Les Québécois : Mangeurs de viande

Le Québec agricole : Les Canadiens, gros mangeurs de viande

Selon les plus récentes statistiques publiées par le ministère de l’Industrie et du Commerce du Québec, les Canadiens sont d’abord des mangeurs de porc. En second lieu, ce sont des mangeurs de bœuf… Les statistiques n’indiquent pas encore quelle est la proportion de la consommation de la viande de cheval.

À ces statistiques (il s’agit des données publiées en février 1952), il faut se fier car elles sont préparées par un office qui fait un travail scientifique.

En tout cas, voici comment se répartit la consommation annuelle des produits de la ferme canadienne par les consommateurs canadiens – il convient de dire en même temps que nous sommes de formidables mangeurs.

Chaque Canadien moyen mange :

  1.  75 livres de porc dans une année.
  2. 60 livres de bœuf dans une année.
  3. 22 livres de volaille dans une année.
  4. 23 douzaines d’œufs dans une année.
  5. 22 livres de beurre dans une année.
  6. 4,6 livres de fromage dans une année.
  7. 2,5 livres de mouton dans une année.

Gros et gras

Le volume est impressionnant, mais la proportion de viande dure est encore plus impressionnante. Il n’y a plus après cela à s’étonner de la « popularité » du cancer dans les rangs de notre population. Encore moins de la « popularité » des maladies de foie et du système digestif. Le résultat de la compilation est cependant patent : les Canadiens, sans distinction de race ou de religion, sont de gros mangeurs.

Il suffit de voir les Anglais se lester de bœuf, les Canadiens enfiler avec avidité d’interminables tourtières ; les Juifs découper des quartiers immenses de leur « kosher meal » ; les gens de l’Europe orientale, émigrés ici, se servir généreusement de leurs charcuteries lourdes… et nous sommes fixés.

Mais comment se répartit la production d’une telle consommation – d’une consommation qui n’a rien de commun avec ce que l’on peut appeler la frugalité ?

Le ministère de l’Industrie et du commerce a encore la réponse.

Mais, hélas ! Le Québec n’a pas toujours la plus belle figure dans ce panorama.

La province respectueuse

Le plus souvent, au point de vue agricole, le Québec se tient à distancer respectueuse de l’Ontario – la seule province avec laquelle nous puissions faire des comparaisons valables.

La production agricole pour l’ensemble du Canada atteint $2,629,439,000 dont 29,9 % pour l’Ontario ; 16,7 % pour le Québec ; 16,1 % pour l’Alberta ; ceci au cours de l’année 1950… Ce n’est pas un bonheur pour notre province de se trouver talonnées de si près par l’Alberta, une province dont la population est formidablement inférieure à celle du Québec. Raison de plus pour prêcher chez nous le retour à la terre. N’a-t-on pas dit un jour que l’agriculture est la « première mamelle de la Nouvelle-France » ? La seconde, il faut toujours la chercher. Certains disent qu’il s’agit de « houille blanche ». Mais l’on préfère quelque chose qui fasse encore plus appel à l’imagination populaire. Les mines de l’Ungava, par exemple ? Dans l’énumération, nous voyons, encore pour la plus grande honte du Québec, la Saskatchewan emporter 19 % du revenu global de l’agriculture canadienne.

L’état français du Nouveau monde est décidément dans un état d’infériorité. Il est supplanté par des États provinciaux qui ont atteint un cosmopolitisme avancé. Mais l’Ontario est aussi vénérable. Qui comprendra ces résultats quand « Duplessis a donné tant à sa province » ?

Foin, trèfle, avoine

L’explication vient cependant au tableau suivant quand on apprend que exactement – en 1950 – 82,8 % de la superficie des grandes cultures de la province sont consacrés au foin, trèfle et avoine.

Les patates, que le consommateur paie si cher à l’heure actuelle, et ces patates ne viennent pas souvent de la province, ne composent que 2,5 % des grandes cultures de la province.

Le cultivateurs québécois cependant tire le plus clair de son revenu des bestiaux et des produits laitiers – l’un n’allant pas logiquement sans l’autre – dans une proportion de 68%. Les commentaires sont superflus. De plus, les produits forestiers constituent encore 12 % du revenu total de l’agriculteur québécois. Les autres postes sont considérés comme négligeables.

L’industrie porcine

L’industrie porcine est celle qui recueille la plus grande attention de l’Office. Là, le Québec ne fait pas trop mauvaise figure, bien qu’il soit suivi de très près par l’Alberta et il ne prend que la moitié de la production ontarienne. Pourtant les provinces maritimes, si petites soient-elles, touchent néanmoins le cinquième de la production du Québec !

L’Ontario produit tout près de trois fois plus de volailles que le Québec. La comparaison des superficies données à l’agriculture est fort éloquente et se dispense de commentaires. L’Alberta vient derrière le Québec avec une proportion du total canadien qui s’avère très confortable : 16,9 % contre 10,7 % pour l’Alberta.

Les produits laitiers

La proportion se maintient sauf pour la production des produits laitiers où le Québec se décide enfin à faire figure digne : nous avons, à 3% près, autant de vaches laitières que l’Ontario et les provinces de l’ouest sont définitivement enfoncées – Dieu ! Il est grand temps que nous arrivions à un résultat honnête pour une population de plus de 4,000,000 !

Pour le beurre raffiné, c’est le Québec qui l’emporte sur tous ses concurrents. Pour le beurre de ferme, les provinces de l’ouest récoltent plus de la moitié du total. Le Québec se maintient encore avec 19 %. Quant au fromage cheddar, le Québec est en situation honteuse par rapport à l’Ontario : 21 % du total national contre 72 %, pour l’Ontario. Mais pour les autres fromages, douce revanche québécoise (mais les moines de St-Benoît et du Lac et d’Oka font sentir leur présence), on remarque que l’Ouest, l’Ontario et le Québec occupent les positions suivantes : 32 %, 38 %, 27 %. À tout prendre, le Québec est ici pas trop mal situé, lui qui a le mérite de donner au pays et au continent les succulents et inimitables fromages d’Oka et Ermite…

Et les tableaux sont épuisés. Il faut se demander si l’habitant qui a été ministre de l’Agriculture dans le Québec – i.e. Laurent barré, qui ne comprend rien à la betterave à sucre et encore moins c’est-à-dire moins que rien, à la fabrication du cidre de chez nous – a fait du bon travail depuis 1943 ou 1944. Il peut bien se vanter de son antisémitisme !

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Vaches québécois
Un couple de vaches. Photographie de GrandQuebec.com.

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