Réflexions sur la famille

Quelques réflexions sur la famille. Témoignages recueillis par le quotidien La Presse en 1980

La femme au foyer : deux témoignages

Témoignage 1 – réflexions sur la famille

Pour combler mes besoins d’argent, d’émancipation et aussi avoir l’impression d’être plus libre, je décidai un jour de retourner sur le marché du travail. Les enfants étaient très jeunes, il a fallu les mettre à la garderie plusieurs fois par semaine. J’ai vécu trois ans de courses folles, d’éreintement, de tension nerveuse et j’ai enfin compris que, pour moi qui tenait beaucoup à certaines valeurs profondes, la meilleure place était au foyer.

Dès que mon choix fut définitif, c’est avec sérénité et certitude que j’ai abandonné mon travail. À la surprise de bien des gens, je suis à la maison depuis maintenant cinq ans, toujours heureuse et satisfaite. J’ai plus de temps à consacrer aux autres, du temps pour vivre, sourire et aider comme bénévole dans
mon milieu.

Tout compte fait, je crois que j’ai appris à respecter mon propre rythme. En basant ma vie solidement sur mes responsabilités familiales, dans l’amour et le respect de l’autre, je suis plus proche d’une authenticité vraie et chrétienne. Notre vie de couple, mon mari et moi, est plus équilibrée et se trouve enrichie chaque jour davantage.

Hélène Bégin – Taliana, Boucherville.

Témoignage 2 – réflexions sur la famille

De nos jours, comment l’enfant trouve-t-il sa place dans la famille et quelle vision du monde peut-il y découvrir?

Prenons une famille typique: un enfant, peut-être deux, des parents travaillant souvent tous les deux à l’extérieur.

Ces parents aiment leurs enfants et le surplus de leurs revenus est en grande partie alloué à leur bien-être physique: cours que les enfants veulent suivre, sports qu’ils désirent pratiquer, jeux qu’ils souhaitent posséder, vacances en famille, etc. Les parents travaillent pour procurer des biens matériels aux enfants.

En soi, c’est bon ! Mais ont-ils pensé qu’au milieu de ce bien-être le cœur de l’enfant peut avoir faim: faim d’amour, de contact humain et surtout, besoin de personnes qui ont du temps à lui accorder, du temps pour lui parler, du temps pour lui enseigner ce qu’il désire apprendre.

Cette faim ne peut être aussi facilement comblée par des parents qui sont plus souvent à l’extérieur qu’à la maison, car, alors, il y aura tant à faire à la maison qu’il n’y aura plus de temps pour l’enfant. Une telle situation crée pour lui une vision rétrécie du monde qui l’entoure.

Ce monde lui apparaît comme un univers matériel où il faut sans cesse travailler pour se procurer des biens comme le font ses parents. C’est une grosse roue d’engrenage qui le happera bientôt.

Pour qu’il ait une vision plus globale du monde, il faut que se crée un climat chaleureux entre parents et enfants, un climat qui se tisse jour après jour à travers les petits détails de la vie quotidienne.

Francine Cérat, Pont-Viau.

Confession d’un bricoleur

Je veux ici vous apporter le témoignage d’une situation vécue récemment dans ma vie familiale et la réflexion que j ‘ en tire. Il me semble que cela peut suggérer une piste de cheminement pour d’autres personnes impliquées dans une situation semblable.

Il y a moins de deux ans, nous sommes déménagés dans le West Island afin de réduire les déplacements pour mon travail et procurer à nos deux enfants un entourage ayant une population enfantine importante. Une fois arrivés dans la maison que nous avions achetée, une foule de travaux plus ou moins urgents se sont vite inscrits à mon agenda. Je voulais assurer le confort de ma famille.

Comme j’aime bien bricoler et que je n’ai pas mes revenus très élevés, cela signifiait occuper presque tout mon temps libre à la maison pour quelques années.

Troisième enfant

Entre-temps notre troisième enfant naissait et mon désir d’être présent à la croissance de nos enfants faisait que les travaux n’avançaient pas vite du tout. De sorte qu’après un certain temps, j’ai dû faire des corvées intensives, par exemple, prendre toute une semaine de mes vacances pour faire de la menuiserie, etc.

J’ai pu constater les conséquences d’avoir ainsi diminué le temps consacré à mes enfants: ils se confinent à leurs jeux et je deviens un étranger pour eux; quand ils sont près de moi, je ne sais plus quoi leur dire pour communiquer avec eux, etc.

J’en ai conclu que, pour moi, ce serait une erreur sérieuse de jouer du marteau trop souvent, même si c’est pour le confort de tous. Ce n’est pas de cela que mes enfants ont le plus besoin pour grandir; c’est plutôt que je leur prouve mon amour et mon accueil en leur donnant du temps. Et. à la même occasion, moi aussi, je pense que je grandis car mes préoccupations passent des choses aux personnes.

Robert Benoît, Pierrefonds.

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« Le mariage est une alliance entre deux personnes, l'une qui ne sait jamais pourquoi, et l'autre qui ne sait jamais comment. » (citation attribuée à Bernard Shaw, dramaturge et satiriste, connu par son esprit mordant). Illustration : Bing.
Réflexions sur la famille. « Le mariage est une alliance entre deux personnes. L’une qui ne sait jamais pourquoi, et l’autre qui ne sait jamais comment. » (citation attribuée à Bernard Shaw, dramaturge et satiriste, connu par son esprit mordant). Illustration : Bing.

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