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Débat sur la chiropratique

Débat sur la chiropratique

Vote ouvert au débat sur la chiropratique

Québec, 22 janvier 1953. L’Assemblée législative sera appelée à prendre un vote ouvert sur le bill proposant de légaliser la chiropratique dans la province de Québec.

Le premier ministre Maurice Duplessis a proposé le vote ouvert, après un long débat au comité des bills publics de l’Assemblée, sur un bill pour incorporer l’Association des chiropraticiens de la province de Québec.

Le chiropratique, admise en Ontario et dans les province de l’ouest, n’a jamais été légalisée dans le Québec et les pétionairs se sont présentés depuis de nombreuses années pour faire reconnaître leur « art ».

Selon la coutume, le débat sur ce bill a été entièrement libre et les médecins ont ridiculisé les théories des « manipulateurs spinaux » et l’avocat des pétitionnaires a dit que la popularité dont jouissent les chiropraticiens dans la province est une preuve de leur utilité.

Quelques-uns des arguments qui ont marqué les discussions des années passées ont été répétés lors du débat d’aujourd’hui, qui prit un aspect sérieux lorsque le premier ministre et le ministre du Bien-être social, l’honorable P. Sauvé, ont dit qu’ils croyaient que certains chiropraticiens « possèdent indéniablement un réel talent. »

MM. Duplessis et Sauvé semblent favorables

Des observateurs croient qu’en reportant le bill à la Chambre pour y être discuté et voté librement, le comité a donné aux chiropraticiens 50 chances contre 50 d’obtenir la reconnaissance légale qu’ils réclament.

Monsieur Sauvé a révélé au cours de la discussion du bill qu’il porte au pied droit un talon d’un quart de pouce plus élevé que l’autre, depuis qu’il s’est fait soigner par un ostéopathe.

Il a souffert d’atroces douleurs dans le dons pendant des années. Les médecins lui avaient dit qu’il devrait subir une opération compliquée pour déterminer si, oui ou non, une déviation de son épine dorsale s’était développée.

Après que l’opération proposée lui eût été décrite, il ne s’est pas cru « assez brave », dit-il, et un ami lui a suggéré d’aller voir un ostéopathe.

L’homme l’a examiné puis a suggéré qu’il porte un talon plus haut à sa chaussure droite.

« Tout ce que je sais, c’est je ne souffre plus du mal de dos depuis, » dit M. Sauvé.

Les médecins qui sont membres de l’Assemblée ont pris part au débat.

Deux ministres discutent

Monsieur Sauvé a reçu une amicale réprimande de la part d’un confrère du cabinet, le Dr. Arthur Leclerc, ministre sans portefeuille, qui a dit que le danger de légaliser la chiropratique réside dans l’idée que « tout peut être soigné par des manipulations de l’épine dorsale. »

L’honorable Leclerc dit qu’il a connu plusieurs cas de patients souffrant d’ulcères d’estomac, de tuberculose et autres maladies, qui ont reçu des « traitements » de la part des chiropraticiens, se sont « sentis mieux », mais sont morts.

La difficulté, dit-il, c’est que les chiropraticiens ne peuvent diagnostiquer et ne savent pas quand c’est le temps de donner des traitements scientifiques au lieu des massages.

Lorsqu’il devint évident que le comité favorisait un débat ouvert sur la chiropratique, des médecins ont déclaré que les chiropraticiens devraient au moins étudier d’abord la médecine et ensuite se spécialiser dans « la manipulation de l’espine dorsale », s’ils le désirent.

« Monopole de la médecine ? »

Lorsqu’un médecin a dit que les médecins connaissent mieux que les chiropraticiens la façon de masser l’épine dorsale, M. Duplessis répliqua que ce travail est fait pour une grande part par les gardes-malades et les techniciens des hôpitaux.

Il a ajouté que lorsqu’il a souffert d’une blessure à l’épine dorsale, en janvier 1952, c’est une garde-malade qui lui a donné ses traitements, et non un médecin.

Monsieur Dave Rochon, député libéral de Montréal-St-Louis, a révélé qu’il a eu recours, ainsi que sa famille, aux soins d’une ostéopathe.

L’animateur du débat était Maître Victor Trépanier, avocat de Québec qui soumet la pétition des chiropraticiens depuis plusieurs années.

Il a dit que le corps humain est « trop compliqué » pour que les médecins prétendent en connaître seuls les mystères.

« Le public a quelque chose à dire à ce sujet, l’état aussi, mais les médecins n’ont rien à dire, » dit M. Trépanier, qui a accusé les médecins de vouloir se « cramponner à leur monopole ».

Reconnaissance limitée ?

Maître Jean Trudel, avocat pour le Collège des médecins-chirurgiens de la province, a nié que les médecins veuillent exercer un monopole. Il a dit que la profession médicale est opposée au bill non pour protéger les médecins, mais le public.

Tous les médecins du comité ont dit qu’ils ne s’opposeraient pas à la reconnaissance de la chiropratique, à condition qu’elle le fût sous une législation plus restreinte.

Monsieur Sauvé croit également que les pouvoirs réclamés dans le bill sont trop vastes, mais il pense que la Législature peut trouver quelque moyen d’accorder un rôle aux chiropraticiens.

(Texte publié le 23 janvier 1953).

Bienvenue dans ce laboratoire à peine plus fou que le reste de la planète (Jean-Jacques Girardot). Photo : Megan Jorgensen.
Bienvenue dans ce laboratoire à peine plus fou que le reste de la planète (Jean-Jacques Girardot). Photo : Chripracticiennes. Megan Jorgensen.

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