Premier vol du Concorde

L’avion supersonique franco-anglais «Concorde» effectue son premier vol d’essai à Toulouse

2 mars 1969 : L’avion Concorde effectue son premier vol d’essai. Pourtant son premier vol commercial n’aura lieu que sept ans plus tard. En 1996, deux compagnies aériennes exploitaient 14 exemplaires du Concorde. À défaut de réussite commerciale, les industriels français et britanniques on su relever le défi technique. « Jamais peut-être depuis le début de l’ère industrielle dans nos vieux pays, un projet ne devait soulever autant d’enthousiasme et de colonnes dans la presse et, peut-être, autant de controverses que Concorde. »

C’est André Turcat, directeur des essais en vol du programme supersonique, qui a écrit ces lignes au lendemain de l’entrée en service de l’appareil, le 21 janvier 1976. Ce jour-là. Les deux pays constructeurs, la France et la Grande Bretagne, ont gagné un formidable parti technique, celui de mettre en ligne un avion de transport civil volant à deux fois la vitesse du son. Et depuis vingt ans ses exploitants, Air France et British Airways, prouvent chaque jour la justesse des choix opérés dans les années 60 par les constructeurs – Aérospatiale et British Aerospace pour la cellule, Rolls Royce et la Snecma pour le réacteur.

Des choix qu’a mis encore plus en valeur d’échec du Tupolev 144 soviétique. Concorde, même s’il accumule moins d’heures de vol qu’on espérait, est à créditer d’un bon taux de régularité et de ponctualité. En août dernier, un appareil d’Air France n’a-t-il pas effectué sans encombre un du monde en six étapes dans le temps record de 31 heures et 27 minutes ?

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Le Concorde qui a volé pour la première fois le 2 mars 1969, est entré en service commercial sept ans plus tard. Le coût du programme étant évalué à quelque 10 milliards de dollars pour les pays constructeurs, il aurait fallu vendre près de cent machines pour parvenir à l’équilibre financier. Il n’en a rien été. Pourtant, en avril 1967, on comptait déjà 74 options prises par seize compagnies. Pourquoi un tel échec ? Paradoxalement, l’arrêt du programme concurrent américain, le 24 mars 1971 a porté un premier coup suivi d’un deuxième – avec relation de cause à effet entre les deux le 31 janvier 1973, quand, simultanément, les compagnies américaines Panam et TWA annulent leurs treize options, bientôt suivies par American Airlines.

Le ton était donné et, l’un après l’autre, les autres clients allaient s’éclipser. Et le barrage américain à Concorde devait se poursuivre pour la desserte de New York finalement obtenue après deux ans ou presque de discussions et de procès. Le premier choc pétrolier, celui de 1973, en provoquant un triplement du prix du carburant en trois ans, n’a pas aidé Concorde, gros consommateur de kérosène : pour traverser l’Atlantique, il lui faut presque autant de pétrole qu’on Boeing 747 qui, lui, transporte quatre fois plus de passagers, en deux fois plus de temps, il est vrai.

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Enfin, une capacité limitée à cent places et un rayon d’action à 6500 kilomètres ce qui, par exemple, interdit de relier Rome ou Francfort à New York d’un seul coup d’aile ont refroidi les éventuels clients, peut-être également influencés, dans le même temps, par les campagnes écologiques. Alors, fallait-il faire l’avion Concorde ? Au moment où les Etats-Unis, sans parler du Japon se lançaient, avec de gros moyens financiers, dans la course à l’avion supersonique de deuxième génération, l’acquis d l’Europe en ce domaine constitue encore un bon atout. A condition qu’il y ait d’abord la volonté politique, on put espérer qu’elle pourra faire bonne figure dans cette compétition.

Voir aussi :

L’avion Concorde s’envole le 2 mars 1969. Photo libre de droits.

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