Québec sportif

Conseils pour les skieurs

Conseils pour les skieurs

Ne faits pas de ski si vous êtes très fatigués

À peu près tous les milieux fréquentent les stations de sport d’hiver. Là, le ski est un sport populaire : ici, c’est un sport élégant. Des villages du nord, de la montagne, chaque fin de semaine, des trains « montent » la jeunesse universitaire et ouvrière en groupes sympathiques. Tous campent dans des chalets et s’en retournent « dans la plaine » quarante-huit heures après.

Ne parions pas trop (car nous risquerions d’être sévères et de paraître des censeurs stupides) des stations à la mode où il est de bon ton de se faire voir ; « abcès de fixation », comme les appellent les vrais sportifs. Là, c’est le « concours d’élégance ». L’espoir de l’imprévu, de l’aventure. Luxueusement équipés, les « skieurs de bar » partagent leur temps entre l’apéritif, le dancing et le cabaret, et se risquent rarement sur la piste de descente. Dans cette ambiance, le gan physique est fort balancé par le climat moral. La neige d’hiver apporte une certaine excitation ; est-il bon de l’aggraver par le bruit des hôtels, le bien manger, l’alcool, l’atmosphère enfumée, capiteuse, des bars et des dancings, par les nuits écourtées ? Bien peu de vrai ski et d’oxygène pur dans tout cela.

Le ski, sport assez dur, énergique, s’apprend au prix de nombreuses chutes et, parfois, d’accidents plus ou moins graves. Il en résulte que les deux tiers des accidents sont des fractures (jambes, en général ; plus rarement bras ou crâne). Les entorses (cheville ou genou) viennent ensuite, puis les blessures et coupures dues à des chocs (arbres, murs).

Les causes les plus fréquentes :

  1. Manque d’adaptation aux skis : Les citadins s’imaginent qu’il leur suffit de prendre des leçons ; beaucoup ne pratiquent aucun autre sport ni culture physique. Or, on n’a aucune chance de tirer un bon parti des leçons sans préparation musculaire.
  2. Mauvais état général : Technique, état physique, était nerveux, tel est le triple mot d’ordre des champions. Un organisme fatigué par une récente grippe, une dépression ou quelque autre affection est en état de moindre résistance. L’adaptation au froid et à l’altitude à elle seule diminue pendant quelques jours la résistance physique.
  3. La fatigue du moment : Près des deux tiers des accidents se produisent après les remontées mécaniques. Pourquoi ? S’il lui fallait remonter chaque fois par ses propres moyens, le skieur ne risquerait pas plusieurs descentes consécutives. Sans prendre le temps de se reposer, de se détendre, ne sentant pas sa fatigue, il aborde de nouveau la piste avec des muscles contractés et ankylosés.
  4. Une vitesse qui dépasse les moyens : Inconscient des risques, le skieur veut souvent suivre plus rapide que lui ; sa propre accélération le surprend : Il s’affole, perd tout contrôle et c’est la chute inévitable, d’autant plus dangereuse que la vitesse est plus élevée. L’entraînement doit être progressif et l’euphorie et l’excitation qui l’incitent à dépasser ses moyens.

Le froid, le brouillard, l’affluence, l’insuffisante vérification du matériel provoquent aussi, mais plus rarement, des chutes.

(Ces conseils ont été publiés dans le quotidien Le Canada, le mercredi, 14 janvier 1953).

Station de ski. Photographie de Nastena Ustinova.
Station de ski. Photographie de Nastena Ustinova.

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