Le Saguenay et le lac Saint-Jean du nord au sud… description détaillée
De chaque côté du Saguenay s’étend un plateau légèrement ondulé, limité au nord comme au sud, à douze ou quinze milles de la rivière, par une chaîne de montagnes dont les sommets atteignent parfois plus de trois mille pieds d’altitude.
Au pied de la chaîne septentrionale, la rivière Ste-Marguerite prend sa source droit au nord de la baie des Ha! Ha!, coule parallèlement au Saguenay, puis, vient se jeter dans ce dernier par un brusque détour, à une quinzaine de milles au-dessus de Tadoussac. Plus à l’ouest, les rivières Valin, Shipshaw, des Aulnaies, traversent le plateau du nord au sud.
Du côté sud du Saguenay, en remontant à partir de l’embouchure, on rencontre le Petit Saguenay, la rivière St-Jean, la rivière Éternité dont l’estuaire est borné de chaque côté par les masses imposantes des caps Éternité et Trinité.
Au fond de la baie des Ha!Ha!, viennent tomber la rivière Ha! Ha! Et la rivière à Mars. La première traverse, à son embouchure, le village de St-Alexis de Grande Baie. La seconde sépare les deux villes de Port Alfred et de Bagotville.
À une dizaine de milles en amont, la rivière du Moulin donne son nom à une petite municipalité qui s’étend sur la rive du Saguenay, véritable prolongement de la cité de Chicoutimi qui la borne immédiatement à l’ouest. Celle-ci, centre religieux, judiciaire, éducationnel et commercial de la région, est traversée en son centre par la rivière Chicoutimi.
Au pied de la Chute à Caron, juste au-dessous de la centrale électrique de l’Alcoa Power Company, déboute la Rivière Au Sable, qui traverse la cité de Jonquière et borne du côté ouest la ville de Kénogami.
Toutes ces rivières, coulant dans de profondes rainures du plateau saguenayen, dévalant de sommets élevés à travers un versant relativement étroit, sont rapides, souvent torrentielles et offrent dans leurs chutes nombreuses de belles sources d’énergie.
L’échancrure formée par la baie des Ha! HA! Dans la falaise de la rive sud se prolonge vers le sud-ouest par une vallée formée de terrasses en majeure partie couvertes de belles fermes et qui s’élèvent jusqu’au lac Kénogami. Celui-ci, tout en longueur, et présentant, surtout dans sa rive sud, une remarquable répétition du paysage saguenayen, reçoit du sud les rivières Moncouche, Cyriac et Picauba, et déverse ses eaux au Saguenay par la rivière Chicoutimi et la rivière Au Sable. Transformé en réservoir régulateur par le système de barrages Taschereaux élevé sur la rivière Chicoutimi et la rivière Au Sable, il assure aux turbines installées sur ces deux cours d’eau, un rendement régulier total de 70,000 h.p.
De la rive sud du lac Kénogami, une chaîne de collines court vers le nord formant une barrière à travers de la vallée. Coupée dans toute sa largeur par la Grande Décharge et en partie par la Petite Décharge, elle rejoint au nord les montagnes qui limitent la vallée du Saguenay.
À l’ouest de la baie des Ha!Ha!, la nature saguenayenne perd graduellement de sa lourde majesté. Les pics s’élèvent moins haut et avec moins de hardiesse. Ici et là, les montagnes s’éloignent de la rivière, laissant sur ses bords de belles terrasses aujourd’hui cultivées. C’est dans cet espace s’étendant de la baie Ha! Ha! Au lac St-Jean, que se trouvent les agglomérations urbaines les plus importantes : Port Alfred, Bagotville, Chicoutimi, Arvida, Jonquière, Kénogami, St-Joseph d’Alma, Riverbend. C’est la partie fortement industrialisée. Qu’il suffise de dire qu’en dehors des grandes centrales de l’île Maligne et de la Chute à Caron, une dizaine de stations génératrices moins importantes produisent 100, 000 h.p. Et que les moulins qui y sont établis peuvent produire plus de 1500 tonnes de pulpe ou de papier par jour.
Les paroisses agricoles qui entourent ces centres, sont d’ailleurs très développées. Notons qu’elles renferment près de 1700 fermes couvrant environ 320, 000 acres et valant plus de $17,000,000,00.
À l’ouest du lac Kénogami, et de la chaîne de collines qui barre le haut Saguenay s’étendent le lac St-Jean et les terres qui l’entourent ; immense amphithéâtre d’environ 2,000 milles carrés, que le touriste peut apercevoir de haut en y pénétrant. Et c’est une surprise incomparable, au sortir des rudes paysages, un peu écrasant dans leur sauvage grandeur, que l’on vient de traverser, soit au long du Saguenay, soit à travers le Parc National, d’embrasser tout à coup du regard cette riche contrée, où près de 4,000 fermes, représentant plus de 540,000 milles acres de terre cultivée et valant plus de $31,000,000.00 s’étagent autour d’une mer d’eau douce, réparties en une cinquantaine de municipalités, où se groupe une population de 50,000 âmes. Vingt-cinq petites villes ou villages forment des centres plus ou moins importants, groupés autour d’une église près du lac, ou au bord d’une des rivières qui sillonnent l’immense bassin.
La première de ces rivières que l’on traverse en allant de la Petite Décharge vers le sud, est la Belle Rivière qui se jette dans le lac à St-Gédéon. Puis, si l’on continue à contourner le lac dans le même sens, on traverse la rivière Couchepaganiche au village de St-Jérôme, la Métabetchouan à Desbiens, la Ouiatchouan à Val Jalbert. Cette dernière tombe du plateau aux terres basses en bordure du lac en un saut de plus de 200 pieds, fournissant une force de 7300 h.p.
La Ouiatchouaniche déverse ses eaux près de Roberval, chef-lieu du comté de même nom.
À quelques lieues plus loin vers l’ouest, à St-Prime, débouche la rivière Ashuapmouchouan ou Champouchouane, superbe cours d’eau qui en quatre belles chutes, pourra fournir, quand l’industrie le demandera, de 55,000 à 100,000 h.p. C’était autrefois la route des Indiens vers la baie d’Hudson, ce fut aussi celle des découvreurs, des missionnaires, des traiteurs. C’est aujourd’hui par là que l’on se rend au district minier de Chibougamau. Et c’est par là que, tôt ou tard, les régions avoisinant la baie James, chercheront et trouveront vers l’atlantique un débouché sûr et largement ouvert.
La Ticouapé apporte son tribut liquide en serpentant à travers les plaines unies et basses de St-Méthode et de Normandin.
Et c’est ensuite la Mistassini, qui prend sa source à la hauteur des terres, près du grand lac Mistassini, et qui, dans neuf chutes dont la dernière se trouve dans la ville inudstrielle de Dolbeau, pourrait fournir de 30,000 à 60,000 h.p., encore inutilisés.
Et c’est enfin la Péribonca, puissante rivière qui, avec un bassin de 12,000 milles carrés, pourrait donner, dans les 30 milles immédiatement à l’amont de son embouchure, 100,000 h.p., et même 300,000 quand les aménagements déjà prévus auront régularisé son cours.
La région Saguenay-Lac St-Jean comprend les trois comtés de Chicoutimi, du Lac St-Jean et de Roberval, et sur le St-Laurent, une petite fraction du comté Saguenay.
Le climat y est remarquable ; très froid et très sain en hiver, favorisant tous les sports qui recherchent la neige et la glace dans une atmosphère sereine et vivifiante, il est très chaud en été. Bien que la latitude soit ici assez élevée, entre les parallèles 48 et 49 latitude nord, la température ne laisse rien à envier à Montréal ou à Québec. « Il n’y a pas à s’y tromper », écrit M. Raoul Blancherd, « il s’agit ici d’un bon type de climat continental excessif, et c’est tant mieux pour l’agriculture… » et pour le touriste, pouvons-nous ajouter.
J.-E.A. McConville.
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