Communication des idées

Communication des idées

Parmi toutes nos affaires humaines, la communication des idées occupe la place la plus importante. Nous risquons de commettre de graves erreurs de jugement en oubliant que deux choses peuvent être appelées du même nom sans rien avoir de commun.

Un moyen d’éviter les préjugés est de définir les mots et les idées. « Définissons nos termes » n’est pas une parole en l’air, mais une bonne précaution quand deux personnes discutent une question sérieuse.

Nécessité d’une philosophie

Il est impossible d’éliminer entièrement les préjugés, (en tout cas, dans l’état actuel du progrès humain) mais on peut réduire influence dévastatrice et leur effet pathologique en acquérant la sagesse. Sans l’aide de l’instruction, l’intelligence demeure l’esclave des préjugés et de la superstition.

Aucun de nous n’en sait assez. Il est toujours possible de continuer à s’instruire en mettant à profit l’opinion de toutes sortes de personnes sur le même sujet, et en étudiant tous les aspects sous lesquels il se révèle à leur esprit.

Il y a grand avantage à voir les choses, de la plus petite à la plus grande, comme elles apparaissent aux autres. En lisant un livre ou un contrat, vous pouvez suivre pas à pas l’idée de l’auteur, mais pour voir ce qu’Il a vu il vous faudrait ses yeux. Il faut se mettre à sa place, se demander dans quelles circonstances il se trouvait et de quels sentiments il était animé ; ce qu’il se proposait de faire et par quels moyens il y est arrivé.

Attendu que dans la plupart des cas nous ne pouvons pas nous faire une idée exacte de la situation, pourquoi ne pas dire qu’un tel s’est conduit comme ceci ou comme cela à un certain moment, au lieu d’affirmer positivement que c’est un imbécile, un menteur ou un fat ? Cette méthode nous épargnerait beaucoup de chagrins et d’ennuis.

Noir et blanc

Les savants nous disent que rien n’est entièrement blanc ou noir.

Habituons-nous donc à penser en degrés de blanc et de noir, de bon et de mauvais, de sain et de malsain.

Notre méthode de raisonnement souvent incapable de nous servir dans un monde où n’existent pas même deux choses identiques. Il est vrai qu’elles offrent des similarités, mais cela ne nous dispense pas d’ignorer les différences. Ralph Waldo Emerson a dit : « La nature ne fait jamais rimer ses enfants ni ne fait deux hommes pareils ».

Sûrement, en face de pensées vagabondes, qui menacent toujours de nous faire regretter un mot prononcé étourdiment ou une action irréfléchie, il convient de considérer nos idées sous tous les aspects – et peut-être de pencher légèrement vers une conclusion différente de celle que nous désirons. Dans la plupart des cas, il existe un juste milieu dans lequel nous pouvons nous entendre avec ceux qui partagent des opinions différentes des nôtres. Au lieu d’être un compromis, ce juste milieu nous permet de rapprocher nos manières de voir sans nous les imposer l’un à l’autre.

Changement d’idée

D’aucuns s’imaginent que c’est un crime de changer d’idée. Cependant rien n’empêche de dire une chose un jour et le contraire le lendemain. Le monde change et nous aussi. Ce qui était vrai hier ne l’est souvent plus aujourd’hui.

C’est un signe de vitalité d’admettre que nous avons changé d’idée ; cela indique que nous sommes devenus plus sages. L’homme sage garde un esprit ouvert de manière à reconnaître les changements importants.

Les gens à l’esprit étroit sont portés à s’en tenir aux vieilles idées. Ils n’aiment pas à avoir à se demander si elles sont encore bonnes ; et, de plus, ils se fâchent quand on attaque leurs croyances.

Recherche de la vérité

Un bon philosophe reconnaît que si une chose est vraie, il faut l’admettre, si incroyable ou désagréable qu’elle soit. On n’enlève pas sa valeur à une chose en apprenant la vérité à son sujet. Les faussetés et les préjugés du monde sont impuissants contre la vérité et s’évanouissent quand ils y sont suffisamment exposés.

Quand un homme se soumet ainsi à la vérité, il est libre pour la première fois de sa vie débarrassé de la superstition, des préjugés et du dogmatisme. Il se trouve en possession d’un étrange et nouveau pouvoir, le pouvoir de découvrir et coordonner les faits à sa guise. Il peut se dire un homme instruit. Il est prêt à se mesurer sans crainte avec n’importe qui.

Le besoin de discrétion

La tolérance nous enseigne qu’il ne faut pas s’attendre à trop de la part des autres. Notre point de vue ne leur paraîtra pas toujours raisonnable, et nous nous éviterons de nombreux désappointements en n’exigeant pas qu’ils se conforment immédiatement à nos nouvelles idées.

La retenue dans nos pensées nous enseignera à faire preuve de retenue dans nos rapports avec les autres. « En faisant la génie, les fées oublieront un don essentiel, celui de savoir quand s’arrêter ». Ainsi, tout en adoptant la tolérance dans notre mode de vie, nous courons le danger de perdre tous nos avantages en exigeant qu’on nous imite.

Comprenons-nous les uns les autres

De toutes les facultés dont nous a dotées le Créateur, dans nos rapports avec nos semblables, la plus précieuse est celle de comprendre. Comprendre notre prochain, c’est être disposé à lui connaître le droit de croire à sa guise, sans embrasser nécessairement ses croyances.

Mais cela est loin de suffire. L’important n’est pas de savoir en quoi consiste la vertu, mais de la pratiquer. Et si nous nous décidons à être tolérants, allons plus loin : la tolérance vaut mieux que l’intolérance, mais la charité vaut encore mieux.

Tout cela est simple, pratique, faisable pour tout le monde : et agréable à faire également. La disparition des préjugés et la culture de la tolérance sont appelées à jouer un grand rôle dans la destinée de l’humanité et le bonheur de chacun de nous, dont elles embelliront l’existence.

Voir aussi :

« Son premier défaut était d’être Anglais. » Pierre de Coubertin. Notes sur le football. Photo : Un arbre tricentenaire. Par Megan Jorgensen.
« Son premier défaut était d’être Anglais. » Pierre de Coubertin. Notes sur le football. Photo : Un arbre tricentenaire. Par Megan Jorgensen.

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