L’origine du mot Acadie

L’origine du mot Acadie

Certains auteurs prétendent que le mot Acadie provient du micmac Algatig, signifiant « lieu de campement ». D’autres croient que ce mot serait plutôt une variation du terme malécite « quoddy » qui signifie « endroit fertile ». Chacun cite un exemple de nombreux noms de localités la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick, ayant des terminaisons propres à appuyer l’une ou l’autre de ces théories.

Rappelons que lorsque Verrazano explora les rives du Nouveau Monde, au nom du roi de France, en 1524, il longea les côtes de l’Amérique du Nord, de la Georgie jusqu’à Terreneuve. Dans l’enthousiaste description qu’il fit à François Ier du territoire visité, il note que « … nous nommames Arcadie, en raison de la beauté de ses arbres. »

Or, les anciennes cartes de Gastaldi en 1548, de Zaltieri en 1556 et de Milo en 1570 désignent le territoire actuel de la Nouvelle-Écosse sous le nom de Larcadia. Ruscelli emploie le mot Larcadie, en 1561. André Thivet, celui d’Arcadia, le fait en 1575. Samuel de Champlain, fondateur de Québec et géographe du Roy, employa lui-même le mot Arcadie, en 1603. Il utilise Accadie, en 1613, alors que la commission royale, accordée à M. de Monts, en 1603, fait mention du pays de Cadie.

Nous savons que Verrazano était surtout à la recherche d’une voie maritime conduisant en Chine ou aux Indes par l’Occident. De plus, il ne fit à terre, au cours de tout son voyage, qu’un bref arrêt de trois jours et il ignorait sûrement les divers dialectes des tribus indiennes peuplant alors les côtes de l’Amérique. Il semble donc difficile d’admettre qu’il ait pu extraire le terme Arcadie du langage des Micmacs ou des Malécites, sauvages qu’il n’a vraisemblablement jamais rencontrés.

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« L’inspiration lui serait venue, écrit le père Clément Cormier, de la Grèce antique et référerait à un massif central du Péloponnèse. Les poètes l’ont sublimé pour en faire le séjour de l’innocence et du bonheur. La raison qui me porterait, poursuit le père Cormier, à opter pour cette solution, c’est un poète italien, Sannazar, avait publié vers 1504, donc 20 ans seulement avant le voyage épique de Verrazano, un ouvrage intitulé L’Arcadie. L’auteur y chantait la beauté des paysages napolitains lesquels il comparait à la poétique Arcadie des Grecs. Ce travail était bien connu. Il aurait pu difficilement échapper à Verrazano, lui-même italien d’origine et homme de lettres. Nous l’avons vu, le lieu en question, découvert au Nouveau-Monde, fut nommé en raison de la beauté de ses arbres. Ainsi on peut sous-entendre une relation établie entre la beauté de l’endroit et un souvenir littéraire. »

Le territoire que Verrazano a désigné sous le nom Arcadie, dont il a donné une description détaillée à la Cour de France, ne correspond pas nécessairement à la Nouvelle-Écosse actuelle. Il comprendrait plutôt le littoral de l’Atlantique, situé au sud de la ville de New York.

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Mais en tenant compte de la désespérante imprécision des cartes géographiques de l’époque, due aux méthodes et aux instruments rudimentaires alors utilisés, il est facile d’admettre la bonne foi des cartographes des temps anciens, y compris Champlain, qui ont employé le terme Arcadie, avec des variantes. Ils ont peu à peu transformé ce mot en Acadie, pour désigner un territoire situé à quelques degrés de latitude plus au nord.

L’éminent historien Gustave Lanctôt parage également cette opinion lorsqu’il écrit que Verrazano baptisa la région où se situe la Pennsylvanie actuelle du nom d’Arcadie. « Appellation qu’on transposa plus tard par inadvertance à la péninsule de la Nouvelle-Écosse. »

(Tiré du livre Histoire des Acadiens, par Bona Arsenault, mise à jour de Pascal Alain).

Voir aussi :

La création n'est rien d'autre qu'un rêve durement mis en forme. (Gilbert Choquette, La flamme et la forge). Peinture : Megan Jorgensen.
La création n’est rien d’autre qu’un rêve durement mis en forme. (Gilbert Choquette, La flamme et la forge). Peinture : Megan Jorgensen.

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