Aliment fonctionnel
Qu’est-ce qu’un aliment fonctionnel? Il s’agit d’un concept assez large qui fait référence à des milliers de produits à travers le monde. Ainsi, vous avez sûrement consommé des aliments fonctionnels sans le savoir : les canneberges, les graines de lin, les œufs oméga-3, le yogourt avec bactéries actives, le pain au son d’avoine et le jus d’orange enrichi en calcium et le pain en sont tous.
Santé Canada définit l’aliment fonctionnel de la façon suivante : « Aliment semblable en apparence à un aliment conventionnel ou un aliment conventionnel. Il fait partie de l’alimentation normale et il a été démontré qu’il procure, au-delà des fonctions nutritionnelles de base, des bienfaits physiologiques précisés par la documentation scientifique et qu’il réduit le risque de maladies chroniques ».
Notons que le terme aliment fonctionnel a supplanté le terme « alicament », utilisé notamment en France, ainsi que les termes pharmafood, medifood, vitafood, etc. Aujourd’hui, ce terme fait l’unanimité, après plusieurs années de valse-hésitation.
Pourtant, le terme « nutraceutique », selon la définition de Santé Canada, ne désigne pas un aliment, mais plutôt une substance extraite d’un aliment et vendue sous forme de supplément, notamment sous forme de pilules ou de poudres, ou sous d’autres formes médicinales qui ne sont pas généralement associées à des aliments. Ces produits nutraceutiques se sont avérés efficaces en raison de leur un effet physiologique bénéfique. Par exemple, les suppléments de lycopène tirés de la tomate ou les isoflavones extraites du soya sont des nutraceutiques.
Par contre, ce qui fait la particularité d’un aliment fonctionnel, c’est son aspect santé.
L’oignon, le brocoli, les poissons gras, l’huile d’olive sont donc des aliments fonctionnels, car ils renferment plusieurs composés bénéfiques pour la santé, tels que les sulforafanes, les flavonoïdes ou les oméga-3. On peut les qualifier d’aliments fonctionnels par nature ou encore d’aliments fonctionnels intrinsèques.
Il y existe également des aliments fonctionnels par ajout, nommés aussi aliments fonctionnels extrinsèques. Ce sont des produits alimentaires dans lesquels ont a ajouté un ingrédient qui procure un avantage santé supplémentaire.
Il ne s’agit cependant pas des aliments systématiquement enrichis, comme dans le cas du lait enrichi en vitamine D et A, su sel enrichi en iode, de la farine ou des pâtes alimentaires, car ces produits ont été enrichis pour prévenir une potentielle carence en ces nutriments, souvent perdus au raffinage, plutôt que pour prévenir une maladie ou au moins procurer un bienfait santé supplémentaire.
En général, aujourd’hui on considère qu’un aliment naturel est aliment fonctionnel si l’un des composants a été naturellement augmenté par le biais de techniques de culture. Par exemple, les œufs oméga-3 ou une variété de fraises plus riches en antioxydants qui a été créée au Québec.
Est considéré aliment fonctionnel un aliment auquel on a ajouté un composé bénéfique. Par exemple, les jus de fruits enrichis en calcium et les laits enrichis en oméga-3 entrent dans cette catégorie. Les aliments dont on a retiré un composé afin d’en réduire les effets nocifs sur la santé, sont aussi des aliments fonctionnels (les craquelins et biscuits sans gras trans sont de ce type).
On inclue dans la catégorie un aliment dans lequel on a modifié chimiquement un composé pour améliorer la santé ( l’hydrolysation des protéines dans les formules pour nourrissons permet d’en réduire le potentiel allergène et ce produit est donc considéré aliment fonctionnel). Un aliment dans lequel la biodisponibilité d’un ou de plusieurs ingrédients a été augmentée afin d’améliorer l’absorption d’un composé bénéfique fait lui aussi partie de la catégorie.
Quant aux aliments enrichis en acide folique (vitamine B9), ils constituent un cas particulier. Au Canada et aux États-Unis, depuis 1998, dans le cadre d’une stratégie de santé publique, la farine blanche, la semoule de maïs et les pâtes sont systématiquement enrichies d’acide folique. Cette pratique vise à améliorer les apports en folates alimentaires des femmes enceintes afin de réduire le taux d’anomalies du tube neural chez les nouveaux – nés. Aliments fonctionnels ou non? Cela dépend de la façon dont on interprète la définition de ce concept.
On attribue la « paternité » des aliments fonctionnels au Japon, dont le gouvernement a financé des programmes de recherche sur les aliments afin d’en analyser en profondeur les bénéfices santé depuis le début des années 1980. En 1991, le Japon a adopté une réglementation sur les aliments pour des besoins de santé spécifiques, dans le but de ralentir l’augmentation des coûts de santé et inciter les Japonais à consommer plus de fibres et de calcium. D’autres pays ont emboité le pas, tels la Finlande et la Suède, suivis d’autres pays européens et de l’Amérique.
Quant au Canada, les premières Règles alimentaires officielles ont été émises en 1942. Ces dispositions visaient à améliorer la santé des Canadiens, malgré le rationnement des vivres et la pauvreté pendant la guerre. Des années 1950 à 1980, le lien entre l’alimentation et les maladies chroniques a été exploré et ensuite, au cours des années 1970, les autorités ont commencé à mettre sur pied des recommandations alimentaires spécifiquement destinées à prévenir les maladies chroniques comme les troubles cardiovasculaires et le cancer.
Ce n’est qu’à partir de 1982 que le Guide alimentaire canadien intègre le concept d’alimentation fonctionnelle. Les chercheurs canadiens ont prouvé que les aliments contiennent bien autre chose que des calories, des protéines, des glucides, des vitamines ou des minéraux. De la graine de lin aux poissons gras sources d’oméga-3, en passant par les petits fruits pleins de bénéfiques polyphénols, les chercheurs n’ont pas fini d’identifier tous les atouts santé des aliments. Les centres de recherche sur les aliments fonctionnels pullulent à travers le monde, y compris au Canada. Au Québec, l’Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels (INAF), rattaché à l’Université Laval et le Centre de recherche et de développement sur les aliments (CRDA) de St-Hyacinthe, sont très actifs dans ce domaine.

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