
Foyers francophones en Amérique du Nord
La francophonie en Amérique du Nord a pris naissance dans trois foyers : l’Acadie (1604), le Québec (1608) et la Louisiane (1682), chacun ayant donné lieu à des flux migratoires vers les autres provinces du Canada. Outre ces trois points d’ancrage, deux collectivités importantes viennent contribuer au portrait de la francophonie, l’une métisse et l’autre haïtienne. Pour finir, des Belges, des Français, des Suisses, des Africains et des Asiatiques complètent ce portrait complexe.
L’Acadie
L’Acadie, qui trouve son origine autour de la Baie de Fundy, a connu un tragique destin. Conquise plusieurs fois par les Anglais, sa population francophone fut déportée en 1755-1778. Un tiers des acadiens ensuite au pays et se disperseront à travers ce qui deviendra les provinces Maritimes. Un deuxième tiers s’installera au Québec, tandis qu’une plus petite partie s’installera en Louisiane.
Le Québec
Le Québec a attiré les premiers colons de France de façon soutenue à travers le temps, avant de les voir partir au gré des développements techniques et de l’emploi. La traite des fourrures aux 17e et 18e siècle, l’exploration du continent, le bois, les mines et l’agriculture de l’Ontario au 19es, le chemin de fer du nord, les usines de la Nouvelle-Angleterre et l’agriculture dans les Prairies au 19es et, plus récemment le pétrole de l’Alberta et la Floride.
La Louisiane
La Louisiane se distingue par la diversité de son peuplement. Des colons français et allemands ainsi qu’une population noire a caractérisé ses débuts. Colonisée par l’Espagne, des Espagnols et des habitants des Canaries s’y installent alors. Après la révolution française, un certain nombre de réfugiés politiques français viennent aussi s’y établir.
Métis, haitiens et autres francophones
Parlant français, cri ou mitchif, et menant une vie nomade à travers les plaines depuis la Rivière Rouge, le peuple métis, issu d’unions entre Canadiens français et amérindiennes développa au 19es une forte conscience collective qui connut son apogée avec Louis Riel qui souhaitait bâtir une province sœur du Québec.
Dans les années 1950-60, des immigrants d’origine haïtienne arrivent à Montréal et dans les années 1970-80, on peut constater qu’un axe Montréal-New York-Port-au-Prince se développe activement.
Au début du 20e siècle, des colons francais, belges, suisses sont recrutés pour peupler les vastes espaces des prairies. Plus récemment, des immigrants d’Europe, d’Afrique, d’Asie complètent le portrait de cette francophonie hétérogène.
Les communautés francophones et acadiennes totalisent 1 053 810 francophones de première langue officielle parlée, répartis dans neuf provinces et trois territoires. Ces communautés représentent 14 % du nombre total de Canadiennes et de Canadiens ayant le français comme première langue officielle parlée.
On distingue de grandes différences selon les provinces. En effet, la réalité quotidienne d’un francophone vivant au Nouveau-Brunswick ou en Ontario, où les institutions françaises sont nombreuses et la vie quotidienne a lieu en français, n’est pas la même que celle d’un francophone vivant dans les Territoires du Nord-Ouest où un centre culturel et les journaux sont le principal ancrage linguistique mais où la vie quotidienne se passe en anglais.
Ainsi, si on considère les Québécois, les Acadiens et les Franco-Ontariens comme un groupe culturel unifié, ce n’est pas le cas des francophones de l’ouest qu’on distingue par leur province d’origine : Franco-Manitobains (Manitoba), Fransaskois (Saskatchewan), Franco-Albertains (Alberta), Franco-Colombiens (Colombie-Britannique), Franco-yukonnais (Yukon) ou Franco-Ténois (Territoires du Nord-Ouest).
Ci-dessous un portrait général chiffré provenant du site Profils des communautés francophones et acadiennes du Canada et du site de l’Université de Laval.
Voici les provinces et territoires, classées de la plus peuplée de francophones à la moins peuplée :
Québec : Parmi les 10 provinces de la fédération canadienne, le Québec est le seul état majoritairement francophone. Les francophones du Québec représentent 19,5 % de la population canadienne et 81,2 % de la population québécoise. 90 % de toute la population francophone du Canada habite le Québec. En 2006, les francophones du Québec (5,8 millions) constituaient 19,5 % de la population canadienne (31,2 millions). Le Québec comptait 7,4 millions d’habitants dont 79 % de langue maternelle française, 7,7 % de langue maternelle anglaise, 11,9 % de langue maternelle autre que l’anglais et le français (allophones).
Ontario : En 2006, la communauté franco-ontarienne comptait 578 040 personnes ayant le français comme première langue officielle parlée et représentait 4,8 % de la population de la province. C’est dans la région Est, dans les environs d’Ottawa, qu’on retrouve la plus importante concentration de Franco-Ontariennes et Franco-Ontariens; ils sont notamment majoritaires dans les Comtés unis de Prescott et Russell où ils représentent 67,5 % de la population. La région Nord-Est accueille le deuxième plus fort contingent de francophones (le Grand Sudbury et les régions de Cochrane, du Nipissing et du Timiskaming), suivi de la région du Centre (particulièrement Toronto, la péninsule du Niagara et Hamilton).
Nouveau-Brunswick : La communauté acadienne et francophone du Nouveau-Brunswick comptait, en 2006, 236 100 personnes ayant le français comme première langue officielle parlée. On dénote trois zones de forte concentration francophone : le Madawaska, la Péninsule acadienne au nord-est de la province et le Sud-Est. Les sept comtés de Gloucester, Kent, Madawaska, Northumberland, Restigouche, Victoria et Westmorland regroupent à eux seuls la presque totalité des francophones de la province (92,8 % d’entre eux). Quatre de ces comtés sont majoritairement francophones, dans une proportion variant de 65 % à 94 %. Quelques centres urbains émergent comme foyers de la vie française, comme Edmundston (95 % francophone), Campbellton (61 %), Bathurst (68 %) et Moncton/Dieppe (35 %).
Colombie-Britannique : La communauté franco-colombienne comptait, en 2006, 70 410 personnes ayant le français comme première langue officielle parlée. Plus de 38 000 francophones vivent dans la zone urbaine de Vancouver, y compris Surrey, Burnaby, North Vancouver, West Vancouver et Coquitlam qui inclut l’établissement centenaire de Maillardville. On en retrouve également un bon nombre à Victoria et Abbotsford. Répartis dans la province, les francophones se sont dotés de centres culturels à Kelowna, Prince George, Nanaimo, Powell River, Kamloops, Comox, Campbell River, Kootenay Ouest et Kitimat.
Alberta : La communauté franco-albertaine comptait, en 2006, 66 995 personnes ayant le français comme première langue officielle parlée. C’est dans les régions de Calgary et d’Edmonton que les francophones sont les plus nombreux : plus de la moitié des Franco-Albertaines et Franco-Albertains vivent dans les différents quartiers de ces villes et à leur périphérie. On retrouve des concentrations francophones importantes à Rivière-la-Paix, Bonnyville, Saint-Paul, Plamondon et Lac La Biche. Les francophones sont également majoritaires dans la région de Falher.
Manitoba : La communauté franco-manitobaine comptait, en 2006, 44 110 personnes ayant le français comme première langue officielle parlée. Les deux tiers des Franco-Manitobaines et Franco-Manitobains habitent la région de Winnipeg (Saint-Boniface, Saint-Vital et Saint-Norbert notamment), tandis que le tiers réside dans des villages ou des municipalités rurales, surtout situés au sud de la province.
Nouvelle-Écosse : La communauté acadienne et francophone de la Nouvelle-Écosse comptait, en 2006, 32 940 personnes ayant le français comme première langue officielle parlée. Les Acadiennes et Acadiens de la province se concentrent dans deux régions, le Cap-Breton et la côte du sud de la province. Ils forment une proportion appréciable de la population à plusieurs endroits : ils sont majoritaires dans la municipalité de Clare et forment plus de 40 % de la population d’Argyle et de la portion nord d’Inverness. La région métropolitaine d’Halifax compte quant à elle plus de 10 000 francophones.
Saskatchewan : La communauté fransaskoise comptait, en 2006, 15 225 personnes ayant le français comme première langue officielle parlée. Les villages francophones se concentrent dans trois régions, la première le long des rivières Saskatchewan Nord et Sud (Batoche, Duck Lake, Saint-Isidore-de-Bellevue, Saint-Louis, Saskatoon, North Battleford et Prince Albert), la deuxième dans le sud-est (Bellegarde, Cantal, Alida, Forget, Montmartre) et la troisième au sud-ouest (Gravelbourg, Ponteix, Val-Marie, Saint-Victor et Willow Bunch). Récemment, les principaux centres urbains ont vu une forte proportion de la population quitter les villages francophones et venir grossir leurs rangs.
Île-du-Prince-Édouard : La communauté acadienne et francophone de l’Île-du-Prince-Édouard comptait, en 2006, 5 180 personnes ayant le français comme première langue officielle parlée. Les Acadiennes et Acadiens se concentrent principalement dans le comté de Prince, où ils comptent pour 8 % de la population, et plus précisément dans la région Évangéline où ils forment la majorité notamment à Wellington, Abram-Village et Mont-Carmel. On trouve d’autres concentrations à Summerside, Rustico et Tignish; la capitale, Charlottetown, compte une population francophone de 1 000 personnes.
Terre-Neuve-et-Labrador : La communauté franco-terre-neuvienne-et-labradorienne comptait, en 2006, 2 030 personnes ayant le français comme première langue officielle parlée. Les francophones de Terre-Neuve-et-Labrador se concentrent dans trois noyaux principaux : la péninsule de Port-au-Port, St-Jean et sa grande région métropolitaine, ainsi que le Labrador. Dans les communautés de Cap Saint-Georges, La Grand’Terre et l’Anse-à-Canards, les francophones comptent pour presque 12 % de la population.
Yukon : La communauté franco-yukonnaise comptait, en 2006, 1 245 personnes ayant le français comme première langue officielle parlée. Si l’on retrouve des francophones un peu partout sur le territoire, la grande majorité d’entre eux, soit 82 %, habitent à Whitehorse, la capitale, et ses environs. La francophonie yukonnaise constitue 4 % de la population du territoire et ses nombres continuent de croître en proportion, signe d’un tournant prometteur pour l’avenir.
Territoires du Nord Ouest : La communauté franco-ténoise comptait, en 2006, 1 060 personnes ayant le français comme première langue officielle parlée. Les Franco-Ténoises et Franco-Ténois se concentrent surtout dans la zone urbaine de Yellowknife, où habitent plus de 770 d’entre eux. Les quatre communautés de Fort Smith, Inuvik, Hay River et Norman Wells regroupent quant à elles près de 200 francophones.
Nunavut : La communauté franco-nunavoise comptait, en 2006, 465 personnes ayant le français comme première langue officielle parlée. La grande majorité des Franco-Nunavoises et Franco-Nunavois, soit 310 d’entre eux, habitent dans la capitale, Iqaluit. Les francophones représentent 1,6 % de la population du territoire.

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