Massacre de Seven Oaks (Bataille de Seven Oaks
L’un des épisodes les plus sanglants dans l’histoire mouvementée des relations entre les deux entreprises les plus puissantes du Canada, la Compagnie du Nord-Ouest canadien et la Compagnie de la Baie d’Hudson, est le massacre de Seven Oaks (appelé aussi la Bataille de Seven Oaks).
Ces deux compagnies sont en rivalité depuis longtemps, mais le point culminant est atteint le 19 juin 1816.
Seven Oaks est un poste de traite des fourrures de la CBH, situé à proximité du Fort Douglas, dans la colonie de la rivière Rouge (le Fort Douglas se trouve à la confluence de la rivière Assiniboine et de la rivière Rouge). La CBH envisage d’étendre son influence sur l’ensemble de la région en utilisant ce poste comme siège de son état major.
Évidemment, la Compagnie du Nord-Ouest ne l’entend pas de cette oreille, d’autant plus que Seven Oaks est situé sur la principale voie de communication empruntée par les membres de la CNO.
Au début de 1816, la CBH s’empare du Fort Gibraltar, propriété de la CNO, qui est situé non loin de Seven Oaks. Fort Gibraltar est brûlé, ce qui a de fâcheuses conséquences pour les flotillas de canots de la CNO, qui perdent ainsi un important point de ravitaillement.
Pour consolider ses positions, la Compagnie de la Baie d’Hudson octroie à Lord Selkirk de vastes terres dans la région. Lord Selkirk était un aristocrate écossais, décidé à établir sur la rivière Rouge une colonie de fermiers provenant d’Écosse. Lord Selkirk peut ainsi développer ses territoires et les peupler sous la protection de la CBH.
De son côté, la CNO conclue une entente avec des Métis.
Le 19 juin 1816, les Métis, sous la direction de Cuthbert Grant, s’attaquent à Seven Oaks, où les colons de Lord Selkirk se sont installés. Le gouverneur de la colonie, M. Robert Semple, part alors du Fort Douglas avec une vingtaine d’hommes pour régler la situation.
Mais les Métis encerclent les hommes de Semple et la bataille commence. Le gouverneur Semple et vingt hommes sont tués. Les Métis perdent un homme dans l’affrontement.
Lord Selkirk s’empare ensuite de la base de la CNO à Fort William et les hostilités se poursuivent jusqu’à ce que le gouvernement entame des poursuites judiciaires. Les deux compagnies s’accusant mutuellement, aucune décision finale n’est prise et les responsables de l’affrontement, qui invoquent l’autodéfense, sont acquittés.
Ce n’est qu’après le décès de Lord Selkirk, survenu en 1820, que les rivalités prennent fin. En 1821, la fusion entre la Compagnie du Nord-Ouest et la Compagnie de la Baie d’Hudson est décidée. Cette fusion fait suite aux pressions du gouvernement du Haut Canada, qui désire ainsi éviter de nouveaux conflits.
Biographie de Cuthbert Grant
Cuthbert Grant est né en 1793 au Fort de la Rivière Tremblante, dans le Bas-Canada (Québec). Son père était membre de la Compagnie du Nord-Ouest canadien, sa mère était une métis d’origine crie.
Après le décès de son père survenu en 1799, Cuthbert vit à Montréal dans la famille de William McGillvary, directeur de la la CNO. Puis il part étudier en Écosse, où il passe 10 ans. Il rentre à Montréal vers 1811 et il est envoyé par la CNO au Fort Esperance, sur la rivière Qu’Appelle, dans les territoires de l’ouest canadien qui deviendront plus tard la Colombie-Britannique.
Cuthbert Grant, du fait de ses origines, gagne très vite la confiance des Métis dont le rôle politique et économique était alors considérable. En effet, les Métis ont signé des ententes et des traités commerciaux avec les gouvernements du Haut Canada et des États-Unis et ils contrôlaient plus ou moins le commerce dans l’ensemble du nord-ouest du continent. Ils étaient aussi connus comme le peuple Buffalo (Buffalo People). Dans le cadre de la lutte entre les États-Unis, le Canada et les grandes compagnies pour dominer la région, le monopole des Métis constituait un facteur primordial.
Grâce à l’influence de Cuthbert Grant, les Métis prennent le partie de la Compagnie du Nord-Ouest canadien et s’opposent avec succès à leurs concurrents.
En mars 1816, Cuthbert Grant est choisi comme Capitaine Général des Métis. Il réussit à rompre le blocus imposé par la Compagnie de la Baie d’Hudson et à consolider l’influence de son peuple dans tout l’ouest canadien. En juin 1816, il est à la tête des Métis lors du massacre de Seven Oaks, où 22 personnes perdent la vie (21 représentants de la CBH et un Métis).
Après la fusion entre la Compagnie du Nord-Ouest canadien et la Compagnie de la Baie d’Hudson, Grant est nommé Gardien général des territoires de l’ouest, poste équivalent à peu près au chef de la police de la future province. Il est considéré comme le chef des Métis et il continue à défendre leurs droits.
Cuthbert Grant fonde un village Métis qu’il nomme Grantown, où s’installe la mission religieuse de Saint-Francois-Xavier. Au XIXe siècle, cette mission fut le centre de l’évangélisation catholique dans l’ouest canadien. Aujourd’hui, c’est la ville de St-Francois-Xavier, près de Winnipeg.
Cuthbert Grant meurt en 1854 à la suite d’un accident de chasse.
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