Occupation de l’Hollande par l’Allemagne

Comment la Hollande a succombé en quelques jours à l’invasion allemande

Hollande et Allemagne : Les Hollandais, en dépit de l’occupation complète de leur pays par l’armée allemande, continuent de combattre aux côtés de la Grande-Bretagne. La reine et le gouvernement de Hollande ont trouvé asile à Londres, d’où ils continuent d’administrer les riches possessions coloniales hollandaises, dont les ressources naturelles constituent un précieux apport pour l’Empire britannique. Le récit qui suit de l’invasion de la Hollande a été recueilli par un correspondant anglais de la bouche de L’un des hauts fonctionnaires de l’amirauté hollandaise :

Jusqu’à trois heures du matin, le 10 mai 1940 dit-il, tout paraissait normal dans notre pays. Nous avions fait tout notre possible pour observer la plus stricte neutralité et pour éviter de donner à l’Allemagne le moindre prétexte pour nous attaquer.

Le premier avertissement de quelque chose d’anormal fut reçu à 2 heures du matin, quand les postes de la D.C.A. firent le rapport d’une extraordinaire activité dans les airs, particulièrement au large de la côte hollandaise. Pendant une demi-heure on put croire qu’il ne s’agissait que d’une flagrante violation de la neutralité de l’air : mais lorsque l’état-major naval fut avisé que des avions allemands avaient lancé des bombes magnétiques devant nos ports les plus importants, il n’y eut plus de doute : la guerre avec l’Allemagne commençait.

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À l’aube, des avions de bombardement ont attaqué brusquement les aérodromes d’Amsterdam, de Rotterdam et de Dekooy. Par la suite les hangars brûlèrent. Les avions de combat allemands mitraillèrent les troupes entourant les champs d’aviation. Aussitôt après une nuée de parachutistes et de tropes aériennes atterrit dans les environs. Ces soldats, quelques-uns déguisés dans des uniformes hollandais, prirent possession des ports d’aviation. Ils débarrassèrent ensuite les pistes d’atterrissage de fous les obstacles qui y étaient placés. Une demi-heure plus tard les avions de transport allemands arrivaient. Cela se passait arec la régularité des trams d’excursion dans une gare de chemin de fer. Par le moyen de cette remarquable technique de nombreuses troupes allemandes tombèrent du ciel. Dès 5 heures du matin la Haye était pratiquement entourée.

Les Allemands ne perdirent pas de temps et furent sans merci. Un certain nombre de leurs avions volèrent bas au-dessus de la ville, lançant des bombes incendiaires et explosives et mitraillant les quartiers d’habitations. D’autres vinrent ensuite, laissant tomber des feuilles bordées d’orange (comme nuis le savez, c’est la couleur de notre famille royale) disant que la ville était entourée et que toute résistance était inutile. Comme ces pamphlets ne produisaient aucun effet, le centre de la cité fut bombardé encore une fois à 10 heures. Bientôt on sut que les troupes allemandes avaient franchi la frontière en plusieurs points et que, trois heures après, le ministre d’Allemagne a la cour de la reine a ait informé le ministre des affaires étrangères hollandais que l’Allemagne avait l’intention d’occuper la Hollande. Il donnait pour prétexte que les Allies, au su des gouvernements hollandais et belge, se préparaient à envahir la Hollande.

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Comme on le sait, la Hollande répondit à cela en déclarant la guerre à l’Allemagne. Tout de suite c’est la ville de Rotterdam qui fut le centre de cette guerre éclair qui devait amener sa destruction complète. Les parachutistes allemands avaient occupé deux ponts sur la Meuse. Rien alors ne put les en déloger. Des contre-torpilleurs hollandais qui, en dépit des mines magnétiques semées par les avions, avaient pu se forcer un chemin en amont de la rivière, attaquèrent vainement ces ponts stratégiques. Des centaines d’avions attaquèrent alors la cité. Et le récit poursuit.

Vous comprenez peut-être difficilement qu’une force numériquement inférieure de parachutistes et d’infanterie débarquée par des avions de transport ait pu obtenir un si rapide succès. Je puis seulement vous assurer que la poursuite de ces envahisseurs, isolés ou en groupes, demandait une supériorité d’environ cinq a un. Il faut vous rappeler qu’une partie de cette infanterie de l’air se déguisait en soldats. On encore en facteurs, conducteurs de tramways. En fait, même en femmes et en prêtres catholiques. L’effet de ce stratagème était de répandre la terreur parmi la population civile. Ainsi que le soupçon. En effet, tout le monde considérait tout étranger comme un ennemi possible.

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Il serait vain de nier que certaines de ces ruses allemandes fussent osées et originales. Un de nos rapports militaires décrit comment une centaine de soldats d’infanterie de l’air, déguisés en Hollandais, eut l’audace alors de se ranger derrière un de nos bataillons d’infanterie marchant vers la Haye par les dunes. Après avoir marché donc quelque temps entre nos troupes, les Allemands déguisés firent feu brusquement sur les Hollandais. Il leur infligèrent ainsi de grosses pertes avant de se faire exterminer. Une autre histoire, plus horrible encore, rapporte que des parachutistes allemands saisirent de petits enfants qui jouaient sur la route. Ils se servirent d’eux comme de boucliers pour empêcher les troupes hollandais de faire feu. Ces hommes, pour la plupart garçons de l6 à 20 ans, tombant soudainement du ciel, riaient désespérés et auraient commis toutes les atrocités.

Il faut ajouter à cette attaque brusquée venue du dehors les agissements des Allemands qui étaient à l’intérieur du pays. La seule légation allemande à La Haye comptait 250 fonctionnaires. Au signal donné donc ils se transformèrent magiquement en soldats. Il n’y avait pas moins de 120,000 Allemands en Hollande au moment de l’invasion. Domestiques, journalistes, « touristes », employés des divers consulats. Chacun d’eux avait un rôle à jouer dans la rapide subjugation de la Hollande. C’est eux que guidèrent les parachutistes. En fait, ce n’est pas de leur faute si la reine et ses ministres ont échappé à la capture.

(Journal Le Canada, récit sur Hollande et Allemagne publié le 28 août 1940).

Pour en apprendre plus :

La cavalerie allemande fait son entrée en Hollande en mai 1940. Photo de l’époque, libre de droits.

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