1-REs L’ancien président français François Mitterrand, né en 1916, s’éteint en France, le 8 janvier 1996
L’homme d’État est mort à Paris des suites d’un cancer. L’ancien président français François Mitterrand, qui avait joué un rôle clé dans la construction de l’Europe et transformé le paysage politique de la France durant quatorze ans de pouvoir, est mort aujourd’hui, 8 janvier 1996, à Paris, à l’âge de 79 ans. M. Mitterrand s’éteint à son domicile parisien, entouré des siens. Il meurt des suites d’un cancer de la prostate qui s’est se généralise. Cela se passe près de huit mois après avoir quitté la plus haute charge de l’État français. Il l’occupa durant deux septennats, de 1981 au 17 mai 1995. En fait, c’est un record sous la Ve République.
Son successeur, le président de droite Jacques Chirac, a été l’un des premiers à aller s’incliner devant la dépouille de l’ancien chef de l’État socialiste et à lui rendre hommage.
La gauche au pouvoir
“Pendant 14 ans, M. Mitterrand a écrit une page importante de l’histoire de notre pays”. Ainsi a déclaré M. Chirac à une foule de journalistes invités à l’Élysée pour les traditionnels vœux présidentiels à la presse. Sa victoire à l’élection présidentielle de 1981, qui consacrait l’arrivée de la gauche au pouvoir, avait été saluée par des manifestations de joie monstres dans Paris.
Pour se conformer aux promesses faites “au peuple de gauche”, il prendra 4 ministres communistes. Il pratiquera une politique résolument sociale, dont le coût exorbitant le contraint deux ans plus tard à changer de cap et à revenir à l’économie de marché. Il restera aussi sur le plan intérieur. Celui qui a aboli la peine de mort et appuyé la décentralisation du pouvoir en créant les régions.
M. Mitterrand d’éteint dans la sérénité, selon ses proches, entouré de son épouse Danielle et de ses deux fils, Jean-Christophe et Gilbert. On l’inhumera, selon ses vœux, dans la plus stricte intimité. L’inhumation aura lieu dans son village natal de Jarnac (sud-ouest).
Une messe solennelle devrait se dérouler au même moment à la Cathédrale de Notre-Dame de Paris et les Parisiens seront conviés à lui rendre hommage au cours d’un grand rassemblement populaire. Une grande émotion a saisi la France de l’annonce du décès, dans la matinée. Tous les médias audiovisuels ont interrompu leurs programmes pour annoncer en “flash” la nouvelle. Très discret depuis sa retraite de la vie politique, M. Mitterrand était soumis à d’éprouvants traitements chimiothérapiques et radiothérapiques.
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Il était alité depuis mardi dernier, après un ultime déplacement dans sa ferme landaise de Latché (sud-ouest). Rue Frédéric-Le-Play, sur la rive gauche de la capitale, où François Mitterrand est décédé, des centaines de badauds, dont beaucoup de jeunes, se sont pressés, fleurs à la main, toute la journée d’hier, pour rendre un dernier hommage, dans une atmosphère de recueillement, à l’ancien chef de l’État. En milieu d’après-midi, deux tables, recouvertes de nappes violettes ont été installées sur la chaussée fermée à la circulation et des registres de condoléances y ont été disposés.
Rue de Bièvre, où M. Mitterrand avait longtemps résidé, une jeune fille rousse pleure à chaudes larmes. “J’ai entendu la nouvelle de sa mort dans mon walkman. Je suis venue ici pour ne pas être seule, c’était mon grand-père spirituel, j’ai toujours voulu lui écrire pour lui dire que je l’aimais et maintenant c’est trop tard”, dit elle entre deux sanglots.
Fin sereine
François Mitterrand était devant l’échéance fatale, a indiqué le professeur Vallancien, l’urologue qui suivait l’ancien président depuis plusieurs mois. Il avait passé les fêtes de Noël à Assouan, en Haute Égypte, en famille. Ses médecins lui avaient déconseillé d’entreprendre ce long déplacement, en raison de son état de fatigue. Constamment assisté de son médecin, l’ancien chef de l’état n’avait guère quitté l’appartement mis à sa disposition par le président égyptien Hosni Moubarak, à l’hôtel Old Cataract, sur les bords du Nil.
Chaque année, cet amoureux de l’Égypte antique ne manquait pas de revenir sur les rives du Nil pour se reposer et admirer les monuments pharaoniques, évocateurs d’éternité. “Je suis venu chercher le soleil et la paix”, avait-il expliqué durant son avant-dernier voyage, en février 1995. “Je viens souvent en Égypte car j’aime l’Égypte et les Égyptiens. C’est certainement l’un des plus beaux pays du monde”.
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