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Orthorexie

Orthorexie

Orthorexie au Québec

C’est le docteur Steven Bratman qui a été, vers la fin du XXe siècle, le premier à décrire l’orthorexie, dont le nom se compose du grec ortho qui veut dire correct et orexie qui signifie appétit.

L’orthorexie se caractérise par l’obsession de manger sainement. Ce trouble n’est pas considéré comme un trouble du comportement alimentaire,  alors les statistiques sur ce phénomène restent très rares et il n’existe pas de données exactes sur la prévalence de l’orthorexie dans la population. Alors qu’une personne anorexique ou boulimique présente une obsession alimentaire focalisée sur la quantité de la nourriture qu’elle consomme (ou plutôt qu’elle ne consomme pas), une personne orthorexique se focalise sur la qualité et se conforme à un régime alimentaire strict composé d’aliments que l’orthorexique juge être sains, pures et bons pour la santé.

Les personnes souffrant d’orthorexie sont angoissées à l’idée de manger de la nourriture qu’elles jugent mauvaise et elles mettent donc en place des rituels visant à sélectionner et préparer la meilleure alimentation possible. On parle d’orthorexie nerveuse pour les formes les plus sévères de ce trouble et le nombre de personnes en souffrant devient de plus en plus important. Aujourd’hui, cette obsession pour l’alimentation saine a évolué et est devenue un phénomène de société.

Seul un professionnel de la santé peut poser un diagnostic de trouble du comportement alimentaire. Devant la suspicion, le spécialiste de la santé (médecin généraliste, nutritionniste, psychiatre) questionnera la personne sur son régime alimentaire et il évaluera les comportements, les pensées et les émotions de la personne en lien avec le désir de manger des aliments purs et sains. Le spécialiste cherchera la présence d’autres troubles (troubles obsessionnels-compulsifs, dépression, anxiété). Il évaluera également l’impact du trouble sur la vie quotidienne, – par exemple, nombre d’heures passées par jour pour choisir son alimentation, – ou sur sa vie sociale.

Le docteur Bratman a élaboré un test qui permet de connaître le rapport que l’on peut avoir à son alimentation. Il suffit de répondre par « oui » ou « non » aux questions suivantes : passez-vous plus de 3 heures par jour à penser à votre régime alimentaire ? ; planifiez-vous vos repas plusieurs jours à l’avance ? ; êtes-vous récemment devenu plus exigeant(e) avec vous-même ; la valeur nutritionnelle de votre repas est-elle à vos yeux, plus importante que le plaisir de le déguster ? ; La qualité de votre vie s’est-elle dégradée, alors que la qualité de votre nourriture s’est améliorée ? ; Votre amour-propre est-il renforcé par votre volonté de manger sain ? Avez-vous renoncé à des aliments que vous aimiez au profit d’aliments «sains» ? ; Votre régime alimentaire gêne-t-il vos sorties, vous éloignant de votre famille et de vos amis ? ; éprouvez-vous un sentiment de culpabilité dès que vous vous écartez de votre régime ? ; Vous sentez-vous en paix avec vous-même et pensez-vous bien vous contrôler lorsque vous mangez sain ?

Si une personne répond « oui » à 4 ou 5 des 10 questions ci-dessus,  cela signifie que cette personne peut avoir des troubles alimentaires.  Si une personne réponde « oui » à plus de la moitié c’est qu’elle est devenue peut-être orthorexique et il est alors conseillé de se tourner vers un professionnel de la santé afin d’en discuter.

En fait, l’orthorexie répond à l’inquiétude ambiante quant à une potentielle dangerosité des aliments, même ceux qui sont reconnus comme étant bons pour la santé. Par conséquent, une personne qui souffre d’orthorexie peut décrypter les étiquettes alimentaires de manière obsessionnelle. La personne orthorexique sera guidée par ses croyances personnelles vers le régime alimentaire parfait. En découlent de véritables rituels de choix et de préparation des aliments. D’ailleurs, la personne orthorexique a un besoin de contrôle permanent sur son alimentation, ce qui générera de l’anxiété et de la dépression.

Les personnes qui souffrent d’orthorexie peuvent avoir une faible estime d’elles-mêmes, notamment lorsqu’elles « craquent » et n’arrivent pas à se contraindre strictement à leur régime.

Cette obsession de l’alimentation saine prend le contrôle sur le mode de vie et de pensée. Dans les cas les moins sévères, l’orthorexie ne provoquerait pas plus de risque pour la santé que ceux encourus par les personnes qui suivent un régime végétarien (régime excluant la consommation de chair animale) ou végétalien (régime excluant en plus de leur chair, les aliments dérivés et produits par les animaux tels que les œufs et la gélatine).

Poussée à l’extrême, pourtant, l’orthorexie nerveuse peut provoquer la malnutrition et le décès.

L’apparition de carences (vitamines, minéraux, et autres nutriments) est fréquente à cause d’un régime alimentaire trop strict. Ces carences peuvent affecter les muscles (dont le cœur), les os (risque de fragilisation des os voire d’ostéoporose précoce), le fonctionnement hormonal et aussi le cerveau. Une perte de poids importante peut également être observée.

Obsédée par sa quête de l’alimentation parfaite, une personne orthorexique peut s’isoler socialement et perdre l’appétit de vivre.

Les symptômes ou les signes de l’orthorexie sont les suivants : Suivre des règles alimentaires contraignantes pour réduire au maximum sa consommation de sel, de sucre et de matières grasses; classer les aliments par catégories : « bien/sain » ou « mal/malsain »; être obsédé par l’aspect qualitatif des aliments ; considérer la nourriture comme un médicament au détriment du goût ou du plaisir ; passer plusieurs heures par jour à réfléchir sur l’optimisation de son régime ;abuser des compléments alimentaires; décrypter les étiquettes alimentaires en regardant les additifs, les conservateurs et les colorants ; voir cette obsession devenir quasi spirituelle ; réaliser de nombreuses recherches afin de trouver le régime alimentaire idéal ; se contraindre à de véritables rituels : mâcher au moins 50 fois les aliments avant de les avaler, ne pas manger de légumes cueillis depuis plus de quelques heures, cuire 12 minutes précises les haricots à la vapeur afin d’en garder des vertus nutritives; tenir des discours moralisateurs et rigides sur l’alimentation saine.

De nombreux facteurs tels que l’abondance des produits alimentaires, l’omniprésence de conseils alimentaires et les théories hygiénistes auraient une influence sur le développement de l’orthorexie dans cette population.

Enfin, l’orthorexie serait le résultat des conseils alimentaires poussés à l’extrême. Par exemple, le sucre, sans cesse pointé du doigt par les professionnels de la santé, est perçu comme étant mauvais pour la santé. Pour l’orthorexique, il conviendra donc de ne pas en consommer.

Ce trouble n’est pas considéré scientifiquement comme une maladie. Aujourd’hui, dans la société, manger sainement est perçu de manière positive, notamment à cause de l’explosion du nombre de cas d’obésité. Toutefois, dans l’orthorexie, manger sainement est poussé à l’extrême et tourne à l’obsession. L’orthorexie amène une véritable souffrance et impacte le quotidien des personnes atteintes.

Il n’existe pas de recommandations spécifiques pour le traitement de l’orthorexie. Le traitement s’apparenterait à celui proposé pour soigner les autres troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie). Il consisterait à mettre en place un suivi pluridisciplinaire incluant des formes variées d’interventions : évaluation médicale complète, soutien, suivi médical, psychothérapie et dans certains cas médication.

Le traitement passe le plus souvent par une thérapie comportementale et cognitive. Cette thérapie vise à diminuer l’anxiété liée aux obsessions alimentaires et à réduire les compulsions (rituels de choix et de préparation des aliments) provoquées par ces obsessions. Les séances peuvent être composées d’exercices pratiques, la personne se retrouvant confrontée à des situations qu’elle craint, à de la relaxation ou à des jeux de rôles. La thérapie de groupe et la thérapie systémique familiale peuvent être proposées.

La psychothérapie vise en partie à réintégrer la notion de plaisir en mangeant. L’intérêt de la thérapie est d’arriver à ne plus être gouverné par son obsession de manger sain et pur pour reprendre le contrôle de soi en laissant parler ses envies sans culpabiliser.

Pour en apprendre plus visitez les sites Internet :

  • passeportsante.net
  • fna-tca.fr
  • anebquebec.com
  • orthorexia.com (en anglais)
  • enfine.com
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Les hommes peuvent vivre quelques minutes sans respirer, quelques jours sans boire, quelques semaines sans manger et sans penser pendant des années. (Ken Ruth Femme d’affaires américaine, créatrice de Barbie). Illustration : © Megan Jorgensen.

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