
Quartier chinois de Vancouver (Chinatown de Vancouver)
Des immigrants chinois ont travaillé dans les principales industries de la Colombie-Britannique bien avant 1886, date à laquelle Vancouver a été incorporée en ville. Ils étaient présents dans les régions aurifères, dans les mines de charbon, les scieries ainsi que dans l’industrie alimentaire. Entre 1881 et 1885, pas moins de 10 000 Chinois furent engagés pour construire le Canadian Pacific Railway, le chemin de fer canadien.
En 1882, les États-Unis instaurèrent une loi empêchant l’immigration des travailleurs chinois. Nombreux sont ceux qui sont venus au Canada à cette époque. En 1885, c’est le Canada à son tour qui impose une taxe aux immigrants chinois. Comme peu de gens avaient assez d’argent pour payer les taxes pour chaque membre de leur famille, l’immigration était essentiellement masculine.
Les conditions de vie étaient difficiles à Chinatown, aussi y vivait-on souvent entre deux emplois. Les Chinois quittaient régulièrement Vancouver pour aller travailler quelques mois dans les camps de bûcherons ou dans les conserveries de poisson de la région. À Chinatown, ils logeaient généralement sur la rue Pender, dans des pensions surpeuplées. Le commerce de l’opium et le jeu se développant, ces activités fascinaient et effrayaient le tout Vancouver qui tenta de fermer ces «lieux de vice».
Les distinctions de classe étaient très perceptibles à Chinatown. Au sommet de l’échelle, il y avait les directeurs des compagnies qui contrôlaient la plus grande partie du commerce. Ces compagnies engageaient des ouvriers, importaient et exportaient, investissaient dans l’immobilier, et contrôlaient les manufactures d’opium. Il y avait ensuite, plus nombreux, les marchands de la classe moyenne qui étaient propriétaires de leur commerce: épiceries, laveries, boutiques de vêtements, etc.
Comme des mesures protectionnistes les empêchaient d’accéder aux emplois de la ville, les Chinois ont créé leurs propres associations pour aider leurs compatriotes. Ces associations étaient basées sur des noms de famille ou des lieux de naissance communs en Chine. Leurs membres ont ainsi recueilli des fonds importants qui ont permis de construire un imposant quartier général, qui existe toujours sur la rue Pender. Certains financèrent aussi des associations de crédit qui ont fourni le capital nécessaire pour démarrer de nombreux commerces.
Durant les années de prospérité, entre 1897 et 1913, Chinatown s’est beaucoup développé. Mais même les Chinois les plus riches vivaient en marge de la société vancouveroise. La discrimination prenait différentes formes, allant de dessins caricaturaux et calomniateurs dans les journaux, au harcèlement systématique effectué par les inspecteurs de la ville. Les Chinois n’étaient évidemment pas autorisés à voter aux élections municipales, provinciales ou fédérales.
En temps de crise, le sentiment anti-chinois s’exacerbait. Les travailleurs syndiqués éprouvaient du ressentiment contre les Chinois car ces derniers étaient souvent utilisés pour briser les grèves. En 1907, le boom qui avait commencé en 1897 avec la ruée vers l’or du Klondike, s’était essoufflé. Cette année-là, la Vancouver’s Asiatic Exclusion League réunit des centaines de partisans lors d’un rassemblement. Ensuite, la foule marche sur Chinatown, détruisant les biens et pillant les commerces. En 1923, le gouvernement fédéral vote l’Exclusion Act, qui stoppe l’immigration chinoise. Jusqu’à son retrait, 25 ans plus tard, Chinatown soulignait ostensiblement cet événement avec l’annuel Humiliation Day.
Durant la dépression des années 1930, la communauté chinoise de Vancouver s’est réduite de 6 000 personnes, soit la moitié de ses membres, victimes de maladies ou contraints à l’émigration. La ville instaure un système de soutien alimentaire pour les Chinois qui est inférieur à celui des résidents blancs. Il s’ensuit beaucoup de victimes de malnutrition.
C’est la deuxième Guerre mondiale qui va marquer un tournant décisif dans les rapports canado-chinois. Durant la guerre, la Chine combat en effet en tant qu’alliée du Canada, et les liens entre Chinois et Canadiens se resserrent. En 1947, le gouvernement canadien décide enfin de retirer l’Exclusion Act. Finalement, les résidents Chinois sont en mesure de faire venir leurs femmes et leurs enfants. Le quartier de Chinatown devenu surpeuplé, de nombreuses familles décident de s’installer à Strathcona, à l’est de l’ancien quartier chinois.
Après la guerre, la perception des habitants de Vancouver évolue: Chinatown, qui était jadis considéré comme dangereux et sinistre, devient exotique et attirant. C’est à cette époque que les commerces se parent de brillantes enseignes de néons. Dans les années 1960, on envisage de faire passer une autoroute à travers Chinatown. Mais en 1968, ce plan est abandonné suite aux interventions de plusieurs groupes de citoyens. Chinatown est reconnu quartier historique en 1971. Puis en 1979 des éléments distinctifs sont ajoutés, comme des lampadaires rouges et des pavés qui marquent les passages pour piétons.
De nos jours, si Chinatown est très fréquenté en été, il n’en est pas de même le reste de l’année. Les centre commerciaux chinois de Richmond et Coquitlam, plus grands, attirent davantage les immigrants arrivés récemment de Chine, de Hong Kong et de Taïwan.


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