Une nouvelle sainte française

Une nouvelle sainte française, fondatrice de l’Ordre des Sœurs de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur

Le 2 mars 1940, l’on sait que Sa Sainteté Pie XII a canonisé la bienheureuse Mère Marie de Sainte-Euphrasie Pelletier. L’Église a ainsi reconnu les mérites insignes de la fondatrice du Bon Pasteur, et en même temps rendu justice à l’œuvre admirable accomplie depuis un siècle par cet ordre, à travers le monde entier.

La nouvelle sainte était originaire de Vendée. Elle naquit durant la Révolution à Noirmoutier, où s’était réfugiée sa famille. Son enfance fut certainement bercée pur les récits des guerre vendéennes et sa foi très vive y puisa un enseignement et un exemple.

À treize ans, elle quitta l’île de Noirmoutier et alla continuer à Tours son éducation dans un pensionnat religieux. C’est là que que se manifesta, de manière irrésistible, la vocation. Dès l’âge de dix-huit ans, elle résolut d’entrer au couvent.

Une maison, entre toutes, l’attirait, parce qu’il lui paraissait qu’on y pouvait accomplir plus de bien qu’ailleurs : c’était le Refuge, qui possédait à Tours un établissement. Sa famille voyait pourtant comme une sorte de honte à prendre le voile dans une telle maison. Rose-Virginie Pelletier surmonta cette résistance : elle franchit les portes du cloître et devint la Mère Marie de Sainte-Euprasie.

Mais la communauté du Refuge, fondée au dix-septième siècle par le P. Eude, lui parut bientôt posséder une règle trop étroite. Sa soif d’action la poussa à en briser le cadre, à l’élargir, afin de se mettre plus complètement à la disposition des malheureuses. Aux vœux habituels de chasteté, de pauvreté, d’obéissance, elle ajouta celui de dévouement au salut des âmes.

Il y avait eu à Angers, avant la Révolution, une communauté de pénitentes repenties qui, sous le nom de Bon Pasteur, occupait un immeuble que lui avait octroyé l’évêque Henri Arnauld (le frère du Janséniste) à la fin du dix-huitième siècle. La communauté avait disparu pendant la Révolution. La Mère Marie de Sainte-Euphrasie Pelletier résolut de relever l’ordre. Avec quelques religieuses de Tours, elle gagna Angers et se mit à l’ouvrage.

Aidée de généreux laïcs, M. de Neuville et Mme d’Andigné, elle parvint à racheter en 1833 d’anciennes manufactures, puis, quand la communauté se développa, l’antique abbaye de Saint-Nicolas, qui devint ainsi la maison mère du Bon Pasteur, car la fondatrice avait repris le nom du couvent disparu.

Dès 1838, la Mère Pelletier s’était rendue à Rome et avait soumis au pape ses plans et ses projets de constitution. Le Saint-Père les avait pleinement approuvés et, pour marquer l’intérêt qu’il prenait h l’œuvre de la religieuse vendéenne, il donna, comme protecteur à la communauté naissante, un cardinal romain : ce qui n’alla pas sans provoquer les protestations assez vives de l’évêque d’Angers qui eût voulu garder une autorité suprême sur le monastère.

Mais déjà le Bon Pasteur créait des maisons nouvelles hors du diocèse, dans toute la France. Quand la Mère Pelletier mourut, en 1868, l’ordre comptait près do deux cents maisons. Il y en a maintenant dans les cinq parties du monde et, partout, les religieuses ont su admirablement s’adapter au caractère de chaque pays, tout en poursuivant leur tache essentielle : le relèvement et la préservation de la jeunesse.

C’est pourquoi la canonisation de la fondatrice du Mon Pasteur a-t-elle été accueillie avec autant de joie en Europe et au Canada. La France, terre des saintes, peut se réjouir de la décision de l’Église.

(Par Jacques Levron, le Journal des Débats, mars 1940).

Pour en apprendre plus :

Maison provinciale de Sœurs de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur à Montréal vers 1925, 104 rue Sherbrooke Est. Photo libre de droits.
Maison provinciale de Sœurs de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur à Montréal vers 1925, 104 rue Sherbrooke Est. Photo libre de droits.

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