Hollywood
Quand, le 1er février 1887, Harvey Wilcox fit enregistrer au cadastre de Los Angeles le plan de son ranch, il ne pouvait pas savoir qu’il avait donné naissance à un mythe. C’est sa femme, Deida, qui avait choisi le nom du ranch : Hollywood.
Ville mirage, mecque ou terre promise du cinéma, usine à rêves; les qualifications ne manquent pas pour désigner ce qui ne fut, jusqu’au début du 20e siècle, qu’un hameau entouré de collines ou poussaient orangers et avocatiers. Le cinéma n’y fit son apparition que plusieurs années après la démarche officielle de M. Wilcox.
Au tout début du cinéma américain, l’action ne se trouvait pas en Californie, mais à New York. Même les westerns, genre déjà populaire, étaient tournés non loin de Manhattan.
Deux raisons principales ont contribué au destin de Hollywood : d’une part son climat sec et doux qui permettait de tourner en extérieur toute l’année, d’autre part la volonté de certains producteurs de briser le monopole exercé par Thomas Edison.
En 1907, le colonel William Selig, principal rival d’Edison, filma près de Los Angeles un documentaire (le départ d’un dirigeable), et en 1909 il fit construire le premier grand studio sur la côte ouest. Mais il faudra attendre Cecil B. De Mille pour qu’en 1913 Hollywood prenne son véritable essor.
Le cinéaste et producteur voulait tourner un western. The Squaw Mam, dans L`Arizona, mais ne trouvait pas de décor à son goût. Il prit le train jusqu’au terminus. C’était Hollywood. Il y resta et fit construire son premier studio dans une écurie.
En l’espace de quelques mois, les autres producteurs suivirent son exemple, et, dès 1920, avec l’émergence du star system, Hollywood, qui produisait près de 800 films par an, était devenu sans conteste la capitale du cinéma.
Hollywood demeura la plus grande usine à rêves du monde jusqu’à la fin des années 1940, quand deux événements vinrent bouleverser l’industrie du cinéma : la naissance de la télévision et le vote d’une loi antitrust obligeant les grands studios à séparer leurs activités de production de leurs activités d’exploitation.

La puissance prodigieuse des Majors, MGM, Paramount, Warner, Fox, RKO, Columbia, Universal, allait en être ébranlée. Puis jamais on verrait comme dans les années 1930 la Warner pouvoir maintenir 350 décors permanents ou la MGM disposer d’une garde-robe de 15 000 costumes pour les hommes et 8 000 pour les femmes.
Dans les années 1960, le quartier de Hollywood, comme n’importe quel centre urbain américain, s’est mis à péricliter. Les stars fuyaient. La drogue et la prostitution s’installaient le long de Hollywood Boulevard. Symbole de cette décadence, l’immense panneau sur la colline où est écrit le nom de Hollywood perdait ses lettres et personne ne songeait à les remplacer.
C’était une zone sinistrée aux immeubles abandonnés et on avait peur de se promener dans la rue.
Pour des raisons budgétaires, un nombre croissant de long métrages allaient être tournés en dehors d’Hollywood. Ce phénomène des runaway films, n’a fait que s’accélérer dans les années 1970 et 80, et ce n’est qu’en 1986 que la municipalité de Los Angeles a pris des mesures pour tenter d’arrêter l’hémorragie. D’ailleurs, au début des années 1980, Mme Marian Gibbons a créé une association pour la préservation de Hollywood qui a réussi à ramasser beaucoup d’argent.
Des millions de dollars ont été investis pour sauver de nombreux sites désormais classés monuments historiques. Les efforts entrepris pour redonner de son lustre au quartier ont donné des résultats.
Comme une star vieillissante qui a besoin d’un lifting, Hollywood cherche à retrouver sa prospérité d’antan, mais son âge d’or semble bien révolu.
Le Québec et le Hollywood
Tant que le cinéma est resté muet, l’usine de rêve américaine de Hollywood a été le principal fournisseur des cinémas du Québec. N’empêche que six mois après l,exploit cinématographique des frères Lumière à Paris, le 28 décembre 1895, la première projection française a lieu au Palace Theater de Montréal.
En 1906, Ernest Quimet ouvre la première salle de cinéma canadienne-française et y produit ses propres films. Rapidement, les salles prolifèrent, mais l’année suivante, par le mandement de monseigneur Paul Bruchési, alors évêque de Montréal, l’Église interdit aux catholiques les « vues animées » le dimanche. Le cinéma est jugé diabolique, par la séduction qu’exercent ses images. Après la longue croisade de l’Église contre le septième art, le pape Pie XI, dans son encyclique Vigilantis Cura de 1936, reconnaît enfin le cinéma comme mode d’expression artistique.
Cependant, écrasé culturellement et économiquement par les États-Unis, le cinéma canadien-français a du mal à prendre son envol malgré les travaux isolés du curé Maurice Proulx et de Mgr Albert Tessier dans le domaine du documentaire.
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