Gomme de sapin
Depuis la plus haute antiquité et sur tous les continents, les usages connus des résines et des baumes véritables de diverses origines sont multiples. Les propriétés de la gomme de sapin sont diverses : mucolytique (fait dissoudre le mucus), anti-infectieuse, cicatrisante, digestive, asceptisante et anti-inflammatoire. Grâce à ces propriétés, on l’emploie surtout pour les troubles respiratoires et digestifs à l’interne et pour désinfecter et cicatriser les plaies en externe.
Au Québec, ce sont les Amérindiens qui ont initié les colons français aux multiples usages qu’ils faisaient de la gomme de sapin : remède contre la grippe, le scorbut, les coupures et les brûlures, et, dans un autre ordre d’idées, scellant pour divers contenants ainsi que pour les canots d’écorce.
On croit que les propriétés antiscorbutiques du sapin baumier ont été enseignées à Jacques Cartier par Donnacona, le chef des Hurons-Wandats de Stadakona (Québec). En effet, lorsque Jacques Cartier aborda les côtes du Québec pour la première fois en 1534, les deux-tiers de hommes étaient morts du scorbut et ceux qui restaient n’en menaient vraiment pas large.
Donnacona prépara une infusion de sapinage pour les marins, leur indiquant comment la préparer à leur tour afin qu’ils puissent poursuivre leur traitement aussi longtemps que nécessaire. C’est ce qui les sauva (en passant, d’aucuns affirment qu’il s’agissait d’une autre espèce de sapin, voire de pin, mais c’est là une discussion quelque peu oiseuse puisque, dans les faits, tous les conifères sont riches à la fois en vitamine C et en bioflavonoïdes, substances qui favorisent grandement l’absorption de cette vitamine (appelée aussi « acide ascorbique », c’est-à-dire « qui combat le scorbut »).
La gomme de sapin était l’un des articles essentiels de la médecine populaire des Canadiens français, selon le frère Marie-Victorin, auteur de l’ouvrage de référence La Flore laurentienne. La récolte de la gomme de sapin est devenue une activité dont les coureurs des bois et les trappeurs ont su tirer un revenu d’appoint saisonnier. À l’époque de l’intendant Jean Talon, la résine servait également à la fabrication de chaussures et à la construction de bateaux.
À la fin du XIXe siècle, on utilisait encore la térébenthine dans les hôpitaux du Québec, comme en témoigne le Traité élémentaire de matière médicale des sœurs de la Providence, dans l’édition de 1890. Excitante et, à hautes doses, purgative, la térébenthine avait une action surtout sur l’appareil urinaire et les muqueuses des voies respiratoires. Elle était très populaire, employée en emplâtre ou en onguent, sur les coupures, les vieux ulcères, les parties affectées de rhumatismes, les douleurs aux reins, etc.
Plus tard, elle servira aussi à vernir les violons.
Aujourd’hui, en raison de son indice de réfraction de la lumière identique à celui du verre, la gomme de sapin est très recherchée à travers le monde pour coller les lentilles optiques de haute précision ou pour fabriquer des lamelles de microscope. On l’utilise en dentisterie pour le traitement de canal. On en trouve dans certains dentifrices de même que dans des vernis et des peintures.
Au chapitre médicinal, on connaît les usages de la térébenthine, substance distillée à partir de la gomme de divers conifères, dont le sapin baumier et le pin. On en tire la résine qui est vendue localement comme remède naturel et sur les marchés internationaux pour divers usages industriels. La résine de sapin baumier est commercialisée sous les appellations de baume du Canada, baume de sapin ou térébenthine du Canada.
Au Québec, la récolte artisanale de la gomme de sapin fait l’objet d’un petit commerce saisonnier. Crée par Jean-Jacques Fortin à Baie-St-Paul, Les Gommes de sapin du Québec Inc. offre plusieurs produits disponibles provenant du sapin baumier québécois : Pulmo clean (capsules de sapin et tisane d’épinette rouge pour nettoyer les poumons), formule sirop de sapin et échinacée, gomme de sapin, sapin baumier).
Rhumatisme articulaire aigu
Fréquemment décrites autrefois, les manifestations psychopathiques au cours du rhumatisme sont devenues rares aujourd’hui depuis l’emploi précoce et systématique du salicylate de soude et, surtout, aujourd’hui, de la cortisone et de ses dérives, mais on en rencontre encore quelquefois. On a cependant rapporté quelques observations de troubles psychiques en ces dernières années (Dupré et Kahn, Targowla, Lhermitte et Ajuriaguerra, Meignant et Arnold).
On peut grouper les faits cliniques observés de la façon suivante :
1) Attaque de rhumatisme cérébral aigu ou subaigu, tuant généralement en moins de vingt-quatre heures : parfois foudroyant (une heure dans le cas célèbre de Trousseau); il s’agit alors d’un tableau de délire intense (v. Délire aigu). On a parfois signalé la rétrocession des fluxions articulaires à cette occasion.
2) Des psychoses subaiguës survenant au cours de l’évolution du rhumatisme avec ou sans endocardite d’une durée de quelques jours à quelques semaines, présentant tous les aspects de la confusion mentale simple ou onirique et d’un pronostic favorable. Chez l’enfant, il s’y associe souvent des mouvements choréiques.
La douleur est un grand maître… Elle nous apprend qu’on est vivant (Dominique Lévy-Chédeville, écrivain belge). Photo ElenaB.
3) On a pu voir survenir des troubles mentaux de gravité variable par poussées subfébriles plus ou moins embrumées de confusion avec une note anxieuse particulière alternant avec d’autres déterminations articulaires ou viscérales de rhumatisme (Meignant et Arnold). M. Targowla a insisté sur la parenté clinique de certaines psychoses anxieuses aiguës fébriles avec le rhumatisme. Il les considère comme des manifestations cérébrales de la maladie de Bouillaud ; ces encéphalites diffuses réagissent bien au traitement salicylé.
4) Parfois, au cours d’une endocardite rhumatismale, on peut avoir des embolies cérébrales que provoquent un état passager de confusion mentale traduisant une lésion au foyer.
Rappelons que le salicylate de soude à hautes doses peut provoquer des explosions délirantes assez vives (délire salicylé) ; mais elles n’éclatent qu’après la défervescence et en pleine apyrexie ; hormis ce cas, le traitement salicylé mais surtout la cortisone et ses dérivés gardent toutes leurs indications dans les psychoses rhumatismales.

Voir aussi :