À quel âge meurt-on

À quel âge meurt-on? (dans les années 1930)

Il est assez difficile, quand il s’agit d’un individu, de déterminer, même approximativement, l’âge qu’il aura à son départ pour l’au-delà. Chaque être humain est soumis à trop de contingences, est exposé à trop d’accidents pour qu’on puisse dire s’il vivra vieux ou non. Un homme en pleine santé peut être tué accidentellement et un malade peut voir ses maux se prolonger indéfiniment. Mais ce qui est impossible pour l’individu devient plus facile pour la masse, c’est-à-dire pour un groupement assez considérable pour en tirer des statistiques et, conséquemment, des probabilités.

Dans tous les pays civilisés, on a établi des statistiques de mortalité qui reposent sur des tables tenues différemment. C’est ce qui explique la différence des moyennes de mortalité entre elles. Les compagnies d’assurance sont très intéressées à ces chiffres et se sont elles qui donnent les documents les plus probants. D’après une étude faite récemment, il existe une probabilité de vie annuelle, c’est-à-dire un rapport entre le nombre de vivants d’un même âge, pour une année, et le nombre de survivants pour l’année suivante. C’est ce qu’on appelle le taux de mortalité annuelle. On prend aussi en considération la vie probable, c’est-à-dire le nombre d’années qu’il faut à un groupe d’individus de même âge pour que la moitié soit morte et la vie moyenne c’est-à-dire la moyenne arithmétique du nombre d’années vécues par tous les sujets de l’âge considéré.

En étudiant bien ces rapports et en les rapprochant les uns des autres, on est arrivé à conclure que, pour pouvoir porter un pronostic vital sur un sujet, il faut d’abord à examiner à plusieurs reprises et à intervalles suffisants; qu’il faut le surveiller surtout vers l’adolescence où les courbes de mortalité subissent une exagération très nette du fait de la tuberculose et vers la cinquantaine où les accidents du cœur et des reins sont des plus fréquents. En dehors de 65 ans, il y a de grandes chances (sauf le cas de cancer) pour qu’un individu vive jusqu’à un âge très avancé. Pour les autres, s’il est possible de se baser sur les moyennes des compagnies d’assurance entre elles on peut dire que ses 100 individus.

  • 80 atteindront l’âge de 16 ans.
  • 70 atteindront l’âge de 38 ans.
  • 60 atteindront l’âge de 52 ans.
  • 50 atteindront l’âge de 60 ans.
  • 30 atteindront l’âge de 71 ans.
  • 20 atteindront l’âge de 80 ans.

Les compagnies d’assurance ont tellement compris ce point que, non seulement compris ce point que, non seulement elles encouragent les examens répétés, mais elles font faire des conférences publiques pour renseigner le public sur l’hygiène et sur l’avancement de la science médicale.

Les gouvernements de leur côté, qui considèrent la longévité comme un capital, ont entrepris des campagnes contre les maladies les plus communes, dépensant sans compter pour protéger leurs sujets. Rien de plus beau, par exemple, que cette harmonie universelle à lutter contre la tuberculose, le cancer, le syphilis et la plupart des maladies contagieuses.

Mais par qui sont dirigés ces mouvements? Par la science. C’est d’elle que naissent les belles inspirations, c’est elle qui créé les belles initiatives en mettant au service du genre humain les découvertes qu’elle fait. C’est pourquoi médecins et public ne doivent pas laisser passer inaperçue une manifestation scientifique quand elle a pour but de promouvoir les intérêts de la société. Ainsi, dans un avenir prochain, que de communications se feront, que de travaux importants seront présentés au Onzième Congrès des Médecins de Langue Française de l’Amérique du Nord que sera tenu à Montréal. Il faut, sans doute, que les médecins assistent à ce congrès, mais il faut aussi que le public soit mis au courant de ce qui s’y fera. Nous n’y manquerons pas.

(Ce texte a été publié dans Le Petit Journal de Montréal, le 15 février 1930).

Voir aussi :

La Mort est un bon berger car elle ne perd jamais une bête de son troupeau (Alphonse Rabbe, écrivain et historien français). Illustration de Megan Jorgensen.
La Mort est un bon berger car elle ne perd jamais une bête de son troupeau (Alphonse Rabbe, écrivain et historien français). Illustration de Megan Jorgensen.

Laisser un commentaire