Vers la baie d’Hudson

Vers la baie d’Hudson

Qu’on se la dise : la baie d’Hudson est une mer intérieure. Elle en a toutes les caractéristiques, comme la Méditerranée. Sa superficie est de 822 000 kilomètres carrés et est deux fois plus grande que celle de la mer Baltique qui est de 375 000 kilomètres carrés.

Après les échecs des premières expéditions, lancées en 1580, l’Angleterre se désintéressa une fois pour toutes de la route de l’est et les partisans de celle de l’ouest rentrèrent en scène, avec l’appui de nouveaux enthousiastes, des aristocrates comme Sir Walter Raleigh et Sir Francs Walsingham, et des marchands comme William Sanderson. Pour suivre la route que Frobisher décrivait de manière si tentante, ces commanditaires portèrent leur choix sur John Davis, marin remarquable et différent de ses prédécesseurs.

Frobisher, homme de courage et d’autorité, ne possédait pas les connaissances scientifiques suffisantes pour être un bon explorateur et il s’était laissé détourner de sa tâche de découvreur par son goût de la chasse au trésor. Davis, navigateur tenace et instruit, ne se laissait pas influencer par des questions d’intérêt ou abattre par des déconvenues. Des tempêtes écourtèrent, en 1585, son premier voyage, qui lui permit néanmoins de pousser plus avant que Frobisher et de découvrir le détroit de Cumberland, avant que la formation des glaces hivernales ne le forçat à faire demi-tour. Son second voyage ne lui permit guère de progresser et, en 1587, au cours d’un troisième voyage, remontant la côte occidentale du Groenland jusque dans la baie de Baffin, pour se heurter d’ailleurs à l’obstacle infranchissable d’énormes banquises, il atteignit des latitudes jamais approchées au cours des voyages précédents. Son optimisme ne l’avait pas quitté et il écrivit à un de ses commanditaires: “J’ai atteint 73e de latitude nord, la mer était encore libre jusqu’à 40 lieues de la côte, le passage existe très vraisemblablement ; son franchissement doit être aisé.”

Dans un ouvrage intitulé The Worlds Hydrographical Description – (Description de l’hydrographie mondiale) – qu’il publia par la suite, Davis réaffirme sa croyance dans la “navigation par le nord, qui permettrait d’atteindre rapidement les mers du sud”. Il mourut avant que les fonds nécessaires à une nouvelle expédition ne fussent rassemblés.

En dépit des affirmations de Davis, on peut s’étonner que tant d’échecs n’aient pas conduit à un abandon des recherches. Mais des navigateurs intelligents continuèrent la quête; l’un des plus célèbres, Henri Hudson, s’était antérieurement rendu à la Nouvelle-Zemble pour le compte des Anglais, puis avait reconnue la baie Delaware et le fleuve Hudson, jusqu’à la hauteur d’Albany, pour le compte des Hollandais.

En 1610, des commanditaires anglais confiaient à Hudson une nouvelle expédition, bien mince cependant puisqu’elle ne comptait qu’un navire, le Discovery. Une fois franchi le détroit d’Hudson, il aperçut un large bras de mer que s’était en direction du sud-ouest. Il en conclut que le Pacifique se trouvait devant lui, mais, à mesure qu’il s’engageait vers le sud, dans la baie d’Hudson, l’épaisseur croissante de la glace l’intrigua sans cesse davantage.

Le navigateur et explorateur Henri Hudson, qui cherchait le passage du Nord-Ouest, a cru en y pénétrant que c’était une baie. L’usage – fautif – est resté.

Se rendant compte de son erreur, il s’arrêta pour hiverner dans la baie James; l’équipage connut des jours extrêmement pénibles, aggravés par l’incompréhension d’Hudson et, au printemps, lorsque l’explorateur annonça sa décision de poursuivre le voyage, une mutinerie éclata. Les matelots obligèrent Hudson, son fils et cinq hommes qui lui étaient restés fidèles, à prendre place dans une embarcation non pontée; remorquée au milieu des glaces en dérive, elle fut abandonnée. L’on n’entendit plus jamais parler des sept hommes. Les mutins rentrèrent en Angleterre; leur crime était évident, mais on ne les pendit pas car ils étaient les seuls à pouvoir retrouver le passage escompté.

L’expédition d’Hudson avait prouvé qu’il ne débouchait pas dans le sud de la baie d’Hudson; il devait donc s’ouvrir quelque part plus à l’ouest au fond de cet important bras de mer. Une compagnie du Nord-Ouest fut fondée dans le plus grand enthousiasme par 300 commanditaires, dont l’archevêque de Cantorbury; trois des mutins en firent même partie.

Avec cet incroyable entêtement qui caractérise ces explorations du passage du nord, diverses expéditions reconnurent la baie d’Hudson, mais en vain.

Ensuite, pendant près de quinze ans, on rechercha d’autres routes, plus au nord. En 1631, les deux dernières tentatives de l’époque pour trouver le passage du Nord-Ouest furent entreprises par Luke Foxe et Thomas James, d’ailleurs toujours sans succès.

D’après L’Âge des Découvertes par John R. Hale et les Rédacteurs des Collections Time-Life, 1967.

Lac Chavigny

En forme de « s » en raison de deux longues presqu’îles, cette nappe d’eau est située à 120 km à l’est de la baie d’Hudson et à une centaine de kilomètres au nord du lac Minto. Longue de 45 km, large de 14 km et d’une superficie de 262 km carrés, elle occupe une cuvette qu’emprunte la rivière Innuksuac qui se jette, au nord-ouest, dans la baie d’Hudson, à la hauteur du village d’Inukjuak.

Adopté en 1941, ce toponyme honore la mémoire de François de Chavigny Lachevrotière (1650-1725). Explorateur et interprèyte, il accompagne, en 1670, l’envoyé de Jean Talon, Simon-François Daumont de Saint-Lusson, dans la recherche d’une mine de cuivre au pays des Outaouais, région environnant le lac Supérieur.

En 1679, l’intendant Jacques Duschesneau tente, mais en vain, d’obtenir pour Chavigny le poste de capitaine du port de Québec. Dix ans plus tard, on le retrouve aux côtés de d’Iberville, chassant les Anglais de la baie d’Hudson.  Il en serait revenu par voie de terre avec huit prisonniers, dont cinq capitaines de vaisseaux. Plus tard, en 1712, il travaille à la sous-ferme de Tadoussac sans pour autant négliger sa seigneurie, acquise de sa mère en 1674. Tombé malade en 1724, Chavigny meurt l’année suivante et est inhumé à Deschambault. Les Inuits appellent le lac Chavigny Ingiuligaajuuq ou « constamment agité par les vagues. »

Péninsule Ministikawatin

La rivière Nottaway, qui débouche dans la baie de Rupert, au sud de la baie Hannah du côté ontarien, délimitant la pointe Ministikwatin dont une partie, à l’ouest, est cependant traversée par la frontière occidentale du Québec sur le méridien 79 30′ Longe d’au moins une cinquantaine de kilomètres, large d’une quarantaine, abondamment arrosée de cours d’eau, elle s’élève rarement au-dessus de 45 m de hauteur. Péninsule Ministikawitin – ou en anglais Ministikawitin Peninsula – paraît sur une carte marine en 1913. Le spécifique Ministikawatin est constitué des mots cris ministik, île et kawatin, nord, littéralement île du nord. Bien que la forme de la péninsule soit notablement dégagée par les deux rivières, elle n’est pas une véritable presqu’île et encore moins une île.

Havre Otaska

Ce petit havre de la baie d’Hudson, situé à environ 36 km au sud-ouest de l’estuaire de la Grande rivière de la Baleine et à 40 km au sud du village cri de Whapmagoostui, occupe une position privilégiée, très bien protégé par le bras sud de la pointe Niluriak Ungallipaaq, pointe en forme d’enclume. Otaska tire son origine du mot cri « otaskija » qui signifie « son pays », de « ot », son et « askij », pays, terre. La Commission de toponymie du Québec a adapté cette désignation en 1979 sous la forme Havre Otaska, laquelle peut être relevée sur la carte officielle du Québec dès 1935, bien que divers documents cartographiques de l’époque portent la désignation anglaise Otaska Harbour. Toutefois, on la relève sur la carte accompagnant le neuvième rapport de la Commission de géographie du Canada, en 1911, sous la forme Olaska Harbour.

Voir aussi :

Compagnie de la Baie d'Hudson
Siège social d’aujourd’hui de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Photo de GrandQuebec.com.
Jean_drapeau_parc_view_water
Nature vive. Crédit photo : GrandQuebec.com.

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