Nouvelles pas fraîches de l’Europe et de l’Asie, c’est arrivé le 10 mai 1930 en France, en Allemagne, en Hongrie et en Chine
Jacques Thibaud gagne un procès contre un flagorneur
PARIS, 10. — Le 11 janvier 1929, Jacques Thibaud devait donner un concert à Nantes, à 9 heures du soir. Il en avait donné un autre, à Angers, dans l’après-midi. Il arriva fort en retard et, pour l’excuser auprès du public qui s’impatientait, un régisseur vint expliquer qu’une tourmente de neige avait attardé son automobile sur la route.
C’était la vérité, assurément. Mais un journaliste local préfère chercher la vérité… dans le vin. Quelques jours après l’incident, il racontait, dans un important organe régional, que Jacques Thibaud n’avait pas le moins du monde été la victime d’une panne. “Confortablement installé dans un local voisin d’où il pouvait entendre la clameur du public, il buvait du vin blanc nantais comme du lait chaud, à petites gorgées satisfaites”. Histoire de faire une comparaison avec le vin d’Anjou, paraît-il.
Mais les “Impresarii” du monde entier, qui se tiennent au courant des moindres faits et gestes des artistes, s’émurent. D’Amsterdam, de Londres et de New-York arrivèrent des lettres demandant s’il était vrai “que le maitre s’était enivré”.
Aussi Jacques Thibaud qui s’estime gravement lésé, moralement et matériellement, réclama devant le tribunal, un million de francs ($40.000) de dommages intérêts, pas un sou de moins, au rédacteur de l’article incriminé, et au gérant du journal qui le publia.
Il se propose d’ailleurs de verser au bénéfice de Montmartre, sa commune natale, la somme que lui allouera le tribunal.
M. Herrito à la barre
D’éminents témoins n’avaient pas dédaigné de se déranger pour apporter leur appui à Jacques Thibaud. C’est ainsi que M. Édouard Herriot, qui n’est pas seulement un homme politique et un homme de lettres mérites, mais l’historiographe de Beethoven est venu dire quels prudents égards méritent ces artistes comme Thibaud, les meilleurs ambassadeurs de la France à l’étranger. M. Gabriel Pierné, M. Alfred Cortot pensent dé même et le disent hautement. D’autres, comme MM. Léon Bérard et Georges Hué, l’ont écrit au président du tribunal, M. Diousidon, musicien distingué, qui joue à ravir de l’alto et du violon.
Plusieurs témoins sont venus attester la réalité de là panne d’auto que retarda le concert de Nantes. Inutile de dire que Thibaud a gagné son point.
Deux gentlemen escrocs dévalisent un Américain dans un taxi
« Ton portefeuille ou on te brûle »
Paris 10 mai 1930. — De passage à Paris, un riche industriel de New-York, M. Walter Ghermenberger, descendu dans un grand hôtel des boulevards, faisait ls connaissance, l’autre soir, dans le hall de l’hôtel, d’un jeune homme très élégant paraissant mener grand train.
Les deux hommes se lièrent rapidement d’amitié et passèrent une partie de la nuit à bavarder et à boire. L’Américain apprit ainsi que son nouvel ami, qui se disait d’une riche famille londonienne, était expert en bijoux.
M. Ghermenberger, au petit jour, se sentit une telle confiance en son compagnon qu’il n’hésita pas à lui confier qu’il était en possession d’une riche collection de joyaux qu’il portait constamment sur lui… par crainte des voleurs. 1
Le jeune “expert” offrit aimablement à l’Américain de lui faciliter, s’il le désirait, la négociation des bijoux. Celui-ci accepta.
Les deux hommes prirent rendez-vous pour le lendemain dans un café voisin de la place de la Bastille. Là, “l’expert” présenta à son nouvel ami un de ses compatriotes avec qui il était en relations d’affaires. Puis, les trois hommes décidèrent de regagner l’hôtel de M. Ghermenberger et montèrent dans un taxi. Ils devisaient paisiblement, quand tout à coup l’Américain vit ses deux compagnons sortir précipitamment des revolvers de leurs poches et se jeter sur lui
– Ton portefeuille, ou on te brûle!
M. Ghermenberger, comprenant un peu tard qu’il avait été victime de deux bandits, dut s’exécuter.
Dès qu’ils eurent le portefeuille, qui contenait 500 dollars et pour 6.000 de bijoux, les deux malfaiteurs firent arrêter la voiture et sauvèrent à toutes jambes.
Passage à tabac ou « third degree »
On ignore sans doute que le bureau du Salut Public de Shanghai à fait récemment l’acquisition d’un nouvel appareil de torture pour procéder à l’interrogatoire des inculpés.
Le patient, mis à nu, est étroitement ligoté sur une échelle de bambou. Ses mains, croisées sur la poitrine, sont attachées au fil conducteur d’une machine électrique. Le courant, passant à travers le corps du prisonnier, cause une sensation si douloureuse, paraît-il, que le malheureux fait des aveux sans tarder.
Détail curieux, il parait qu’un appareil permet de régulariser le courant, lorsqu’il est appliqué aux femmes, selon l’état physique de celles-ci.
Pour « bien » finir !
Budapest, 10 mai 1930. Résolu de marcher vers la mort en grande toilette, un jeune homme bien mis héla un taxi et ordonna au chauffeur de le conduire au milieu du pont Margueriten. Rendu là, il sauta du taxi sur le garde-fou et plongea dans le Danube. Son corps ne fut pas retrouvé.
Un instituteur qui compta ses punitions pendant 52 ans
Frankfort, 10 mai 1930. Johann Jacob Haeuberle, qui fut maître d’école pendant 52 ans, était tellement méticuleux qu’il marquait dans un grand livre toutes les punitions qu’il infligeait à ses élèves. C’est ce dont on vient de se rendre compte quand le vieil instituteur fut mis à sa retraite. On constata qu’au cours de ses 52 années de professorat, il avait donné à ses élèves 911,547 râclées, 124,010 fessées, 20,089 coups de règle, 136,715 claques et 10,235 gifles. De plus, il avait tiré 7,908 oreilles, mis 1.115,00 fois les enfants en pénitence. Les pensums se chiffraient à 12.763.
Comme quoi une pareille statistique est bien allemande !