Fin du monde aztèque (par Bernard Werber)
Selon la mythologie aztèque, le monde connaîtra quatre phases de destruction.
La première phase touche le premier monde régi par le dieux Tezcatlipoca (qu’on peut traduire par le Miroir fumant). C’est un dieu dur, appelé aussi Titlacauan (qui signifie en langue nahuatl: Nous sommes ses esclaves. Le dieu Tezcatlipoca était représenté avec un corps noir, excepté des rayures jaunes sur son visage évoquant son animal fétiche: le jaguar. Sa statue devait demeurer cachée et seuls les prêtres pouvaient la contempler. Une fois par an, on lui offrait des sacrifices humains, de dizaines de jeunes hommes auxquels s’ajoutaient quatre jeunes filles censées lui servir de femmes.
Pour les Aztèques, à l’époque du premier monde, la Terre était peuplée de géants. Mais le dieu Quetzalcoatl (ce qui signifie le dieu Serpent à plumes qui était lui-même un géant de la famille du dieu Texcatlipoca, après avoir été son ami, se fâcha avec lui. Les deux dieux géants se combattirent et finalement Quetzalcoatl parvint à le vaincre et à le jeter dans l’océan.
Ce fut à cette époque que tous les autres dieux géants qui vivaient sur une île périrent lorsqu’une grande vague engloutit leur royaume. Le déluge sur l’île des dieux géants était la première phase de destruction du monde.
Puis vint la deuxième époque.
Le dieu Tezcatlipoca ne fut pas noyé et, à force de nager, il réussit à rejoindre la plage. Il voulait se venger. Il retrouva son rival Quetzalcoatl et à nouveau tous deux s’affrontèrent. Cette fois, Tezcatlipoca fut plus rapide et terrassa Quetzalcoatl d’un grand coup de pied dans le ventre. Profitant que son adversaire était complètement sonné, le dieu à peu de jaguar fit souffler une terrible tempête qui transforma les hommes en petits singes.
Ce fut la deuxième phase de destruction.
La troisième époque fut celle du règne du dieu géant Tlaloc (appelé aussi Tlalocantecuhtli – celui qui fait ruisseler les choses, – en langue nahuatl). Il est représenté avec de longs crocs et des grands yeux ronds entourés de crocodiles. C’était le dieu des pluies. À nouveau Quetzalcoatl (qui entre-temps s’était remis de son combat contre Tezcatlipoca) le combattit. Le dieu serpent à plumes arriva à bout du dieu crocodile et il le consuma sous une pluie de feu. Suite à cette victoire, il transforma en dindons tous les hommes-singes qui vénéraient ce dieu crocodile.
Ce fut la troisième phase de destruction.
La quatrième époque est régie par la femme de Tlaloc, la déesse Chalchiuhtlicue (ce qui signifie Celle qui porte une jupe de jade). C’est la déesse des ouragans et des vents. Là encore, Quetzalcoatl la combattit en duel singulier, ce qui entraîna une tempête venue du ciel qui rase les montagnes, précipite les nuages sur la terre et change tous les êtres humains déjà transformés en singes et en dindons en simples poissons.
Telles sont, selon les Aztèques, les quatre époques et les quatre destructions qu’a connues l’humanité et qu’elle risque de connaître à nouveau.
Extrait du : Edmond Wells, Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, Tome VII. Bernard Werber, Troisième Humanité. Éditions Albin Michel et Bernard Werber, Paris, 2012.