La mort de l’empereur

Décès de l’empereur du Japon et les conséquences politiques

Histoires du passé… 7 janvier 1989 : L’empereur Hirohito du Japon est mort. Son fils aîné, le prince Akihito, lui succède. Le doyen de tous les chefs d’État contemporains, l’empereur Hirohito du Japon, est mort à 6 h 33 ce matin, le 7 janvier 1989, au Palais impérial de Tokyo. Le souverain, âgé de 87 ans, a succombé à un cancer du duodénum.

La mort de l’empereur a été annoncée lors d’une conférence de presse convoquée d’urgence peu avant 8 heures locales par le directeur général de la maison impériale, Shiochi Fujimori. Le cancer dont souffrait Hirohito s’était généralisé au cours des quatre derniers mois. L’état de santé du souverain est devenu critique à 6 h 09 locales. Les membres de la familles impériale, dont le prince héritier Akihito, ont alors été appelés au Palais. Le Dr Akiro Takagi, médecin en chef de l’équipe soignante de l’empereur, s’est lui aussi rendu d’urgence au Palais, ainsi que M. Fujimori, le premier ministre Noboru Takeshita et d’autres responsables de haut rang. En annonçant officiellement le décès de l’empereur, le grand chambellan Shoji (Shiochi?) Fujimori a reconnu pour la première fois que la presse ne s’était pas trompée en parlant de cancer.

La Cour impériale du Japon, codifiée par un système bureaucratique extrêmement strict, avait jusqu’alors constamment refusé de révéler les raisons médicales du malaise subi par Hirohito le 19 septembre 1988 et du long traitement médical ensuite mis en œuvre pour prolonger sa vie. Pendant les trois mois et demi de son agonie, l’empereur avait subi un grand nombre de transfusions sanguines, représentant un total de 30 litres de sang. Après l’annonce de la mort de l’empereur, des centaines de policiers anti-émeutes ont été déployés dans le centre de Tokyo, par mesure de précaution contre « divers événements », pour reprendre la terminologie officielle.

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Les responsables de la sécurité craignent en effet que des extrémistes politiques ne profitent de l’émotion occasionnée par la mort d’Hirohito pour susciter des incidents. Dans les rues de la capitale, rien ne semblait toutefois présager une telle éventualité. Souverain du Japon depuis décembre 1926, il a établi le record de longévité politique de l’histoire contemporaine.

Le fils de l’empereur Hirohito, le prince héritier Akihito, âgé de 55 ans, a pris immédiatement sa succession sur le trône du chrysanthème. La disparition de son père fait d’Akihito le 125e « tenno » du Japon. Le fils de l’empereur assumait déjà les fonctions impériales, dont il avait pris les responsabilités le 22 septembre. Les funérailles d’Hirohito n’auront pas lieu avant 45 jours.

Elles consisteront en une série de rites et de cérémonies qui commenceront par une veillée funèbre au Palais impérial et culmineront par une procession funéraire avant l’inhumation. Celle-ci aura probablement lieu au cimetière impérial, situé à Hachioji, à 35 km à l’ouest de Tokyo. Il se pourrait cependant qu’un nouveau site soit choisi pour y construire le « goryo » (mausolée) d’Hirohito

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Le monarque défunt sera désormais désigné au Japon sous le titre d’empereur Showa, nom donné à son règne (1925-1989) et signifiant « paix éclairée ». Le cabinet du premier ministre Noboru Takeshita devrait annoncer sous peu le nom donné à l’ère du prince héritier Akihito. Les cérémonies de couronnement de celui-ci prendront environ un an. Il commencera par hériter des attributs de la monarchie et du sceau impérial.

Les attributs impériaux sont les joyaux de la Couronne, un sabre et un miroir sacrés. Tous datent du cinquième siècle, époque où l’empereur-dieu était aussi le chef du Shintoïsme, religion nationale au Japon. Le prince Akihito fut pendant longtemps un virtuel inconnu pour le monde extérieur. Mais il graduellement construit ces dernières années l‘image d’un homme discret. Il était profondément intéressé à la politique de son pays. Son idéal était celui de rapprocher la population japonaise de la famille royale.

Voir aussi :

L’empereur Hirohito en 1932. Image libre des droits.

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