
Menthe au Québec
Connue depuis l’antiquité a menthe (de son nom scientifique Mentha, une plante de la famille des labiées ou lamiacées) est célèbre par ses qualités rafraîchissantes l’été et réconfortante l’hiver.
Origine
Dans la littérature en langue française, le terme menthe apparaît en 1275. Ce terme vient du latin mentha, qui l’a emprunté au grec minthê. La légende veut que ce fût, à l’origine, le nom d’une nymphe que le dieu Hadès pourchassait de ses assiduités. Mais, l’épouse d’Hadès ne l’entendait pas de cette manière et fit le projet de tuer la jeune Menthe, qu’Hadès sauva en la transformant en plante.
On sait que la plante viendrait d’une vaste région englobant le Nord de l’Afrique, le bassin méditerranéen et l’Ouest de l’Asie. Elle était donc connue des Hébreux, des Égyptiens, des Grecs et des Romains. En Europe, on la cultivait dans les jardins des couvents et des monastères d’Europe. On sait aussi les différentes espèces de menthe se croisent facilement entre elles et donnent naissance à de nombreux hybrides naturels. Par exemple, la menthe poivrée est l’un de ces hybrides; elle serait née spontanément du croisement entre la menthe aquatique et la menthe verte et aurait été cultivée pour la première fois en Angleterre au XVIIIe siècle, puis dans le reste de l’Europe et en Afrique du Nord.
Aujourd’hui, on cultive à grande échelle la menthe poivrée et la menthe verte, mais d’autres espèces sont produites de façon marginale.
Consommation et bienfaits
On peut la consommer en infusion, l’ajouter à la soupe, aux pommes de terre, aux petits pois, à certaines salades… On consomme des feuilles de cette plante, ainsi que l’huile essentielle extraite de cette plante.
L’apport de cette fine herbe en antioxydants et en plusieurs autres éléments en fait un assaisonnement santé.
En fait, les fines herbes ne sont pas consommées en grande quantité. Utilisées habituellement comme assaisonnements, elles ne procurent pas tous les bienfaits santé qui leur sont attribués, mais leur ajout de façon régulière et significative aux aliments permet de contribuera l’apport en antioxydants.
Par contre, lorsque la feuille de menthe poivrée est consommée en infusion, 75 % de ses composés phénoliques se retrouvent dans la tisane et les infusions de feuilles de menthe conservent donc une bonne partie de leurs capacités antioxydantes. Plus spécifiquement, les principaux composés antioxydants de la menthe poivrée seraient l’acide rosmarinique ainsi que différents flavonoïdes.
Des études ont démontré que la menthe des champs retardait l’oxydation du cholestérol LDL (mauvais cholestérol). Rappelons que l’oxydation du cholestérol LDL dans le sang est un facteur de risque important de maladies cardiovasculaires.
La capacité de la menthe des champs d’empêcher le processus d’oxydation serait supérieure à celle de neuf autres végétaux, telles la patate douce et la papaye.
La menthe verte fraîche ou séchée est une source de fer qui joue un rôle important dans notre organisme. Il est à noter cependant que le fer contenu dans la menthe, tout comme dans les autres végétaux, n’est pas aussi bien absorbé par l’organisme que le fer contenu dans les aliments d’origine animale. Toutefois, l’absorption du fer des végétaux est favorisée si on le consomme avec certains nutriments comme la vitamine C.
La menthe verte séchée est une source de manganèse. Le manganèse agit comme cofacteur de plusieurs enzymes qui facilitent une douzaine de différents processus métabolique et il participe à la prévention des dommages causés par les radicaux libres.
La menthe fraîche contient des quantités non négligeables de vitamine K qui est nécessaire entre autres à la coagulation du sang.
C’est la menthe verte qui est la plus couramment employée en cuisine et c’est donc surtout elle qu’on trouve dans le commerce. Ses feuilles devraient être bien fraîches, vertes, sans taches ni jaunissement.
Précautions
La tisane de menthe devrait préférablement être consommée au moins une heure avant ou après un repas, afin de permettre l’absorption optimale du fer contenu dans ce repas. Cela est particulièrement important pour les gens ayant des besoins plus élevés en fer (anémie, grossesse, allaitement, etc.).
D’ailleurs, Santé Canada recommande aux femmes enceintes de faire preuve de modération quant à la consommation de différentes tisanes, telles les tisanes ou infusions à la menthe. Les femmes devraient consommer ces produits avec prudence et examiner d’un œil critique l’information relative à leurs bienfaits allégués. Quoique la menthe en tisane ou en infusion soit communément utilisée contre les vomissements matinaux, elle ne devrait pas être consommée dans le premier trimestre de la grossesse, à moins d’être médicalement indiquée.
Notons également que le mot « menthe » peut désigner des plantes appartenant à un tout autre genre botanique. Ainsi en est-il de la menthe vietnamienne, qui désigne tantôt une espèce de menthe, tantôt une polygonacée. Quant à la menthe coq, il s’agit d’une balsamite, tandis que la menthe des chats est en fait la cataire.
De nombreuses menthes hybrides ne produisent pas de graines.
Conservation
La menthe fraîche peut se conserver de quelques jours à une semaine au réfrigérateur. La manière la plus efficace de conserver les feuilles consiste à les envelopper dans un papier essuie-tout humide qu’on place ensuite dans un sachet de plastique. On peut les congeler en les étalant sur une plaque avant de les enfermer dans un sac de plastique. On peut les hacher et les mettre dans un bac à glaçons avec de l’eau. La menthe séchée se conservera dans un contenant hermétique au frais, au sec et à l’abri de la lumière.
On peut facilement faire sécher ses surplus de menthe fraîche en débarrassant les tiges de leurs feuilles et en mettant ces dernières sur une toile moustiquaire de nylon. Ne les réduire en poudre qu’au moment de s’en servir afin qu’elles préservent leur arôme plus longtemps.
On peut conserver la menthe macérée : hacher les feuilles et les mettre dans de l’huile ou du vinaigre. Laisser macérer une ou deux semaines, puis filtrer.
Jardinage biologique
Les semences ne donnent pas toujours de bons résultats. C’est pourquoi on propage habituellement les menthes par voie végétative : division des racines ou des plants, plantation de rhizomes. Au Québec, plusieurs centres de jardinage offrent des plants de diverses variétés.
Pour planter une menthe, il faut choisir un endroit humide, mais qui s’égoutte bien, dans une partie partiellement ombragée du jardin. La menthe se répand rapidement et peut devenir envahissante. On pourra la contenir en la plantant dans de grands pots ou en la cernant avec une bande de métal enfoncée de 5 cm à 10 cm dans le sol et dépassant de 12 cm à 15 cm. On recommande de la changer de place aux trois ou quatre ans et diviser les racines au printemps ou à l’automne.
On peut récolter des feuilles tout au long de la saison, mais la récolte principale se fera lorsque les plantes commencent à fleurir.
Écologie et environnement
La menthe contre le charançon : la menthone, un des constituants de la menthe des champs, peutt remplacer les fumigants chimiques utilisés dans la lutte contre le charançon du riz, un insecte qui cause des dégâts importants dans les entrepôts de riz, de blé et de farine. La menthone ne laisse aucun résidu toxique, n’affecte pas la qualité du grain, n’est ni inflammable ni corrosive et peut facilement être évacuée par la ventilation.
Des chercheurs indiens ont découvert que l’essence de menthe pouvait repousser et tuer des insectes. Il suffit de l’épandre sur les mares dans lesquelles se reproduisent les adultes pour qu’en l’espace d’une journée, 85 % des larves soient détruites. Bien que les quantités nécessaires pour traiter les régions infestées soient élevées, la menthe présente l’avantage d’être très facile à cultiver.
Selon les chercheurs, l’essence de menthe pourrait également protéger contre le virus du Nil, la filariose et la dengue, toutes des maladies transmises par les piqûres de moustiques.
Menthe fraîche. Photo : © GrandQuebec.com.
Menthe sèche. Photo : © Grandquebec.com.
Références et bibliographie :
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