cléments même s’il arrive que le mercure descende à 40 degrés F. sous zéro.
À cause de la rencontre des masses d’air chaud du sud avec les masses d’air polaire, H s’ensuit des précipitations fréquentes. Comment se déplacer dans de telles conditions? La conquête des déserts blancs n’a pas été chose facile. Devant les neiges de l’hiver, le génie mécanique de l’homme, en mal de nouvelles inventions, est resté aussi embourbé que son corps.
Quand les premiers véhicules motorisés ont fait leur apparition, au début du siècle, on aurait pu croire à une délivrance de l’hiver. De décennies en décennies, les véhicules motorisés ont évolué mais aucun d’eux n’a réussi à maîtriser les neiges. Il est vrai que les voitures ont pu circuler sur les routes, après la seconde guerre mondiale, malgré les tempères de neige et les poudreries mais l’homme a dû développer un arsenal important de machines pour déblayer et entretenir les routes.
L’avion a peut-être été le seul appareil qui ait dominé l’hiver mais comme bien d’autres il et resté une victime des humeurs de la température. Ce n’est qu’après un demi siècle d’automobiles que les steppes enneigées ont véritablement été conquises par la création de la motoneige. La motoneige apporte une véritable révolution dans le transport en hiver. Plus rien ne l’arrête: ni les conditions variées de la neige, ni le froid, ni les vents violents, ni les obstacles, ni les distances. La mot o-neige n est pas qu’un véhicule utilitaire. Par la vitesse de ses déplacements, elle est venue satisfaire un autre goût du siècle. L’homme a toujours cherché avec ses machines des émotions fortes. La motoneige lui en fournit toute une gamme dans une liberté d’action presque totale. La motoneige ouvre donc, dans l’histoire des transports individuels, le chapitre le plus important depuis l’invention de la raquette à neige.

C’est en raquettes qu’on est venu à la motoneige
L’histoire des premiers transports individuels en pays nordiques se confond avec la neige. Dans les temps les plus éloignés et jusqu’à nos jours, l’homme a cherché des semelles larges qui faciliteraient ses transports dans la neige. F.n créant la raquette, il comblait une lacune de la nature à son égard. Contrairement à certains animaux, l’homme n’a pas développé des membres pour se mouvoir facilement dans le sable ou sur la neige. L’histoire nous apprend qu’il y avait des formes primitives de raquettes à neige au Japon, en Corée et dans le Caucase. Elles seraient donc une invention asiatique. En Europe, les chaussures « pour flotter » s’appelaient skis. En Amérique du nord, les skis ne furent connus qu’avec l’arrivée des Européens: dans l’échelle de l’histoire, le ski est d’un usage récent.
Par contre, les Indiens d’Amérique connaissaient depuis longtemps la raquette à neige. Dans l’année 1608, Samuel de Champlain, fondateur de Québec, rapporte dans ses voyages: « L’hiver, quand les neiges sont grandes, les sauvages font une manière de raquettes qui sont grandes deux ou trois fois plus que celles de France, qu’ils s’attachent A leurs pieds; et ils vont ainsi sur la neige, sans enfoncer; car autrement, ils ne pourraient chasser ni aller en beaucoup de lieux ».
Le Canada et les États-Unis couvrant de grandes étendues, les historiens ont pu découvrir à travers les bandes indiennes divers types de raquettes à neige. Les raquettes primitives étaient ovales. Elles étaient faites d’une armature de deux pièces de bois en forme d’un U réunies au centre par des lanières. À l’intérieur du cadre, le treillis était souvent remplacé par des peaux.
Les raquettes montagnaises, par exemple, avaient la forme des éventails chinois, était assez relevé.
Les modèles ont varié selon les régions. Dans l’Est où la neige est abondante et les arbres nombreux, les raquettes étaient d’une grande utilité et épousaient des formes diverses: pointues dans les deux bouts, en forme de pattes d’ours. Les Indiens l’Utah. aux États-Unis, affectionnaient: les raquettes pattes.
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