La trophophylaxie
Les propriétés que nous attribuons aux aliments sont devenues, avec les nouvelles méthodes de recherches, de plus en plus variées, de plus en plus nombreuses et de plus en plus importantes.
On peut dire que la science alimentaire date de 1780, lorsque par ses travaux scientifiques, Antoine Laurent Lavoisier trouva la relation de la fonction respiratoire avec la combustion de la nourriture.
Les premiers travaux portèrent surtout sur la calorimétrie et le rôle de l’azote. Aujourd’hui, le métabolisme des graisses et des sucres, le rôle des sels minéraux, hormones, vitamines, enzimes sont l’objet de continuelles recherches. « Les radiations, elles-mêmes, sont explorées à cause de leur influence sur les composés inorganiques et sur le métabolisme du sucre ».
Or voila que en plus de leurs propriétés énergétiques, plastiques, physico-chimiques et catalytiques, le Dr P. Lassabliere, Directeur de l’École des Hautes Études commerciales de Paris, nous dit que ses propres recherches Font amené à attribuer aux aliments un rôle nouveau et a les considérer comme capables de contribuer pour leur propre compte à la défense de l’organisme contre les infections et les intoxications.
D’où le nom de tropophylaxie qu’il a créé pour designer cette nouvelle fonction des aliments.
II a pu traiter et sauver des animaux ayant reçu des doses toujours mortelles de venin de cobra ou de vipère, de certains extraits de champignons vénéneux, de rôle de carbone, de cyanure de mercure, de sulfate de spartéine etc., en leur donnant uniquement en ingestion ou en injection sous-cutanee, certains aliments comme du lait, du jus de viande crue, du sérum de cheval, des acides amnés, des extraits d’organes, du jus d’orange, des huiles comestibles, des vins rouges, blancs et Champagne, de I’eau de riz, une solution de glucose a 40 pour mille, une solution de chlorure de sodium a 9 pour mille.
II a varié ses expériences en se servant des différentes catégories d’aliments; albumines, hydrate de carbone graisse et sels minéraux. Depuis quatre ans, dit-il, i ai ainsi accumule les preuves expérimentales qui démontrent l’existence de cette nouvelle fonction des aliments que j’ai appelée Trophophylaxie.
« II existe donc dans les aliments des substances encore à déterminer chimiquement, mais que l’analyse biologique m’a permis de déceler, qui sont capables de protéger l’organisme contre les intoxications et les infections. J’ai proposé de les appeler trophophylactines.
Ces trophophylactines, dit-il, ne sauraient être confondu avec les vitamines, car le chauffage a l’air libre ne les détruit pas et, d’ailleurs, certains aliments comme les huiles comestibles très riches en trophophylactines ne contiennent pas ou très peu de vitamines.
Le professeur Lassabliere fait entrer dans le cadre de la trophophylaxie les cures d’eau minérales et la zomotherapie (cure avec les jus de viande), les effets thérapeutiques de l’eau de riz etc.
Cela servira aussi, dit-il, pour le contrôle des médicaments dans les laboratoires. II y aura lieu d’imposer pour les mêmes essais de contrôle une même nourriture aux animaux et ce sera là un des résultats pratiques de la trophophylaxie.
En plus, la trophophylaxie aura eu le mérite de démontrer expérimentalement les inconvénients des régimes de restriction en diététique, puisque ces régimes privent l’organisme de ces trophophylactines si nécessaires pour l’aider à lutter contre les infections et les intoxications.
À l’avenir, beaucoup de recherches porteront, sans aucun doute, sur cette nouvelle qualité des aliments qui n’est pas la moindre, car en plus de prévenir les maladies par une alimentation rationnelle, la trophophylaxie nous permettra de lutter et de se guérir d’une infection ou intoxication accidentelle. Nous souhaitons donc aux nouvelles venues – les trophophylactines – un aussi gros succès humanitaire et publicitaire qu’a leurs rivales les Vitamines.
Michelle S. Gosselin
L`Action universitaire, septembre 1940.
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