L’animatisme comme une croyance profonde et éternelle
L’animatisme : C’est généralement aux êtres surnaturels que certains prêtent des pouvoir culte. Pourtant, ce n’est pas toujours le cas. Par exemple, certains Mélanésins croient que le mana est une force présente dans tout objet. Le mana est abstrait, mais il peut manifester sa présence de façon concrète. Ainsi, le succès d’un guerrier au combat n’est pas dû à sa propre force, mais au mana présent dans l’amulette qui pend à son cou.
De même, un fermier peut avoir acquis beaucoup d’expérience concernant l’horticulture, la fertilisation du sol et le moment propice aux semailles et aux récoltes, mais c’est néanmoins le mana qui détermine si la récolte sera fructueuse. C’est d’ailleurs pourquoi un fermier érige souvent à l’extrémité de son champ en petit autel dédié aux mana. Si la récolte est bonne, c’est signe que le fermier a réussi à se rallier le mana.
« La vertu, le prestige, l’autorité, la bonne fortune, l’influence, la sainteté et la chance sont autant de notions qui, dans certains circonstances, cernent quelque peu la signification du mana. Le mana désigne parfois une vertu ou en pouvoir surnaturel attribué à une personne ou à une chose (Leinhardt, 1960, page 368). Ce concept de pouvoir impersonnel était aussi répandu chez les autochtones de l’Amérique du Nord. Il portait le nom d’orenda chez les Iroquois, de wakonda, chez les Sioux et le manitou, chez les Algonquins. Chez les Inuits, la sila, qui signifie « force et intelligence », est une particule de l’univers qui vit à l’intérieur de chaque être.
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R.R. Marett emploi le terme animatisme pour désigner ce concept de pouvoir impersonnel. Les deux concepts d’animatisme (ce qui est inanimé) et d’animisme (la croyance en des esprits) ne n’excluent pas mutuellement. On les retrouve souvent dans la même culture, comme en Mélanésie et chez les autochtones.
Ceux qui étudient et tentent de comprendre les croyances en des forces et des êtres surnaturels se demandent souvent comment cette fois est-ce entretenue. La réponse réside en partie dans les manifestations de ces pouvoirs surnaturels. En effet, l’individu qui a des croyances animatistes ou animistes tente à interpréter les événements en fonction de ces mêmes croyances.
Par exemple, si un guerrier mélanésien est convaincu de posséder le mana nécessaire pour mener une action et qu’il atteint effectivement son objectif, il va alors y voir la preuve du pouvoir du mana. Par ailleurs, la confiance en son mana a pu l’amener à prendre plus de risques pour réussir. Cela peut faire ainsi la différence entre le succès et l’échec.
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Naturellement, des échecs se produisent parfois, mais ils peuvent toujours s’expliquer. Ainsi, une prière n’a peut-être pas été exaucée parce qu’une divinité ou en esprit était encore en colère en raison d’une offense passée. Ou alors le guerrier mélanésien a perdu sa bataille parce qu’il n’a pu mobiliser tout le mana nécessaire. Ou encore parce que son opposant en détenait plus que lui. De toute façon les êtres humains s’arrêtent davantage sur leurs succès que sur leurs échecs. Ainsi, longtemps après avoir oublié ses derniers, ils relateront encore les cas où les forces surnaturelles on agit en leur faveur.
De telles croyances existent aussi en Occident. Pourtant elles revêtent un caractère moins formel. Chez les sportifs, l’utilisation de porte-bonheur est fort répandue. Pour maximiser ses changes d’offrir une bonne performance lors d’un match, on doit porter tel ou tel vêtement, avoir en sa possession un bijou spécifique ou utiliser son bâton chanceux.
Monsieur et Madame Tout-le-monde n’échappent pas toujours à la tentation de faire appel à des objets « dotés » d’un pouvoir surnaturel. Ceux-ci sont censés de les aider ou les rassurer dans leur quotidien.
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Au moment de passer des examens, certains étudiants avouent utiliser toujours le même crayon. Pour attirer la chance de nombreux joueurs de bingo québécois disposent devant eux leurs porte-bonheur préférés.
Si certains amateurs de courses de chevaux (les turfistes) s’en remettent au hasard. Pour d’autres, par contre, le jeu est une affaire sérieuse. Tout est bon pour faire d’un pronostic une conviction indestructible.
Les parieurs tentent de séduire la chance, d’identifier les signes qui les feront gagner et ceux qui risquent de les faire perdre. Ils veulent croire qu’ils peuvent gagner. Pour se faire, leurs comportements oscillent entre rationalité (informations recueillies) et irrationalité (croyances superstitieuses).
Deux sortes de ruses sont ainsi déployées. Les unes empruntées à la panoplie du magicien, les autres à une connaissance approfondie du domaine (Leforestier, 2004). Au Québec, plusieurs adeptes de loteries vidéo aiment aussi croire qu’il est possible d’inciter les appareils à leur être favorables. Que la fortune leur soutira s’ils font bon usage de leur porte-bonheur.
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