Fiançailles et mariage

Fiançailles et mariage : Billet du dimanche, publié dans le Petit Journal de Montréal, le 16 juin 1935

Il vaut mieux rompre des fiançailles qu’un mariage. C’est également plus facile. Du temps de nos grand’mères, des fiançailles étaient un engagement solennel, que l’on ne célébrait pas sans avertir, ou même sans convoquer, le ban et l’arrière-ban des parents et des amis. Aussi, rompre des fiançailles était une chose sérieuse, presque scandaleuse, à laquelle on ne se décidait que pour les motifs les plus graves.

Les fiançailles, par l’importance des promesses échangées, conservent tout leur caractère profond. Ce qu’il faut, c’est de ne pas les contracter à la légère. Les réflexions que l’on pourra faire après, pourquoi ne pas s’arrêter un instant et les faire avant ?

Si, toutefois, les engagements pris, une jeune fille découvre que son fiancé est un homme impossible, ou brutal, ou sans cœur, ou d’un caractère exécrable: si un homme sent que, pour lui, vivre avec cette femme serait une erreur de toute une vie, il est certainement beaucoup mieux de rompre sans tarder les fiançailles. Laisserait-t-on, par fausse honte, son cou dans un nœud coulant plutôt que de s’en dégager, même d’une façon ennuyeuse ?

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Il est probable, si une jeune fille renvoie son fiancé, ou vice-versa, qu’il y aura autour d’eux des bavardages, et des racontars, et des chuchotements, et des histoires. Mais un divorce, un peu plus tard, ferait encore bien plus de bruit et serait encore bien plus préjudiciable à tous les deux.

Tout récemment, une statistique publiée par la presse, révélait qu’à Londres seulement, quinze cents engagements officiels de fiançailles étaient rompus chaque année.

Une rupture, évidemment, cst toujours une chose pénible et désagréable, elle s’accompagne forcément de tristesse et de désillusion, d’un côté au moins, généralement des deux. Mais il vaut mieux que la catastrophe se produise avant le mariage qu’après.

Naturellement, l’amour est un facteur essentiel d’un mariage heureux. Mais it n’est pas le seul facteur essentiel. Il faut, à côté de l’amour, l’amitié, une bonne amitié pleine de compréhension, il faut une similarité des goûts et une possibilité d’ajustement des caractères. Et il arrive que l’absence de ces choses n’est découverte que perdant l’intimité el la camaraderie des fiançailles.

Quelqu’un a dit que pour faire un mariage heureux, à fallait chercher d’abord l’amitié, ensuite l’amour. Car, assure-t-on, les feux de l’amour sont sujets à pâlir, tandis que la douce chaleur de l’amitié demeure. Mais on pourra répondre que le véritable amour comporte toujours l’amitié et que les années ne peuvent que l’augmenter.

La meilleure façon d’éviter le grand mal du divorce, c’est d’employer, avant le mariage, tout son bon sens et son jugement. Se marier est une affaire trop sérieuse pour qu’on l’entreprenne sans être assuré qu’elle offre toutes les garanties de sécurité.

F.C.

(Le Petit Journal, 16 juin 1935).

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Fiançailles et mariage… Photo de GrandQuébec.com.

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