La guerre entre la Turquie et la Russie

Nouvelles relatives à la guerre entre la Turquie et la Russie en 1770

La guerre entre la Turquie et la Russie : Nous reproduisons ce texte du journal La Gazette de Québec, daté du 26 juillet 1770. Nous avons dû corriger l’orthographe, mais sinon nous avons laissé le texte de l’article inchangé. Il est intéressant de voir comment le journal québécois a couvert la situation de la guerre entre la Turquie et la Russie et quelle importance il a attaché à ces événements.

Précisons que même si le numéro du journal sort le 26 juillet 1770, du fait que les nouvelles ont traversé les continents et les océans pendant de nombreux mois, certains événements, comme le lecteur le verra, remontent à mars 1770.

Notons finalement que la guerre russo-turque à cette époque a duré de 1768 à 1774.

Bonne lecture !

Varia

Varsovie, le 28 mars 1770. Bin Pacha, officier turc de distinction, fait prisonnier par les Russes dans la première campagne à Moldavie, a été conduit à Pétersbourg, où on l’a reçu et traité avec beaucoup de politesse. L’impératrice de Russie lui a même fait des présents et l’a mis en liberté. Il a passé dernièrement par Kaminiec, en s’en retournant, sous une escorte russienne, dans les états du Grand Seigneur. On lui a procuré pendant son voyage toutes les commodités possibles.

Dès confins de la Turquie, le 30 mars. Nous avons des assurances positives, que les Russes sont maîtres de toute la Morée, à l’exception de quelques forts que les Grecs ont assiégé. En Épire, ou Basse Albanie, 24,000 personnes ont pris les armes. Les Turcs mettent le feu à plusieurs villes, afin de couvrir leur retraite. Les Russes se préparent à entrer en campagne le plus tôt possible.

Kaminiec, le 31 mars. On emploie trois cents charpentiers dans les forêts voisines à couper du bois pour construire des ponts sur le Nietster, pour l’usage de l’armée russienne. Un à Kalus, le second à Choczim, un troisième à Japiga, et le quatrième à Bender. Le général Romanzow a reçu 120 pièces de canons de plus, dont les plus petits font de dix-huit, avec un gros corps de recrutes. Il compte commencer les opérations immédiatement après Pâques.

Gène, le 31 mars. Le chef d’escadre russien, qui commande une escadre dans la Méditerranée, arriva dans cette ville pour donner les ordres nécessaires pour l’équipement des vaisseaux qui se mouillent dans ce port. Le Doge le reçut avec toute la distinction possible.

Vénice et la flotte russe

Un certain patriote a déclaré depuis longtemps, que c’était les plus mauvaises mesures que pût adopter le Ministère, de faciliter l’introduction des Russes comme puissance maritime dans la mer Méditerranée.

Les Vénitiens ne font point de secret de leurs intentions d’hostilité contre les Turcs. Quoiqu’ils n’ont pas même offert de se joindre à la flotte russienne.

Extrait d’une lettre de Constantinople, à un marchand dans Londres, en date du 16 février, 1770 :

« Les succès des Russes par tant de victoires remportées sur les Turcs, ont jeté les habitants dans la plus grande confusion. Il se tient des conseils tous les jours. On pense que ceux qui ont conseillé au Sultan d’entre dans cette guerre, feront à la fin sévèrement punis. On a l’œil sur les Grecs. Ils sont soupçonnés d’ailleurs de tenir correspondance avec les Russes.

On oblige les Janissairesde faire la garde jour et nuit pour réprimer les excès du bas peuple. Ils ont insulté plus d’une fois le ministre français, regardant cette cour intrigante comme la cause de cette guerre. Mais le sultan est engagé trop avant pour se retirer avec honneur. Il est résolu à renforcer considérablement son armée, pour courir l’événement d’une campagne d’été. On dit encore, qu’il se propose de commander l’armée en personne. »

Extrait d’une lettre de la Haie, en date du 13 avril 1770

Les dernières lettres de Constantinople donnent avis, que les mouvements du peuple dans cette capitale, aussi bien que dans plusieurs autres villes des états du grand seigneur, augmentent considérablement au lieu de diminuer. Et que le mécontentement général se porte si loin qu’on craint un soulèvement général qui sera funeste à beaucoup de monde. Dans ces craintes plusieurs familles de distinction ont transporté leurs effets au-delà du Bosphore. Ensuite elles se retirent en Asie, pour éviter la tempête prochaine.

Roi de Prusse et la Russie

Le 20 avril 1770. Quelques lettres particulières de Berlin font mention, que le Roi de Prusse a déclaré de nouveau au ministre russien de garder la neutralité dans la présente guerre entre l’Impératrice et le Grand Seigneur.

Les dernières lettres de Varsovie font mention, que parmi toutes les difficultés et les calamités qui tourmentent ce royaume, sa Majesté polonaise a été infatigable dans les soins paternels pour le bien de ses sujets. Ainsi par les sages mesures qu’elle a prises à cet effet, joint aux vigoureux efforts des Russes, ils espéraient voir bientôt la fin de leurs maux. Nonobstant les récits vantés des grands préparatifs que font les Turcs.

Il est arrivé en ville un monsieur, dimanche dernier, de Paris. Il rapporte donc qu’on recrute dans les villes principales de France. Cela en conséquence d’un ordre de la coure de compléter le plutôt possible les régiments qui ne se trouvent point complets.

Les Français et la Russie

Les Français (si nous pouvons ajouter foi à des lettres de Paris), sont grandement en alarme des succès des Russes sur les Turcs. Les marchands et les manufacturiers en particulier dans les environs de Lyon, craignent que le commerce qu’ils font à Smyrne, Aleppo, etc. no soit bientôt en totale destruction. Et leurs craintes se renouvellent lorsqu’ils réfléchissent qu’il y a une grande flotte dans la Méditerranée équipée pour combattre des gens que l’on débite sur leurs livres pour de grosses sommes.

Voir aussi :

Découvrez la couverture médiatique de La Gazette de Québec sur la guerre entre la Turquie et la Russie en 1770
Bataille de Tchesmé. Peintre Paton. Gravure de l’époque, image libre des droits.

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