Le Canada gagne la Série du siècle en arrachant le 8e match in extremis
Moscou – Les Soviétiques ont perdu le huitième match de la série par leur propre faute.
Autant le Canada était à blâmer après avoir vu son adversaire effacer un déficit de 4-1 dans la série du siècle, à la troisième période et finalement l’emporter, 5-4, lors du cinquième match, autant les hommes de Boris Kulaguin et Viacheslav Bobrov le sont aujourd’hui.
Fiers d’une avance de 5-3, les Soviétiques ont opté pour la stratégie défensive. Ça aurait pu fonctionner. Mais les chances étaient contre eux.
Au lieu de forcer le jeu, de tenter d’augmenter prudemment leur avance, les soviétiques ont préféré se replier, espérant que les hommes de Harry Sinden ne puissent marquer plus d’un but. Ils en ont marqué trois !
Le but de Henderson
Le but de Henderson est un but chanceux, nous a-t-on chuchoté.
On fait sa propre chance, c’est un adage bien connu. Et c’est ce qu’a fait Henderson au cours des trois derniers matchs en réussissant les trois buts de la victoire.
Le joueurs du Canada ont commencé à jouer du hockey sérieux lorsqu’ils ont réalisé qu’ils avaient tout à perdre, en subissant l’affreux affront qu’étaient à leur servir les Soviétiques.
Ils ont compris qu’ils avaient grand avantage à demeurer les meilleurs joueurs de hockey au monde.
Cette suprématie, ils n’ont pu la prouver lors de tout doute. Mais les trois victoires enregistrées au cours des trois derniers matchs effacent toute la splendeur démontrée par les Soviétiques en territoire canadien.
Quel intérêt aurait-on porté à nos joueurs en sachant que s’était « derrière le rideau de fer » qu’il fallait aller pour voir à l’œuvre les meilleurs hockeyeurs? Les gens sont ainsi faits.
Série du siècle : Il faut donner crédit aux Canadiens
Même si elle tirait de l’arrière trois matches à un, l’équipe du Canada n’a jamais cessé de batailler.
Encore hier, le 28 septembre 1972, tirant de l’arrière par deux buts, avec vingt minutes à faire, les hommes de Sinden et Fergusson ont mis les bouchées doubles.
– Lors des matches de la coupe Stanley, les joueurs jouent pour l’argent et le prestige. Au cours de cette série, ils ont prouvé qu’ils pouvaient jouer seulement pour l’honneur de leur pays.
Comment mettre en doute les commentaires de Sinden après avoir recueilli les impressions de quelques joueurs.
– Je ne sais plus quoi dire, confie Guy Lapointe. Tout ce que je sais, c’est que j’ai envie de pleurer comme un enfant. C’est la plus forte sensation de ma carrière. Sensation encore plus forte que lorsque nous avions remporté la coupe Stanley, à Chicago, il y a deux ans, lors du septième et dernier match.
Paul Henderson : « Je n’ai jamais vu autant de joueurs aussi nerveux. Nous savions que nous étions les meilleurs, mais encore fallait-il le prouver ». Au fait, Paul Henderson a déjoué l’extraordinaire gardien soviétique Vladislav Tretiak pour marquer le plus important but de sa carrière, puisqu’il permettait au Canada de gagner le huitième match, 6 à 5, et partant d’enlever la Série du siècle par quatre matches à trois (l’un ayant été nul). Après son troisième but vainqueur et autant de parties disputées à Moscou, Henderson a sauté dans les bras d’Yvan Cournoyer, sous le regard terrassé des joueurs soviétiques.
Du grand hockey qui fera réfléchir
La série qui vient de se terminer, c’est devenu un cliché de le dire, a offert du hockey de première qualité, du très grand hockey.
Il est maintenant permis de se demander quelle sera la réaction des amateurs du hockey, lors des matches réguliers de la ligue Nationale. Comment réagiront-ils devant les performances quasi régulièrement médiocres offertes par les équipes de l’expansion?
Et que veulent dire maintenant les séries de la coupe Stanley, alors que tout le monde sait que l’épreuve suprême, la classique par excellence, ce sont ces matches internationaux?
Une série de la coupe Stanley à l’échelle mondiale ne saura tarder. Eagleson et compagnie l’ont déjà compris.
(C’est arrivé en 1972)
Selon l’instructeur de l’équipe soviétique : Russes sont prêts à affronter et battre Canadien et les Leafs
14 décembre 1968 : Selon son pilote, l’équipe soviétique, championne mondiale de hockey amateur, est prête à rencontrer et vaincre les Canadiens de Montréal et les Maple Leafs de Toronto.
Le seul obstacle demeurait le fait que les équipes canadiennes n’ont pas accepté les invitations soviétiques, a déclaré Anatoli Tarasov lors d’une entrevue avec l’agence Tass.
«Quant à nous, nous sommes prêts pour une telle rencontre qui ne saurait que profiter au hockey mondial. Je crois vraiment aux succès de l’équipe soviétique.»
Tarasov a rappelé que l’équipe soviétique bat les clubs canadiens amateurs dans les championnats mondiaux depuis 1963 et qu’une équipe canadienne a perdu trois matches récemment contre le 2e club soviétique. Tass laisse entendre que le Canada cherche des excuses pour éviter d’opposer ses meilleures équipes aux Russes.
L’agence rapporte les déclarations du pilote Jackie McLeod qui aurait dit que les professionnels n’avaient pas le temps d’affronter les Russes et demandaient plus d’argent pour un tel match que les Russes seraient disposés à débourser.
Fierté
Dans un appel à la fierté canadienne, Tass écrit: «Les amateurs canadiens ont certes été encore très désappointés par la tenue de leur club à Moscou.
«Ils ne veulent certes diminuer le prestige des fondateurs du hockey ».
Deux reporters soviétiques qui ont assisté à une partie Montréal – Detroit ont déclaré: «Nous avons été d’abord étonnés, surtout en raison de la vitesse», mais, après avoir repris leurs sens, ils ont ajouté: «Les tactiques des Canadiens sont monotones, leurs mêmes mouvements stupides répétés pendant trois périodes ne sont pas dangereux du tout».
Pour en apprendre plus :
- Historique du hockey au Canada
- Origines du hockey
- Ligne du temps 1972
- Nouveaux règlements de la Ligue nationale