Le Québec compterait 100 000 agoraphobes
On évalue à 100 000 le nombre de Québécois victimes de l’agoraphobie, cette maladie des excuses et mensonges. Pour eux, les lieux publics sont un véritable enfer.
Ils n’osent s’y aventurer qu’en compagnie d’un ami et préférant jeter un billet de spectacle à la poubelle plutôt que d’endurer deux heures d’angoisse aiguë.
Statistique intéressante, trois fois plus de femmes que d’hommes sont touchées. Les chercheurs n’en connaissent pas encore la raison, mais certains croient que les hommes ont plus tendance à noyer leur crise d’angoisse dans l’alcool que se rendre chez le médecin.
Les chercheurs sont par ailleurs convaincus que cette maladie a des causes biologiques, selon le Docteur Jean-Pierre Fournier, psychiatre au Centre hospitalier de l’Université Laval – CHUL. Si deux pour cent de la population générale est atteinte d’agoraphobie (du grec AGORA – place publique et PHOBOS – crainte, – d’intensité variable, les probabilités grimpent subitement à 25% chez les autres membres de la famille d’un agoraphobe.
« Il semble y avoir un héritage biologique d’une certaine fragilité et quand des situations stressantes ou de grands chocs surviennent, cela peut causer les crises de panique, les angoisses. On remarque aussi qu’il y a davantage de dépression chez les agoraphobes que dans la population en général, surtout quand la maladie n’est pas traitée. Les malades perdent beaucoup d’estime d’eux-mêmes, deviennent désespérés », explique le spécialiste.
Malgré tout, l’espoir de guérison existe. « Le traitement a trois volets », dit le Dr. Fournier. Premièrement, il faut une thérapie de désensibilisation systématique pour que la personne soit graduellement capable d’affronter ce qu’elle craint, en partant des obstacles les plus faciles jusqu’aux plus difficiles.
« Deuxièmement, on peut y combiner des médicaments Dans les cas légers traités au début, on n’en a pas toujours besoin. Pour les cas avancés et lourds, on utilise des médicaments antipanique, ça facilite souvent la thérapie. En troisième lieu, on peut essayer de comprendre ce que symbolisent ces crises de panique.
Les maladies mentales résultent toujours de plusieurs causes combinées. « C’est assez rare qu’il y ait des paniques sans stresseurs comme la séparation, un décès la maladie de proches, des conditions socio-économiques difficiles. Souvent, on peut retracer de petites attaques survenues pendant l’enfance, comme la phobie, lors de la première journée d’école ».
(Texte publié dans La Presse le 22 avril 1990).
Agoraphobie
Phobie des espaces libres et des lieux publics.
L’agoraphobique éprouve une vive angoisse et parfois un véritable affolement à la perspective de traverser une place, un terrain découvert ou de se mêler à la foule. Souvent il rationalise sa phobie en invoquant la crainte d’éprouver un malaise et de perdre connaissance. Certains ont une crainte élective pour un lieu ou un quartier déterminé (topophobie).
Henusse remarque la fréquente association des phobies, qui atteignent surtout la femme, avec la frigidité, et il les relie à une émancipation pénible ou à une vie sexuelle insatisfaisante. D’autres psychanalystes y discernent le fantasme de la mère dévorante, du «sein dévorant» (Lewin).
«L’angoisse des rues » semble se situer à un niveau de régression un peu moins profond. Le patient ne se risque à sortir que s’il est accompagné et parfois il ne peut même supporter d’être seul chez lui. La rue évoque pour lui inconsciemment des tentations libidinales actives et passives, en même temps que le danger de castration et le risque de succomber à une impulsion suicidaire (J. Mallet).
J.-M. Sutter

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