La gymnastique

La gymnastique appliquée aux travaux du ménage et de la cuisine

La gymnastique appliquée : Nous proposons au lecteur un article que le quotidien La Presse offrait aux ménagères dans son édition du 20 décembre 1902. Il s’agit d’un véritable traité de gymnastique et de morphologie appliquées aux travaux ménagers.

Une femme de tact peut, dans les divers travaux du ménage, et jusque dans les petites besognes de la cuisine, pratiquer des exercices de gymnastique propres à cultiver sa beauté physique, tandis qu’une autre femme, moins bien avisée dans l’accomplissement journalier de la même tâche, ruinera petit à petit l’élégance de sa structure.

Si l’on pense au nombre inouï de mouvements que doit exécuter une femme de ménage active, depuis le saut du lit jusqu’au coucher, on peut se faire une juste idée des résultats bons ou mauvais provenant de cette incessant gymnastique, selon qu’elle est bien ou mal faite.

Il n’est pas donné à toutes les femmes de consacrer quotidiennement une heure ou deux aux exercices particulièrement ordonnés en vue de conserver aux membres leur élasticité, de leur donner plus de souplesse ou de développer la vigueur de tout le corps et la beauté des formes.

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Cependant chacune, avec un peu d’attention, peut obtenir de bons effets, en s’efforçant de chercher toujours, dans l’accomplissement des divers travaux de ménage même, les poses qui laissent le plus d’aisance aux mouvements. C’est une façon intelligente de ménager ses forces et d’accomplir une plus grande somme de travail avec moins de fatigue.

Chaque fois que la besogne vous oblige à rester debout, sachez vous planter droit sur les jambes, de manière à faire peser également sur chaque pied le poids du corps; si vous devez vous pencher, inclinez le buste sans courber l’échine, c’est-à-dire, fléchissez la taille sans ramener les épaules en avant, et tant que dure le jour, vous marchez, allant, venant, par la maison. Sans perdre de temps, surveillez votre démarche, vous y gagnerez une élégance de port que vous saurez apprécier.

Le colonel Amoros, fondateur d’un système de gymnastique, a dit que « la gymnastique est la science raisonnée de nos mouvements, de leurs rapports avec nos sens, avec notre intelligence, nos sentiments, nos mœurs et le développement de toutes nos facultés. »

Quel qu’exagérée que soit cette définition, elle n’en contient pas moins des vérités : il y a de tout cela dans la gymnastique.

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Le Gym. Photo : © GrandQuebec.com.

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« Les exercices de la gymnastique, des plus simples aux plus compliqués, ont le même but: faciliter le jeu des organes nécessaires à l’entretien de la vie, favoriser le développement du corps, consolider l’ossature, former la constitution. Non seulement les membres fréquemment exercés deviennent plus vigoureux, plus agiles, les tendons plus souples, mais l’économie du corps humain étant une, l’activité communiquée à l’une des fonctions profite à toutes les autres.

La circulation devenue plus active, répartit également les matériaux nutritifs. Elle empêche donc que certaines parties absorbent la nourriture des autres. La respiration, la digestion deviennent plus rapides. Par la suite la déperdition des forces exigeant une réparation, l’appétit prend une vitalité nouvelle. Tels sont les résultats hygiéniques de la gymnastique; ils s’étendent plus loin encore.

L’inaction a pour conséquence fatale l’atrophie de certains muscles. De plus, l’inaptitude des membres aux fonctions correspondantes. Au ralentissement de la circulation correspond l’affaiblissement du cerveau, cause de décadence pour tout l’organisme. Aussi bien pour les facultés intellectuelles que pour les forces musculaires. »

Voilà bien qui démontre la nécessité de la gymnastique et la part qu’il faut lui donner dans la vie. Si la gymnastique est la science raisonnée de nos mouvements. Ne peut-on pas, en raisonnant chacun de nos habituels mouvements, en tirer tous les avantages d’exercices coordonnées ? Cela est certain. Ainsi pour obtenir ce résultat, une femme intelligente n’a pas besoin de maître, son tact la guidera sûrement.

(Publié le 20 décembre 1902).

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