Villes éphémères, villes oubliées…
Le Pastigris
Ils repartirent vers la fin de l’été et remontèrent le Pastigris – un affluent du Tigris qui dévalait les pentes des monts de l’Élam – , après avoir reconfirmé Mazéos dans ses fonctions de satrape de Babylonie et avoir laissé une garnison macédonienne pour la défense et la sécurité de la province. Le paysage était d’une grande beauté, riche de terres verdoyantes où passaient des troupeaux de moutons, de vaches et de chevaux. En outre, il poussait dans cette région des arbres qui produisaient des fruits de toutes sortes, dont les merveilleux « fruits de Perse », à la peau velouté, à la pulpe juteuse et savoureuse. Hélas, il ne put en goûter car ce n’était plus la saison, mais il y avait abondance de figues et de prunes séchées au soleil.
Au bout de six jours de marche, l’armée parvint en vue de Suse, et Alexandre se rappela la description enthousiaste que l’hôte perse lui en avait faite au cours de son séjour à Pella. La ville se dressait sur une plaine, devant la chaîne des monts de l’Élam, dont les hauts sommets étaient déjà enneigés, et les flancs recouverts de sapins et de cèdres. Elle était immense et ceinte d’une muraille; ses tours étaient décorées de céramiques étincelantes, et leurs crénelures d’ornements de bronze dorée et d’argent…
Aux quatre coins de la ville de Suse, une cité immense et vieille de trois mille ans, se trouvaient quatre collines. Sur l’une d’elles se dressait le palais royal, que les rayons du soleil couchant éclairent à ce moment-là. Il était précédé d’un pronaos majestueux, constitué de grandes colonnes de pierre dont les chapiteaux en forme de taureaux ailés soutenaient le plafond. Suivait une entrée pavée de marbres de différentes couleurs, partiellement couverte de magnifiques tapis. D’autres colonnes, en bois de cèdre peint en rouge et jaune, s’y élevaient. Alexandre traversa un couloir et une autre entrée avant de pénétrer dans l’apadans, la grande salle des audiences, tandis que les dignitaires, les eunuques et les chambellans reculaient sur les côtés de l’immense salon en baissant la tête jusqu’au sol, ou presque.
Milet
Au sommet du mont Latmos, Alexandre. Héphestion et Callisthéne contemplaient le superbe spectacle qui s’offrait à leur vue. À droite, le promontoire de Mycale se dressait comme un éperon. La grande île de Samos se profilait un peu plus loin. Quant à la péninsule de Milet, elle s’étendait sur la à gauche.
Détruite par les Perses deux cent ans plus tôt parce qu’elle avait osé se rebeller, la ville de Milet avait été magnifiquement reconstruite par son fils le plus illustre, l’architecte Hippodamos, qui en avait tracé un plan rigoureux selon un plan de rues principales, dites « larges », et de rues secondaires, pour la circulation du quartier, qualifiées d’« étroites ».
Au sommet, il avait rebâti les temples de l’acropole où resplendissaient des marbres peints de couleurs vives, des ornements de bronze, d’or et d’argent, des groupes de statues dominant majestueusement la vaste baie. Au centre, il avait ouvert une grande place, pointe de convergence de toutes les rues, cœur de la vie politique et économique de la ville.
Non loin de la côte se trouvait la petite île de Ladè qui se tenait, telle une sentinelle, à l’entrée du grand golfe.
Cité de Milet Par Edmond Wells, Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, Tome V. 18.
De Milet, cité ionienne d’Asie mineure, partit le premier mouvement scientifique avec dans ses rangs Thaïes, Anaximandre et Anaximène.
Ils avaient en commun de s’opposer à 1`ancienne cosmogonie d’Hésiode qui prônait un monde créé par des dieux à figure humaine. Leur sens du sacré les incita à rejeter cet anthropomorphisme pour aller chercher plutôt le principe divin dans la nature.
Pour Thaïes, dieu est eau, pour Anaximène, il est air, et pour Anaximandre, il est l’indéfini. Pour un quatrième, Démocrite, né au milieu du Ve siècle av. J.-C., l’univers est rempli d’atomes, et les chocs fortuits entre ces atomes au hasard de leurs courses auraient créé les mondes et l’homme. Plus tard, plus à l’ouest, à Athènes, Socrate et son disciple Platon, formés par les scientifiques de Milet, ont été à l’origine de la philosophie grecque.
Pour mieux faire prendre conscience du monde dans lequel évoluait l’homme, Socrate utilisa l’allégorie de la caverne.
Selon lui, l’homme commun est semblable au prisonnier d’une grotte, enchaîné à sa condition misérable et au visage perpétuellement tourné vers le fond. Il voit défiler sur la paroi les ombres d’objets promenés dans son dos à la lueur d’un feu et s’imagine que c’est là le réel. Pourtant, il ne s’agit que d’illusions. Si on libère ce prisonnier et le contraint à se retourner, à voir les objets qui dessinent ces silhouettes et le feu qui les anime d’un semblant de mouvement, il sera effrayé. Si ensuite on l’entraîne jusqu’à l’entrée de la caverne pour qu’il voie la vraie lumière, il souffrira et en sera ébloui.
Et pourtant, s’il poursuit son chemin, il parviendra à regarder en face ce soleil, source bien réelle de toutes les lumières.
Pour Socrate, ce prisonnier, c’est le philosophe. Et lorsqu’il retournera dans la caverne, aucun de ceux qui s’y trouvent ne voudra le croire, et le pire des sorts l’attendra de la part de ceux qu’il souhaitait délivrer du mensonge et des illusions.
Accusé d’impiété et de corrompre la jeunesse, Socrate, en 399 av. J.-C. fut condamné à ingurgiter la ciguë, un poison violent.
(Bernard Werber).

Thapsaque
Il fallut sept jours à l’armée d’Héphestion pour atteindre la rive de l’Euphrate à Thapsaque, une ville qui regorgeait de marchands, de voyageurs, d’animaux et de marchandises en tout genre : les gens y accouraient de toutes parts car c’était le seul endroit où l’on pouvait traverser le fleuve à gué.
Bien qu’elle fût située à l’intérieur des terres, la ville avait des origines phéniciennes, et son nom signifiait justement gué, passage. Son aspect n’était en rien agréable : elle ne présentait ni monuments ni temples, ni même portiques ou statues, mais les usages de ses habitants, les habitudes des marchands et le nombre incroyable des femmes qui vendaient leurs charmes aux muletiers et aux chameliers travaillant le long des rives la rendaient fort pittoresque. On y parlait une curieuse langue commune, un mélange de syrien, de cilice, de phénicien et d’araméen, et quelques mots de grec.
Corinthe
Alexandre eut ainsi l’occasion de visiter Corinthe, qu’il n’avait jamais vue. Il se rendit à l’acropole, quasiment inexpugnable, en compagnie de Callisthène, et admira les magnifiques temples d’Apollon et de Poséidon, le dieu de la mer, protecteur de la ville.
Il fut surtout frappé par la « traction navale », un dispositif spectaculaire qui permettait aux bateaux de passer du golfe d’Égine au golfe de Corinthe en traversant l’isthme du Péloponnèse, ce qui leur évitait de contourner la presqu’île, hérissée de rochers coupants.
Il s’agissait d’une voie de halage en bois, sans cesse recouvert de graisse de bœuf, qui montait du golfe d’Égine, atteignant le sommet de l’isthme et redescendait de l’autre côté, dans le golfe de Corinthe. Le bateau qui devait l’emprunter était tracté par un attelage de bœufs jusqu’au point le plus haut, où il s’arrêtait en attendant que se présente un autre bateau, qui s’accrochait derrière lui.
Il était alors poussé vers le bas, de façon à entraîner ainsi le deuxième, qui, par son poids, ralentissait la descente du premier.
Un troisième bateau s’adjoignant au deuxième lorsque celui-ci arrivait au sommet. Le premier pouvait alors prendre le large.
Lampasque
Eumène avait envoyé deux estafettes sous escorte, l’une en direction de Lampsaque, et l’autre de Cyzique, deux puissantes villes grecques situées le long des Détroits; la première se dressait sur la côte, la seconde sur une île. Il leur renouvelait son offre de liberté et leur proposait un traité d’alliance au nom d’Alexandre.
Le roi était émerveillé par le paysage qu’il découvrait. À chaque détour de la route, il disait à Héphestion : « Regarde ce village! Regarde cet arbre… et cette statue… » Tout était pour lui source d’enchantement : les villages blancs sur les collines, les sanctuaires des divinité grecques et barbares, plongés dans la campagne, le parfum des pommiers en fleur, le vert rutilant des grenades.
Les habitants de Lampsaque on déclaré qu’il s’estiment assez libres et qu’ils n’ont aucun besoin de notre aide. Bref, ils ne souhaitent pas que nous nous mêlions de leurs affaires.
Baie d’Aulis et la ville de Chalcis
La petite baie d’Aulis leur apparut soudain alors qu’ils atteignaient le sommet d’une colline. En face, sur la rive opposée de l’Eubée, les formes blanches de la ville de Chalcis se détachaient dans le lointain. L’eau était d’un bleu intense et le bois de chênes qui recouvrait les flancs de la colline s’étendait presque jusqu’au rivage, faisant place à des buissons de myrte et d’arbousiers, puis à une mince bande de galets et de sable rose. Seul le bateau d’un pêcheur voguait dans l’enceinte du port où les mille navires des Achéens avaient appareillé.
Cyzique
« En revanche, j’ai de bonnes nouvelles de Cyzique. La ville nous est favorable, elle accepte de se joindre à nous. C’est vraiment une bonne nouvelle, car tous les mercenaires qui sont au service des Perses sont payés en monnaie de Cyzique. Des statères d’argent, pour être précis. Comme celui-ci. » Et il jeta sur la table une belle pièce de monnaie, qui rebondit et se mit à rouler sur elle-même comme une toupie jusqu’à ce que la main velue de Cleitos le Noir l’arrête d’un coup sec… Si la ville de Cyzique bloque l’émission de sa monnaie en direction des provinces perses, explique Eumène, les gouverneurs se trouveront vite en difficulté. Ils devront se taxer eux-mêmes, ou chercher d’autres formes de paiement, que les mercenaires apprécient peu. Cela vaut aussi pour leur ravitaillement, pour la paie des équipages maritimes et pour le reste.
La vallée de Zéléia était magnifique : le parfum légèrement amer de l’aubépine en fleur et celui des jasmins et des lys, plus sucré et plus délicat, s’échappaient du jardin qui entourait le palais; la chevelure blanche des cerisiers et des pêchers, des arbres divins qui ne poussaient que dans son pairidaeza, resplendissait sous le soleil printanier.
Il contempla les forêts qui recouvraient le flanc des montagnes, les palais et les jardins des nobles qui étaient rassemblés autour de la table, et il imagina ces merveilles incendiées par le feu de Memnon, cette mer d’émeraude réduite à l’état d’une étendue de charbon et de cendres fumantes.
Éphèse
Les notables de la ville… l’attendaient pour lui montrer les merveilles d’Éphèse.
Les habitations s’étendaient sur une hauteur qui déclinait doucement vers la mer et vers la vaste baie où se jetait le fleuve Caystros. Le port était rempli de vaisseaux, qui nce cessaient de déverser toutes sortes de marchandises. D’autres embarquaient des étoffes, des épices et des parfums en provenance de l’Asie intérieure, pour les revendre au loin, à l’autre bout du golfe Adriatique, sur les îles de la mer Tyrrhénienne, sur la terre des Étrusques et des Ibères. On pouvait entendre le bruissement que produisaient ces activités et les cris des marchandes d’esclaves qui vendaient aux enchères des hommes robustes et de belles jeunes filles que la vie avait conduits à ce triste destin.
Les rues étaient bordées d’arcades sur lesquelles donnaient les demeures d’étals et les vendeurs ambulants offraient aux passants des amulettes qui portaient bonheur ou protégeaient contre le mauvais œil, des reliques et des images d’Apollon et de sa sœur Artémis au visage d’ivoire…
Ils finirent par gagner un magnifique palais, dont l’entrée était soutenue par des colonnes de marbre surmontées de chapiteaux ioniques, bordées d’or et peintes en bleu. Cette résidence avait appartenu à l’un des aristocrates…
Célènes
Un cri retentit à la tête de la colonne. Des éclaireurs rentraient au galop d’une de leurs missions de reconnaissance, Célènes! Célènes!
C’était un spectacle merveilleux : la ville ressemblait à une gigantesque fourmilière éclairée par des milliers de lucioles.
Alexandre prit ses quartiers à Célènes, non loin des sources du Méandre. C’était la résidence du satrape de la grande Phrygie. Il ne rencontra aucune difficulté car tous les soldats perses s’étaient barricadés dans une forteresse, au sommet de cette belle ville – un éperon rocheux qui surplombait un petit lac aux eaux transparentes, créé par le fleuve Marsyas, affluent du Méandre. Lysimaque effectua une reconnaissance autour de la forteresse et revient de fort mauvais humeur. ‘elle est imprenable, dit-il. On y accède uniquement par une poterne située à mi-côte, du côté oriental. Mais les marches qui conduisent à l’entrée ne peuvent être gravies que par un seul homme à la fois, sous la menace de deux bastions.
Babylon
La ville se dressa devant le jeune conquérant comme une apparition féerique. Des milliers de jeunes gens, amassés sur une distance de dix stades le long de la route qui y menait, jetaient des fleurs devant son cheval. La majestueuse porte d’Ishtar, de cent mètres de haut, recouverte de carreaux émaillés où se détachaient des figures de dragons et de lions ailés, lui paraissait de plus en plus imposante au fur et à mesure qu’il avançait avec ses compagnons à la tête de son armée rangée, de ses soldats et de ses officiers, revêtus de leurs plus belles armures.
Sur les chemins de ronde rejoignant les tours encadrant la porte, et sur les gigantesques murailles-remparts, si larges que deux quadriges pouvaient y pénétrer de front, se pressait une population impatiente de voir le nouveau roi qui avait battu les Perses à trois reprises en moins de deux ans et contraint des dizaines de villes fortifiées à se rendre.
Les prêtres et les dignitaires l’accueillirent et l’accompagnèrent au temple de Marduk, au sommet de l’Esagila, pour qu’il sacrifie au dieu. Ce temple grandiose à larges degrés trônait au centre de la grande aire sacrée.
En présence d’une foule immense, rassemblée dans la vaste cour, Alexandre, ses compagnons et ses généraux gravirent les marches qui conduisaient au sanctuaire, situé au sommet, où reposait le lit doré du dieu, sa demeure éternelle.
Du haut de cette construction, le roi contempla le spectacle impressionnant de la majestueuse métropole.
Babylone s’étendait à ses pieds avec toutes ses merveilles, parmi lesquelles son immense enceinte et les triples remparts qui protégeaient le palais royal et le « palais d’été », au nord de la ville. La fumée de l’encens s’échappait du millier de sanctuaires qui parsemaient le vaste espace urbain: des rues larges et droites qui s’entrecoupaient à angle droit, et les artères principales aux pavés de terre cuite sertis dans de l’asphalte. À chacune de leurs extrémités se dressait l’une des vingt-cinq portes qui s’ouvraient dans la muraille, avec ses battants colossaux recouverts de bronze, d’or et d’argent.
La ville était partagée en deux par l’Euphrate, qui brilla comme un ruban d’or d’un bout à l’autre des remparts, flanqué de jardins et d’arbres exotiques de toutes sortes, où virevoltaient des oiseaux multicolores.
De l’autre côté du fleuve, les palais royaux, reliés à la partie occidentale de la ville par des ponts massifs en maçonnerie, étaient revêtus de carreaux en céramique vernissée, dont les émaux polychromes, scintillant sous le soleil, représentaient des créatures merveilleuses, des paysages féeriques, des scènes issues de l’ancienne mythologie de la Terre des Deux-Fleuves.
Non loin du palais royal s’élevaient les jardins suspendus qui étaient considérés comme l’une des merveilles les plus impressionnantes du monde connu.
Ici, la notion typiquement perse du pairidaeza s’était incarnée dans un lieu totalement plat, dont le climat interdisait toute création de parcs plantés d’arbres. Tout y était artificiel, tout y était créé par l’ingénieuse main de l’homme. On racontait, comme le rapportèrent les prêtres, qu’une jeune reine élamite que le roi Nabuchodonosor avait épousée brûlait de nostalgie pour les montagnes boisées où elle était née roi avait donc ordonné à ses architectes de concevoir montagne artificielle recouverte d’un bois ombragé et des plus belles fleurs du monde. Et ceux-ci avaient alors construit série de plates-formes qui se superposaient les unes autres, et dont la dimension se réduisait au fur et à mes qu’on grimpait. Elles étaient soutenues par des centaines pilastres en maçonnerie, soigneusement revêtus d’asphalte et reliés par des archivolles. On avait également recouvert d’asphalte les énormes plates-formes où l’on avait entassé une quantité de terre suffisante pour y faire pousser des arbustes et des arbres de haut fût, qui devinrent bientôt refuge de nombreux oiseaux diurnes et nocturnes. Des oiseaux exotiques tels que les paons et les faisans du Caucase et de la lointaine Inde y furent introduits. On y installa aussi des fontaines que d’ingénieuses machines alimentaient avec de l’eau de l’Euphrate, qui gargouillait au pied de cette merveille.
L’ouvrage présentait l’aspect d’une colline boisée, mais on entrevoyait ici et là la marque de l’homme: des terrasses et des parapets dissimulés par des plantes rampantes et retombantes, regorgeant de fleurs et de fruits.
Alexandre fut ému en songeant qu’un roi avait voulu créer un tel miracle pour adoucir la mélancolie de sa reine, née dans les hautes terres de l’Élam, et il pensa à Barsine qui reposait à jamais dans le grossier sanctuaire de pierres du désert de Gaugamèle.
«Dieux du ciel ! murmura-t-il en balayant les jardins du regard. Quelle merveille !» Ses amis, Ptolémée et Perdiccas, Leonnatos et Philotas, Lysimaque et Eumène, Séleucos et Cratère, contemplaient eux aussi avec stupéfaction la ville que l’on considérait depuis des millénaires comme le cœur du monde et la «porte de dieu» – signification de son nom, Bab-EL dans la langue indigène. Entre les divers quartiers, entre les maisons et les palais, s’ouvraient de larges espaces verdoyants, des potagers et des jardins contenant toutes sortes de fruits. Et l’on voyait se déplacer sur le fleuve des dizaines de bateaux agiles.
Certains, en osier, étaient poussés par une grande voile carrée. Ils venaient des régions où se trouvaient plus anciennes villes du mythe mésopotamien : Ur, Kish, Lagash. D’autres, aussi ronds que des paniers, revêtus de aux tannées, arrivaient du nord avec des cargaisons de lits, ramassés au loin, notamment en Arménie, une terre riche en gibier, en peaux, en bois et en pierres précieuses.
Le ciel, l’eau et la terre contribuaient à créer un univers de perfection harmonieuse à l’intérieur de la grande enceinte, de l’imposante couronne de tours. Et pourtant, Alexandre cherchait du regard une merveille dont son maître Léonidas lui avait tant parlé: la «tour de Babel», une montagne de pierre et d’asphalte qui mesurait trois cents pieds de ut et autant de large à la base, et que tous les peuples de la terre avaient contribué à bâtir.
Le prêtre lui montra une large zone envahie par les mauvaises herbes, dans un état d’abandon total. « Voici le lieu où dressait la sainte Étéménanki, la tour sacrée qui touchait le ciel et que les Perses détruisirent quand la ville se rebella, du temps du rois Xerxès.
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