Multivitamines
Les multivitamines sont des suppléments qui contiennent une combinaison de plusieurs vitamines et minéraux à doses nutritionnelles. Les multivitamines contiennent une concentration de nutriments correspondant à environ de 0,5 à 2 fois les apports nutritionnels recommandés (il y existe d’autres types de multivitamines qui contiennent des doses beaucoup plus élevées, mais leur usage demande le suivi d’un professionnel de la santé).
Plusieurs experts concluent que, par mesure de prudence, tous les adultes devraient prendre quotidiennement une multivitamine afin de prévenir certaines maladies comme le cancer, les maladies cardiovasculaires et l’ostéoporose. En effet, selon eux, le régime alimentaire d’une bonne partie de la population canadienne ne fournit pas les quantités optimales de vitamines et minéraux nécessaires au maintien d’une bonne santé. Selon ces experts, les suppléments de multivitamines constituent un moyen économique et sécuritaire de combler les besoins.
Les autorités médicales canadiennes et mondiale sont toutefois moins convaincues sur l’effet des multivitamines, mais selon le National Institute of Health des États-Unis, si l’ensemble des données ne permet pas de recommander d’en prendre, ces données ne permettent pas non plus de déconseiller les multivitamines.
D’ailleurs, curieusement, les experts de la School of Public Health de l’Université de Californie ont conclu que les gens qui prennent des multivitamines sont généralement ceux qui en ont le moins besoin.
Par contre, ces experts recommandent que les catégories suivantes des gens prennent des multivitamines: gens âgés de plus de 60 ans, femmes en âge d’avoir un enfant, végétaliens (gens au régime végétarien strict, sans aucun produit animal), gros fumeurs et gros buveurs, ainsi que les gens suivant un régime amaigrissant ou les gens dont le régime alimentaire n’est pas équilibré.
Au chapitre des vitamines et des minéraux, les autorités médicales établissent des apports nutritionnels de référence (ANREF) qui servent de guide en matière de nutrition et de santé. Bien que ces données soient fondées sur des données scientifiques, il faut admettre que le processus qui permet de les fixer est pour l’instant loin d’être une science exacte. Les données sont régulièrement revues et modifiées à la hausse ou à la baisse. D’ailleurs, les recommandations des experts varient d’un pays à l’autre.
Au cours des dernières années, les résultats de plusieurs études épidémiologiques et cliniques de longue durée sur l’effet des multivitamines ont été publiés. Dans l’ensemble, ils ne sont pas concluants.
Notons aussi que chez les femmes, les études épidémiologiques de grande envergure les plus récentes indiquent que la prise de multivitamines durant 10 ans n’a pas eu d’effet positif ou négatif sur le risque de cancer colorectal ni sur le risque de cancer de la peau chez les femmes.
En ce qui concerne le risque de cancer de la prostate, les données diffèrent: certaines données pointent vers un risque accru chez les consommateurs de multivitamines, d’autres pointent vers un impact nul. C’est principalement au zinc contenu dans les suppléments et les multivitamines qu’on associe ce lien potentiel avec un cancer avancé ou fatal de la prostate. La prise de hautes doses de multivitamines et d’autres suppléments est aussi mise en cause.
Dans le cadre d’une étude d’observation, on a suivi des patients atteints de cancer du côlon de stade III, durant un traitement post-chirurgical de chimiothérapie et 6 mois après. Il n’y a pas eu de différence de mortalité ou de progression du cancer entre les personnes ayant pris des multivitamines durant cette période et celles qui n’en ont pas pris.
Le volet épidémiologique de la Women’s Health Initiative Study a suivi des femmes postménopausées. Les résultats indiquent qu’il n’y a pas eu de corrélation entre la prise de multivitamines durant 8 ans et le risque de maladies cardiovasculaires chez les femmes postménopausées. Par contre, un suivi de longue durée a été fait auprès des Suédoises de 49 ans et plus. Les participantes qui étaient bonne santé au début de l’étude et qui ont pris des multivitamines ont vu diminuer de 27 % leur risque de subir un infarctus, comparativement à celles qui n’en avaient pas pris. Les femmes qui en avaient pris durant moins de 5 ans bénéficiaient d’une réduction du risque de l’ordre de 18 %, tandis que cette proportion grimpait à 40 % chez celles qui en avaient pris durant 10 ans. On n’a cependant vu aucun effet notable des multivitamines chez les femmes qui avaient déjà eu des troubles cardiovasculaires avant le début de l’étude.
Certaines sources estiment que les personnes âgées sont celles qui ont le plus besoin de prendre des multivitamines à cause, notamment, d’un régime alimentaire inadéquat (manque d’appétit, difficulté de mastication, solitude, etc.) et d’une mauvaise absorption des nutriments.
Dans l’ensemble, la prise de multivitamines ne semble pas avoir d’effet préventif sur les infections respiratoires chez les personnes âgées. Toutefois, au cours d’un essai auprès de 130 sujets de 45 ans à 64 ans, les participants souffrant de diabète ayant pris durant un an une multivitamine ont eu nettement moins d’infections respiratoires et de grippes que les sujets diabétiques non traités.
Prévention de la cataracte. Au cours d’un essai clinique mené en Chine, 2 141 personnes âgées de 45 ans à 74 ans ont pris chaque jour durant 5 ans soit un placebo, soit deux capsules de multivitamines et 15 mg de bêta-carotène. Chez les personnes de 65 ans à 74 ans, il y a eu nettement moins de cataractes que chez celles du groupe placebo. On ne sait pas si ces résultats peuvent être extrapolés à une population différente.
Un essai plus récent mené en Italie a suivi 1 020 personnes de 55 ans à 75 ans durant 9 ans; les participants n’avaient pas de cataracte ou avaient un début de cataracte au début de l’étude. La prise d’une multivitamine a donné des résultats mitigés: d’une part, dans le groupe traité, il y a eu globalement moins de cataractes que dans le groupe placebo. Cependant, l’analyse des sous-types de cataractes a montré une baisse pour certains, mais une nette augmentation (jusqu’à 2 fois plus) pour d’autres.
Diabète. Selon une étude épidémiologique récente ayant suivi 232 000 sujets âgés, la prise de multivitamines n’est pas associée à une réduction du risque de diabète dans cette population, que l’usage soit faible (1 fois par semaine) ou fréquent (7 fois par semaine).
Allergies. Chez les enfants, la prise de multivitamines durant les premières années de vie pourrait réduire le risque de souffrir d’allergies à l’âge scolaire, selon une étude épidémiologique faite auprès de 2 423 enfants américains.
Performance scolaire. Des enfants fréquentant l’école primaire aux États-Unis ont pris des multivitamines ou un placebo durant l’année scolaire. Il n’y a pas eu de différence entre les deux groupes au chapitre des résultats à un examen, des notes durant l’année scolaire et du nombre de jours d’absence.
Précautions : Les multivitamines contenant l’équivalent des apports nutritionnels recommandés sont sans danger. Il faut cependant savoir que la plupart des multivitamines contiennent du fer, un minéral qui, sous forme de supplément, n’est pas souhaitable pour les hommes, ni pour les femmes qui n’ont plus de menstruations. Des experts déconseillent de prendre une multivitamine contenant du fer, à moins qu’un test sanguin ait établi une carence.
Pour la vitamine A, il faut vérifier la teneur en vitamine A des multivitamines: un excès, même léger, de cette vitamine, soit plus de 3 000 UI par jour à long terme, peut entraîner un risque accru de fractures, notamment chez les femmes en ménopause41. Cette précaution ne concerne que la vitamine A: elle ne s’applique pas au bêta-carotène.
Pour des raisons de taille de comprimés, la majorité des suppléments de multivitamines et minéraux ne renferment pas l’apport nutritionnel recommandé de calcium.

« Heureux celui qui joint la santé à l’intelligence. » Ménandre, poète comique grec. Image : © GrandQuebec.com.
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