Sante

Pyrétothérapie

Pyrétothérapie

Pyrétothérapie

On désigne ainsi l’ensemble des « méthodes de traitement qui utilisent la fièvre provoquée, c’est-à-dire, l’élévation de la température centrale comme facteur curatif principal » (H.Claude). Cette méthode a pris, en thérapeutique neuropsychiatrique, une grande importance, bien que le mécanisme de l’action curatrice ne soit pas encore parfaitement connu. On a mis en avant plusieurs interprétations ou hypothèses : action sur le germe pathogène, action sur le terrain (variations leucocytaires, modifications de la perméabilité méningée, production d’anticorps, tertiarisation dans la P.G., etc.).

Quoi qu’il en soit, les résultats donnent à cette méthode une place de choix dans l’arsenal thérapeutique. Il est classique de diviser les différents agents pyrétogènes suivant leur nature :

1) Pyrétothérapie infectieuse. – L’agent employé doit répondre à certaines conditions :

a) Provoquer une fièvre élevée,

b) Être facilement détruit par une thérapeutique appropriée,

c) Être facilement conservé dans des réservoirs de virus.

L’hématozoaire du paludisme constitue pour toutes ces raisons, l’agent de choix. Cependant, on utilise aussi parfois le spirille d’Obermeier, agent de la fièvre récurrente.

La paludothérapie fait appel au Plasmodium vivax, agent de la tierce bénigne, qui provoque des accès réguliers, et ne cause que très rarement des accidents. Son indication principale est le traitement de la paralysie générale dans laquelle elle donne des résultats très intéressants (v. Paludothérapie, Paralysie générale).

2) Pyrétothérapie par les dérivés microbiens. – La tuberculine de Koch ne conserve que peu de partisans qui l’utilisent en injections intramusculaires : 2 à 5 gouttes dans 2 cc de sérum.

– Le vaccin antichancrelleux (Dmelcos) est encore employé en raison de la facilité de régler l’hyperthermie.

– Le vaccin antilyphique est, lui aussi, utilisé, à doses progressives, en commençant par 1 goutte en injections intraveineuse.

– Le propidon.

3) Pyrétothérapie par dérivés organiques. – Le lait utilisé en injections intramusculaires, à doses progressives, ou ses dérivés (soluprotine, natro-caséine), d’une part; de nucléinate de soude, d’autre part, ne donnent que des réactions irrégulières, et ne sont plus guère utilisés que de façon accessoire.

4) Pyrétothérapie chimique. – Voici les produits que l’usage a retenus, encore qu’ils soient de moins en moins utilisés :

a) L’huile soufrée (Sulfosin Léo, Thi-lip Aguettant) a connu une grande vouge à laquelle les travaux de H. Claude et ses élèves ont beaucoup contribué. Claude l’a surtout utilisée associée aux injections de sels d’or, pour le traitement des états schizophréniques et des syndromes confusionnels. De nombreux auteurs s’en sont servi comme moyen pyrétothérapique de chimiothérapie arseno-bismutique.

Le traitement comporte habituellement 10 injections intramusculaires à doses croissantes et à partir de 1 cc.

La réaction thermique ne se déclenche généralement qu’au bout de douze à vingt-quatre heures et peut s’étaler sur deux ou trois jours, ce qui nécessite l’espacement des piqûres. Dans l’intervalle, on fait des injections de sels d’or. Lorsqu’on arrive aux fortes doses qui fatiguent le malade, il y a intérêt parfois à faire seulement une injection tous les quatre à cinq jours. Les sels d’or sont injectés dans l’intervalle des injections de soufre.

b) Essence de térébenthine : L’abcès de fixation à l’essence de térébenthine a été beaucoup utilisé, surtout dans les états confusionnels, dont il raccourcissait l’évolution dans un sens favorable.

Technique : 1 à 3 cc sous-cutanés à la face externe de la cuisse.

Il provoque une sensation thermique assez variable (entre 38 et 39 degrés) pendant deux à trois jours. Les inconvénients qu’il présente (douleur très pénible pour le malade, grosse collection purulente, décollement, risques d’infection secondaire) le font éliminer de plus en plus.

c) L’huile térébenthinée, préconisée par Guiraud dans les états confusionnels, ne présente pas les mêmes inconvénients. On utilise de l’huile térébenthinée à 10% ou à 30%. La réaction locale est beaucoup moins intense qu’avec l’essence de térébenthine pure, et il est possible de faire un traitement pyrétothérapique suivi en faisant des injections de 1 à 3 cc tous les six à huit jours.

d) Les métaux en suspension colloïdale, dont le plus utilisé est l’électrargol, ont rendu de grands services dans les états infectieux aigus ou suraigus : délire aigu ou délire aiguisé. Ils s’utilisent par voie intraveineuse à raison d’une dose massive de 30 à 40 cc. C’est la thérapeutique par choc colloïdal. Mais on peut aussi utiliser l’électrargol par petites doses intraveineuses de 5 à 10 cc tous les deux ou trois jours dans les psychoses infectieuses, traînantes et subfébriles.

La pyrétothérapie est une méthode efficace. Photo de GrandQuebec.com.

5) Pyrétothérapie par les méthodes physiques : Une seule méthode doit être retenue : c’est l’électropyrexie qui a deux indications principales : la paralysie générale et certains états schizophréniques.

Moyens utilisés. – La diathermie par les ondes longues (procédé de Neymann de Chicago) nécessitait des précautions difficilement réalisables chez des malades pysiques et n’est plus guère utilisée.

Les ondes hertziennes courtes (moins de 30 mètres de longueur d’ondes) restent le procédé de choix : en effet, elles présentent les avantages suivants :

1. Les électrodes ne sont pas en contact avec le malade.

2. L’échauffement des tissus se fait davantage dans la profondeur. Les températures centrales à obtenir sont de l’ordre de 40 à 40,5 degrés. Cette température serait maintenue pendant deux à trois heures, disent les auteurs français, tandis que les Américains parlent de séances de deux heures. Les statistiques indiquent des résultats comparables ou supérieurs à ceux de paludothérapie, avec un chiffre de décès inférieur.

Schéma des indications thérapeutiques. – La paludothérapie : Elle a pour indication majeure la paralysie générale au début. Elle est aussi préconisée à titre prophylactique dans les syphilis nerveuses avec réactions biologiques irréductibles dans le liquide céphalo-rachidien. Elle a donné des résultats parfois très intéressants dans le tabès, la sclérose en plaques, la névrite optique, la chorée de Sydenham.

Huile soufrée : Elle doit être employée dans la paralysie et générale lorsque la paludothérapie est impossible.

Elle sera associée au traitement arséno-bismuthique. Dans les confusions mentales traînantes et les états schizophréniques, l’huile soufrée sera employée seule ou associée à chrysothérapie.

L’électrargol conserve sa valeur dans les psychoses infectieuses aiguës avec menace de délire aigu.

L’électropyrexie sera surtout employée dans la paralysie générale : moyen thérapeutique plus maniable que le paludisme, il pourrait être appelé à rendre de grands services dans des pays impaludés comme l’Afrique du Nord où la paludothérapie donne des résultats nettement inférieurs à ceux que l’on obtient en France.

Fr. Ramée

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