
Monts et montagnes de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean
Le choix des noms d’accidents géographiques a été établi au Québec à partir de différents critères et les données sont colligées dans un grand nombre de documents.
Mont-Arthur-le-Blanc
Dénommé en 1987 dans le cadre d’un programme de désignations commémoratives, ce mont d’une altitude de 548 mètres s’élève sur la rive nord de la rivière Sainte-Marguerite, à la limite des cantons de la Brosse et de Champigny, à quelque 40 km au nord-ouest de Sacré-Cœur. Le musicien et violoniste Arthur LeBlanc (1906-1985), originaire de Saint-Anselme, au Nouveau-Brunswick, était le fils d’un luthier et professeur de violon. Dès l’âge de 5 ans, il était reconnu comme prodige et, dans les années 1940 à 1950, il devint l’un des plus célèbres violonistes du Canada. À partir de 1946, le virtuose donnait ses concerts avec un violon Stradivarius de 1733, nommé « Des Rosiers », du nom d’une famille lyonnaise à laquelle il avait appartenu pendant un siècle. Cet instrument, offert à LeBlanc à la suite d’une souscription publique, est maintenant la propriété de la violoniste Angèle Dubeau. À titre de compositeur, on lui doit notamment Petite suite canadienne et Chat des pins. Le nom Arthur-LeBlanc désigne aussi un pavillon du camp musical du Lac-Saint-Jean, à Métabetchouan, où un concert – hommage avait lieu le 19 juillet 1987, lors du dévoilement des deux noms.
Canton de Boileau
À une trentaine de kilomètres au sud de La Baie, le canton de Boilleau, proclamé en 1916 et étalé sur un relief assez vigoureux culminant à 870 m, est arrosé par le lac Ha! Ha! Et la rivière Ha! Ha!; il comprend le hameau de Boilleau. Ce canton doit son nom au baron Gauldrée-Boilleau qui fut consul de France au Canada avec résidence à Québec, de 1859 à 1862 et consul général de 1862 à 1864. Le 5 octobre 1863, l’Institut canadien reconnaissant par une résolution que le baron Gauldrée-Boilleau avait contribué à développer les relations commerciales du Canada avec la France. Il avait occupé la même fonction à Calcutta, en Inde, avant de venir à Québec. Son prédécesseur s’appelait Édouard Ryan, marchand de Québec, à qui échoit l’honneur d’avoir été le premier consul de France au Canada.
Budemont
Ce territoire inhabité, arrosé par plusieurs cours d’eau et des lacs, est situé à une trentaine de kilomètres à l’est du lac Mistassini. On a voulu honorer par cette appellation Pierre Derivon de Budmon, officier arrivé à Québec en 1707 et dont on sait peu de chose, si ce n’est qu’il s’est marié à Montréal avec Marie Gaudé, veuve de Charles de Couagne, et qu’il est décédé, en 1741, à l’âge de 70 ans, sans postérité. Le nom paraît sur la carte officielle du Québec en 1963 et le canton de Budemont a été proclamé en 1965.
Canton de Chardon et Mont Valin
Situé à environ 20 km au nord-est de Chicoutimi et séparé du Saguenay par le canton de Harvey qui borde la rivière sur sa rive gauche, le canton de Chardon (proclamé en 1736), est irrigué par un court tronçon de la rivière Sainte-Marguerite à l’est et principalement par les bras Fournier et de l’Enfer. Lacs et rivières forment un réseau hydrographique imprécis où se distinguent néanmoins les lacs Bluteau et Morin, faiblement habités sur leurs rives. Tandis qu’une grande étendue du relief se tient au-dessus de 625 m d’altitude, le plus élevé, le mont Valin, culmine à 960 m. Le nom du canton désigné en 1914 honore la mémoire de Jean-Baptiste Chardon (1671-1743), jésuite né à Bordeaux et arrivé à Québec en 1699. Dès 1700, il est nommé missionnaire au Saguenay et se rend jusqu’au lac Mistassini. Il a cependant exercé la plus grande partie de son ministère dans la région des Grands Lacs (1701-1733), ayant sa résidence à la baie des Puants. En 1734-1735, il est de retour à Montréal. Il finira ses jours à Québec, après avoir fait un second voyage au Saguenay en 1740. C’est pour signaler sa présence au Saguenay que son nom est honoré dans cette région.
Chute à Chariste
Là où prend fin un détour prononcé de la rivière aux Rats, à 5 km au nord de Dolbeau et de Mistassini, au Lac-Saint-Jean, on note la présence de la chute à Chariste, d’une hauteur de 14 mé Le terrain marécageux du côté est de cette rivière appartenait autrefois à Euchariste Tremblay. Natif des Éboulements, dans la région de Charlevoix, il a habité pendant quelques années à Saint-Hilarion avant de s’établir, en 1900, avec sa famille, sur les bords de la rivière aux Rats, à proximité du monastère des Trappistes. Il construisit un moulin à scie au pied de la cascade connue initialement sous le nom chute à Euchariste, le prénom devenant par la suite Charisse puis Chariste, forme actuelle, prononcé « karis ».
Monts des Conscrits
Cet élément topographique, qui s’élève à 1006 m d’altitude, est situé immédiatement à l’extérieur de la limite nord de la réserve faunique des Laurentides, à un peu moins de réserve faunique des Laurentides, à un peu moins de 50 km au sud de Chicoutimi. Au pied du mont, à l’est, et à environ 450 m d’altitude, coule la rivière à Mars qui débouche au nord dans la baie des Ha ! Ha !. Entre 1914 et 1918, de nombreux jeunes gens de la région, pour échapper à la conscription et au service militaire se sont réfugiés dans la forêt qui couvre les environs, d’où le nom attribué à cette montagne, accepté officiellement en 1971. Plusieurs lacs du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la Haute – Mauricie sont identifiés par le spécifique Conscrits et tirent leur nom de ces mêmes circonstances. On trouve même une montagne des Conscrits à 35 km au nord de Shipshaw, à l’est de la rivière Péribonka.
Anse de la Descente des Femmes
Sise à Sainte-Rose, 23 km en aval de La Baie, l’anse de la Descente des Femmes reçoit les eaux d’un ruisseau du même nom, d’une longueur inférieure à 10 km. Deux pointes de rochers s’avançant sur la rive nord du Saguenay forment cette petite échancrure. Ce toponyme, attesté en 1801, apparaît également dans un rapport de l’arpenteur Hamel en 1828. Il est d’abord attribué à l’anse et au ruisseau, puis au lieu habité, qui le conserve jusqu’en 1942, alors que la municipalité adopte officiellement le nom de Sainte-Rose-du-Nord. Quelques hypothèses ont été formulées quant à l’origine du nom de l’anse, dont deux relèvent de la légende D’abord, la tradition orale rapporte que les Montagnais descendaient la rivière Sainte-Marguerite avec femmes et bagages. Évitant un passage difficile, les femmes suivaient un portage le long de la petite rivière menant à l’actuelle anse de la Descente des Femmes après que les hommes eurent atteint, environ 50 km en aval, l’embouchure de la Sainte-Marguerite. Le second récit, le plus répandu, met en cause trois Montagnaises qui, brouillées avec leurs maris, avaient déserté leurs tentes au milieu de la nuit. Au lieu d’emprunter le portage habituel vers Betsiamites, elles s’engagèrent plutôt dans la direction opposée, au bout deux jours de marche ardue en forêt dans la crainte de mauvaises rencontres, elles remettaient finalement leur embarcation à l’eau à l’endroit dénommé depuis la Descente des Femmes. Suivant la légende la plus admise, des Amérindiennes attendaient le retour des hommes qui rentraient de la pêche sur les hauteurs surplombant l’anse Théophile, jadis l’anse du Milieu. Elles allaient les rejoindre en se laissant glisser le long d’une pente peu abrupte, évitant ainsi d’emprunter des sentiers trop tortueux. Variante : Anse d’en Bas.
Lieu-dit L’Éboulis
Ce lieu-dit saguenéen, situé dans la ville de la Baie, se trouve à proximité de la rivière à Mars. Pendant la construction du chemin de fer reliant Chicoutimi à la baie des Ha ! Ha !, le dynamitage d’une colline produisit, le 15 avril 1910, une secousse qui provoqua l’accumulation de débris sur près de 8 ha de superficie, l’ensevelissement de camps comprenant des bureaux et des hangars, ainsi que le décès de quelques personnes. L’Éboulis, qui signifie éboulements en franco-québécois, perpétué le souvenir de cette catastrophe.
Cap Éternité
Impressionnante et massive saillie de terre constituant l’un des rebords du fjord du Saguenay, le cap Éternité fait face au cap Trinité, qui se dresse de l’autre côté de la baie Éternité, dans la municipalité de Rivière-Éternité. Il constitue un des éléments importants du parc de conservation du Saguenay ; le sommet de cette masse rocheuse de 454 m d’altitude est accessible aux randonneurs, grâce à un sentier tracé depuis le fond de la baie. Admité par de nombreux touristes, le cap Éternité a aussi inspiré plusieurs écrivains, dont William Chapman en 1916 : « Supposons que la fin des siècles fût venue, Que tout fût englouti sous un souffle effréné, Qu’il ne restât debout dans la morne étendue Qu’un colosse de pierre au au bord du Saguenay ». Par ailleurs, une carte de Bellin de 1744 désigne la rivière par le nom amérindien Heregachitgs, qui se traduit par la Trinité. Le capitaine Louis Sivrac mentionne « l’anse d’éternité » en 1824. Une carte réalisée en 1825 par Pascal Taché identifiait la rivière qui aboutit au fond de la baie : « Rve de LÉtrinité » (sic!). Plusieurs témoignages de l’époque indiquent que ces entités (baie et rivière) étaient connues sous le nom Trinité. Les falaises escarpées du cap Éternité forment avec celles du cap Trinité et des caps Liberté, Égalité et Fraternité, sur la rive opposée, le rebord de l’auge glaciaire du Saguenay. Jusqu’au début du XXe siècle, on a tendance à expliquer le relief du Saguenay (fjord, caps, etc.) en faisant appel à des hypothèses catastrophiques. L’emploi d’un vocabulaire influencé par les croyances religieuses peut y être relié. La rivière Éternité est un petit cours d’eau poissonneux qui descend des montagnes laurentiennes sur près de 20 km, pour décharger le lac Éternité, un plan d’eau étriqué, qui forme un L étiré sur 9 km de long. Des chantiers forestiers ont été exploités en bordure de cette rivière à la fin du 19 siècle.
Mont Francis-Amyot
En 1936, le canoéiste franco-ontarien François (Francis) Amyot (1904-1962), six fois champion canadien de canoë, remporte la médaille d’or dans la course de canoës monoplaces (1000 m) aux Jeux olympiques de Berlin. Plus tard, en 1955, il sera accueilli au Temple de la Renommée (Hall of Fame). En souvenir de cette brillante carrière sportive, la Commission de géographie du Québec, en 1976, année où se tenaient les Jeux olympiques de Montréal, nomme Mont Francis-Amyot une élévation atteignant 885 m d’altitude, située à 30 km au nord du Saguenay et à environ 50 km au nord-est de Chicoutimi.
Mont Jacques – Lévesque
Cette entité orographique s’élève à plus de 600 m, à quelques kilomètres à l’ouest de L’Anse-Saint-Jean, dans le parc du Saguenay. Le nom, proposé par le Club des randonneurs du Saguenay, fut officiellement adopté en 1986 pour commémorer le souvenir de Jacques Lévesque, décédé en 1985 dans une avalanche provenant de la montagne Blanche, dont le sommet est distant d’un kilomètres au nord-est de ce mont.
Mont Laure – Gaudreault
Le mont Laure-Gaudreault est situé à 8 km au sud-ouest de l’anse Saint-Jean au Saguenay. Culminant à près de 810 m, il est arrosé à l’est et au sud par quelques lacs dont l’un, le lac de la Rivière, se jette à proximité dans la rivière du Portage, tributaire de la rivière Petit Saguenay, Laure Gaudreault (1889-1975), née à La Malbaie,e st la pionnière du syndicalisme chez les enseignants du Québec. Diplômée de l’École normale Laval à l’âge de 16 ans, elle enseigne d’abord dans le milieu rural. En 1936, elle jette les bases de l’Association catholique des institutrices rurales et, en 1937, celles de la Fédération catholique des institutrices rurales. Devenue permanente syndicale, elle contribuera, en 1946, à la fusion des syndicats d’enseignants dans la Corporation générale des instituteurs et institutrices catholiques du Québec, laquelle est à l’origine de l’actuelle Centrale de l’enseignement du Québec.
Mont Victor – Tremblay
D’une altitude de 777 m, ce mont est situé dans la municipalité de Saint-David-de-Falardeau, à 30 km au nord de Chicoutimi et à 8 km à l’ouest – nord – ouest du mont Valin, dans le parc national des Monts-Valin. La Commission de toponymie a attribué ce nom en 1980 pour rendre hommage à la mémoire de monseigneur Victor Tremblay (1892-1979), historien du Saguenay, région qui, pour lui, s’étendait des Sept-Îles à l’Abitibi et du parc des Laurentides à l’Ungava (1961). Longtemps professeur d’histoire qu Petit Séminaire de Chicoutimi, il a été président fondateur de la Société historique du Saguenay (1934) et directeur fondateur de la revue Sguenayensia (1959). Titulaire de doctorats honorifiques de l’Université Laval (1952) et de l’Université du Québec à Chicoutimi (1977), son œuvre se compose de plus d’une centaine d’articles sur la toponymie, l’histoire, les mœurs et les coutumes du Saguenay, ainsi que d’ouvrages comme son Histoire du Saguenay depuis les origines jusqu’à 1870, publiée en 1968. Pour pallier l’insuffisance de la documentation historique il a consigné les témoignages de personnes âgées dont plusieurs avaient connu les débuts de la région. Il a ainsi constitué un répertoire considérable de Dires des vieillards qui forment l’un des fonds les plus originaux d’archives régionales. On retrouve sur le flanc nord du mont Victor-Tremblay, la station de ski Le Valinouét dont les installations offrent une dénivellation de 285 m. On y pratique tant le ski alpin que le ski de randonnée. Son appellation souligne sa position nord-ouest par rapport au mont Valin et le tréma ajouté sur le « e » se veut un élément de remplacement du « s » de ouest.

Collines du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Photographie par Grandquebec.com.
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