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Francophonie au Nouveau-Brunswick

Francophonie au Nouveau-Brunswick

Histoire de la francophonie au Nouveau-Brunswick

Le Nouveau-Brunswick est la province canadienne hormis le Québec qui possède le pourcentage de francophones le plus élevé : 34.5% selon Statistique Canada 2001. C’est aussi la seule province officiellement bilingue, et ce depuis 1969, avec la Loi sur les langues officielles du Nouveau-Brunswick (il y a eu par la suite la Seconde Loi sur les langues officielles en 2002).

La première phase de colonisation débute en 1604 et se prolonge jusqu’en 1670. La région de Port-Royal (aujourd’hui Annapolis Royal) est le berceau de ce peuplement. De Port-Royal, la colonisation s’est étendue dans les régions des Mines, le long de la baie de Cobequid et sur l’isthme de Chignectou. Le traité d’Utrecht en 1713 vient confirmer la conquête militaire anglaise de 1710. Le Nouveau-Brunswick a connu trois périodes, la période française (1604-1713), la période anglaise (1713-1867) et la période canadienne (1867- aujourd’hui). Entre 1755 et 1762, la déportation des Acadiens francophones vers les colonies anglo-américaines et la France a eu une influence certaine sur l’histoire de la francophonie. À partir de 1764, les Acadiens ont eu le droit de revenir mais ils ont été obligés de se disperser en petits groupes.

Les francophones se concentrent dans trois zones et deux villes : le Madawaska (zone frontalière avec le Québec), la péninsule acadienne (pointe nord-est de la province : caraquet, Shippagan, Inkerman) et dans la zone cotière du sud-est, entre Miramichi et Moncton (Moncton, Dieppe, Riverview). Les deux villes de Fredericton et Saint John attirent également un pourcentage important de francophones.

La ville de Moncton joue un rôle symbolique : de nombreux organismes y ont leur siège : la société des Acadiens et Acadiennes du NB, Radio-Canada Atlantique, une université francophone (Université de Moncton). Le Congrès Mondial Acadien y a eu lieu en 1994.

Espace linguistique des Néo-Brunswickois

Aujourd’hui, environ 240 000 personnes composent la communauté acadienne et francophone du Nouveau-Brunswick dont le français était la première langue officielle parlée. Les plus importants regroupements sont concentrés dans trois régions : Madawaska, la péninsule acadienne dans le nord-est et le sud-est de la province. Sept comtés (Gloucester, Kent, Madawaska, Northumberland, Restigouche, Victoria et Westmorland) sont le foyer de près de la totalité des francophones de la province (92,8 %), qui constituent la majorité dans quatre de ces comtés. Certaines régions urbaines sont devenues des centres de la vie en français, comme Edmundston (95 % de francophones), Campbellton (61 %), Bathurst (68 %) et Moncton-Dieppe (35 %).

Le français dans les maritimes
L’histoire complexe de l’Acadie fait que le français dans les maritimes n’est pas unifié. Une des hypothèses avancées pour expliquer ces différences est l’origine des colons. Ceux de l’Acadie venaient en majorité du centre-ouest de la France alors que ceux du Québec venaient surtout de Normandie et d’Île-de-France.

Selon l’Atlas linguistique du vocabulaire maritime acadien de Louise Péronnet (Les Presses de l’Université Laval), le vocabulaire permet d’effectuer 3 regroupements majeurs :

  • Nord-est du Nouveau-Brunswick
  • Sud-est du Nouveau-Brunswick et Abram Village à l’Île-du-Prince-Édouard
  • Nouvelle-Écosse et Tignish à l’Île-du-Prince-Édouard

Langue : Le français acadien

Le français acadien est un dialecte du français parlé par les Acadiens des provinces maritimes du Canada, ainsi que dans certaines régions limitrophes du Québec (Baie des Chaleurs, Basse-Côte-Nord, Îles de la Madeleine) et de l’État américain du Maine (vallée de la rivière Saint-Jean). Comme les autres dialectes issus de la colonisation française de l’Amérique, il a suivi sa propre évolution par rapport à la langue que parlaient les premiers colons. Certains traits sont donc archaïques tandis que d’autres sont plus innovateurs.

En franco-acadien, on trouve le phonème h qui permet de distinguer haler et aller. Et on observe une palatalisation des vélaires k et g et des dentales t et d. L’affrication du québécois est quasi inexistante en Acadie et la diphtongaison est moins répandue. Par contre, l’ouisme est fréquent : «homme» prononcé «um», «pommier» prononcé «poumyé».

Selon Louise Péronnet (1995 : pages 417-420), les deux traits principaux sur le plan morphologique sont la terminaison verbale en –ont au present et –iont à l’imparfait – À la 3e personne du pluriel : ils écrivont, ils mangiont.  – Et l’emploi de l’auxiliaire avoir dans les temps composés : ils aviont venu.

(Péronnet Louise 1995 : « Le français acadien » dans Pierre Gauthier et Thomas Lavoie, Français de France et Français du Canada : les parlers de l’ouest de la France, du Québec et D’Acadie, Lyon, Université de Lyon III). On remarque aussi une variation linguistique dans la prononciation des nasales qui diffère à Bouctouche ou à Cap Pelé. « Parlont/vraiment » : à Bouctouche, c’est un o ouvert nasal dans les deux cas, tandis qu’à Cap pelé, on retrouve le a fermé nasal.

Le français acadien du Nouveau-Brunswick est riche de plusieurs parlers régionaux. Dans le nord-ouest et le nord-est de la province, vu la proximité géographique du Québec, il y a une nette influence québécoise sur la langue. Puisque les Acadiens de ces deux régions sont à forte majorité francophone, leur usage de mots anglais est plus rare.

Le parler du sud-est du Nouveau-Brunswick est le plus représentatif du français acadien. On y retrouve deux parlers distincts : le premier est le franco-acadien, et le second, le chiac, est le parler de la nouvelle génération acadienne. Ce dernier est le résultat des nombreux contacts avec la communauté anglophone, surtout dans le milieu urbain de Moncton. Langue urbaine, le chiac se caractérise par le mélange du français, de l’anglais et du vieux français.

Dans les années 1990, les travaux de Louise Péronnet ont démontré le recul de l’acadien traditionnel au Nouveau-Brunswick dans la région de Moncton. L’influence de l’anglais et du français québécois s’est fait de plus en plus sentir entre les années 1970 à 1990.

Quelques phrases en franco-acadien à titre d’exemple :

  • « la baille est dérinchée et notre butin pue le pépère » signifie la lessiveuse est brisée et notre linge sent mauvais.
  • « chu allé cri le frotteux parce que j’étions toute déconcrissé »
  • «une fille fourdiouse » signifie qui prend froid facilement

Langue : le chiac

Le chiac est un parler anglo-français du Canada. Ce mélange est parlé principalement parmi les jeunes générations du Nouveau-Brunswick au Canada, notamment près de Moncton, où il est fortement influencé par la communauté anglophone. Un chiac, ou chiacque au féminin, est un habitant du Sud-est du Nouveau-Brunswick. Le chiac est distinct du français acadien. Il emploie principalement la syntaxe française avec du vocabulaire et des expressions anglaises.

Ressources en français au Nouveau-Brunswick

  • Société des Acadiens et des Acadiennes du Nouveau-Brunswick
  • Presse : L’Acadie nouvelle

 

Mon peuple avait maîtrise le rêve. Au moyen du rêve, les gens créent leurs propres mondes, y agissent selon leur gré, y vivent une vie après l’autre s’ils le veulent. Dans leurs rêves, ils modèlent monde après monde – et chacun de ces mondes a autant de réalité pour eux que celui-ci en a pour toi. Pourquoi s’en iraient-ils ou pourquoi sortiraient-ils pour se rendre dans ce monde unique alors qu’ils peuvent à volonté en créer des myriades bien à eux ? (Le Visage dans l’abîme. Abraham Merritt). Photographie par Megan Jorgensen.
Mon peuple avait maîtrise le rêve. Au moyen du rêve, les gens créent leurs propres mondes, y agissent selon leur gré, y vivent une vie après l’autre s’ils le veulent. Dans leurs rêves, ils modèlent monde après monde – et chacun de ces mondes a autant de réalité pour eux que celui-ci en a pour toi. Pourquoi s’en iraient-ils ou pourquoi sortiraient-ils pour se rendre dans ce monde unique alors qu’ils peuvent à volonté en créer des myriades bien à eux ? (Le Visage dans l’abîme. Abraham Merritt). Photographie par Megan Jorgensen.

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