Baie des Ha ! Ha ! et l’origine de ce nom
Cette baie de 15 kilomètres de largeur, située à 20 kilomètres à l’est de Chicoutimi, apparaît comme la continuation normale du fjord du Saguenay et la voie qui mène dans l’intérieur du pays. Toutes les descriptions géographiques marquent cette réalité et les auteurs qui supposent une exclamation comme origine du nom reconnaissent ce fait.
Il existe d’autres utilisations de cette appellation. Par exemple, à l’est du village de La Tabatière, sur la côte nord du golfe du Saint-Laurent, une autre baie des Ha ! Ha !, nom déjà en usage au XVIIIe siècle, se ramifie en plusieurs anses, comme c’est le cas pour l’entité du Saguenay, ce qui expliquerait pourquoi l’assise populaire aurait également attribué la forme plurielle. En revanche, la baie du Ha ! Ha !, à Saint-Fabien, dans le Bas-Saint-Laurent, a pris la forme du singulier parce que le mot haha n’identifie qu’un seul rentrant de côte.
De même, le nom de la municipalité de Saint-Louis-du-Ha ! Ha ! A retenu le déterminatif au singulier à cause du coude prononcé du lac Témiscouata à cet endroit. Les cartes du père Laure de 1731 et 1732 d/signent la baie de Ha ! Ha ! Sous le nom de « Grande Anse ».
Victor Tremblay écrit en 1947 dans Ls question de baie des Hahas, que l’explorateur Edward Harrison remontant le Saguenay, en 1786, a utilisé l’expression « At the turn of the Ha, Ha ».
Dans les Journaux de la Chambre d’Assemblée du Bas Canada, 1820-1821, l’explorateur Pierre McNicoll précise que « le sol est bon et propre à la culture ; particulièrement à la Baie des Haha, et à Chicoutimi. » Parmi les attestations les plus anciennes de ce curieux terme en Nouvelle-France, il convient de mentionner Isle de Haha (carte de Franquelin, 1686), en Acadie, et Baie du haha (carte de Boishébert, 1715), sur la Côte-Nord.
Le substantif haha dans la langue courante évoque tout obstacle interrompant brusquement un chemin et, dans le domaine des fortifications, un fossé situé à l’entrée d’une fortifications, un fossé situé à l’entrée d’une fortification qui empêche le passage.
Par extension, on désigne ainsi une barrière dont l’aspect inattendu arrache cette exclamation aux voyageurs. Sur le plan étymologique, les lexicologues préconisent l’onomatopée marquant la surprise : Ha ! Ha !, pour expliquer cette exclamation.
Grande Baie a également été en usage, à partir du XIXe siècle, pour identifier ce vaste rentrant. En 1859, une municipalité située à proximité a pris le nom de Grande-Baie. Et en 1975, la nouvelle ville, créée par la fusion de la municipalité de la paroisse et de la ville de Bagotville, de la municipalité de Grande-Baie et de la ville de Port-Alfred, a été baptisée La Baie. Variante : Baie-Heskoueouaska.
Municipalité de Saint-Louis-de-Ha ! Ha !
Implantée sur une colline de 380 mètres d’altitude, à 8 kilomètres à l’ouest de Cabano, entre Saint-Elzéar et Saint-Pierre-de-Lamy, dans le région de Témiscouata, Saint-Louis-du-Ha ! Ha ! Compte deux importants plans d’eau, les lacs Dole et Savane.
Colonisé au milieu du XIXe siècle, l’endroit est rapidement connu comme la mission de Saint-Louis-de-Ha ! Ha ! (1860), puis érigé comme paroisse en 1873. L’année suivante, on procède à l’érection civile, puis municipale avec l’adjonction du statut de municipalité de paroisse. Le bureau de poste, ouvert en 1875, reçoit la dénomination de Saint-Louis-de-Ha ! Ha ! Le nom a suscité diverses hypothèses. Certains ont vu le rappel du prénom de Louis Marquis, un des premiers habitants, d’autres celui de Louis-Antoine Proulx (18160-1896), curé de Pointe-du-Lac (1836-1840), puis de Rivière-du-Loup (1840-1854).
Il paraît cependant davantage vraisemblable que l’on ait voulu marquer sa reconnaissance envers l’abbé Louis-Nicolas Bernier, né en 1833, curé de Notre-Dame-du-Lac de 1867 à 1871 et de Sainte-Anne-de-la-Pointe-au-Père (1895-1903). Il meurt en 1914. L’exclamation Ha ! Ha ! N’en a pas moins soulevé des interrogations et des supputations non fondées allant du huron ahaha, chemin, que l’on retrouve en montagnais avec un sens rapproché, à l’amérindien hexchuewaska, quelque chose d’inattendu, en accord avec l’expression d’étonnement et de joie qu’auraient manifesté les pionniers en découvrant le lac Témiscouata qui forme à cet endroit un coude prononcé.
Il ne faut cependant pas ajouter foi à ces interprétations fantaisistes.
En réalité, le haha, en français, est un archaïsme qui identifie une voie sans issue, un cul-de-sac, une impasse, un obstacle inattendu. Or, à 8 kilomètres à l’est de la localité, on retrouve le lac Témiscouata qui effectue une courbe prononcée au nord-est, formant ainsi une petite baie. Ainsi, les anciens voyageurs devaient-ils effectuer un portage de 80 kilomètres, ce cul-de-sac, ce haha, interdisant la poursuite d’un périple en canot. Pour ce faire, ils étaient contraints d’emprunter le territoire sur lequel la municipalité de Saint-Louis-de-Ha ! Ha ! a été implantée.
Les Louisiens attirent les villégiateurs en bon nombre grâce au centre de plein air du lac Dole, à un élevage spécialisé d’oiseaux comprenant plus de 115 variétés. Le centre astronomique, à 5 km du noyau habité, s’intègre bien au centre d’interprétation scientifique du Témiscouata.
À compléter la lecture :
