Ludique en psychologie
On donne le nom de ludique à des modes d’activité cérébrale (langage, mimique, comportements), sans utilité pratique, inadaptés aux conditions du milieu ou du moment et auxquels s’adonnent, souvent avec complaisance, certains sujets qui semblent ne s’inspirer que de leurs caprices et de leurs fantaisies, à la manière d’un jeu, d’un amusement.
L’activité ludique représente un mode de contact gratuit avec les objets, destiné à la libre expression des tendances instinctives, sans aucun contrôle d’efficacité pragmatique. La répétition se manifeste avec prédilection dans l’activité ludique.
Le jeu résume toute l’activité psychomotrice exubérante et un peu désordonnée du jeune enfant ; dans le jeu, l’enfant exprime ses pensées, ses affects ; il les vit en agissant. Ainsi s’explique, comme l’a fait remarquer Parcheminey, le succès de la méthode du jeu dans la psychanalyse infantile qui demande à l’enfant d’agir au lieu de remémorer.
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Mais, à mesure que son intelligence et son esprit d’observation s’éveillent, cette activité se discipline. Elle s’oriente vers des fins pragmatiques et s’adapte, l’éducation aidant, aux exigences de la vie journalière et collective. Le jeu libre se réduit alors à un simple passe-temps qui, lui-même, s’organise et prend ses règles (« la règle du jeu »).
Chez l’adolescent et l’adulte, l’activité ludique peut persister. Ou encore reparaître chaque fois que la maturation de l’esprit est insuffisante (arriération ou débilité mentale). Chaque fois que l’équilibre psychique s’établit mal. (Prédominance de l’imagination avec manifestations pithiatiques, mythomanie, hypomanie). Ou bien lorsque la synthèse de la personnalité se fait mal. Tend à se dissocier (schizoïdie, schizophrénie) ou à régresser et se désagréger (détérioration démentielle).
Comme exemples d’activité ludique, citons certains maniérismes de débiles mentaux. Le « puérilisme mental » quelle qu’en soit l’origine, les bizarreries et les extravagances de certains schizophrènes. L’activité ludique type est réalisée par les grands maniaques avec leurs plaisanteries et leurs facéties et le dérèglement de leur humeur. Les paralytiques généraux au début avec leur incongruité et leur hypomanie se livrent souvent à des fantaisies bien intempestives avec perte du self control. Enfin dans la démence sénile, les presbyophrénes ont souvent des activités et des bavardages d’une pauvreté et d’une fantaisie inconsciente.
Il faut ajouter à toute cette série d’altérations réelles de la personnalité. Donc les cas où la perturbation n’est que factice et superficielle. Hesnard et Antoine Porot les ont décrit sous le nom de syndromes expressionnels. En fait, mises en scène hystériques, comédies jouées par les simulateurs.
Ant. Porot (tiré du Manuel de psychiatrie, Paris, 1957).

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